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Les cibles de réduction des gaz à effet de serre du NPD sont-elles réalistes? L'épreuve des faits

Les cibles de réduction des gaz à effet de serre du NPD sont-elles réalistes?
FILE - In this Jan. 7 2015 file photo, smoke emits from a factory chimneys near O'Hare airport in Chicago. The Institute for Supply Management releases its manufacturing index for March on Wednesday, April 1, 2015. (AP Photo/Nam Y. Huh, File)
ASSOCIATED PRESS
FILE - In this Jan. 7 2015 file photo, smoke emits from a factory chimneys near O'Hare airport in Chicago. The Institute for Supply Management releases its manufacturing index for March on Wednesday, April 1, 2015. (AP Photo/Nam Y. Huh, File)

Le chef néo-démocrate, Thomas Mulcair, veut réduire les émissions de gaz à effet de serre à 34 % sous le niveau de 1990 d'ici 15 ans. Est-ce réaliste?

Un texte de Denis-Martin Chabot

« Nous allons réduire de 80 % nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050 par rapport au niveau de 1990 et de 34 % pour la période 2025-2030. » — Thomas Mulcair, chef, NPD

Vérification faite : ce sera compliqué.

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Le plan néo-démocrate représente une baisse de 322 mégatonnes de GES d'ici 15 ans.

L'Ontario et le Québec ont déjà prévu des baisses de 86 mégatonnes pour cette période. Baisses dont le NPD tient compte dans ses calculs.

Ces deux provinces ont déjà contribué à la réduction des GES au cours des 10 dernières années. L'Ontario a fermé ses centrales thermiques, réduisant ainsi de 20 % ses émissions par rapport à 2005. Le Québec, avec entre autres sa bourse du carbone, a réduit les siennes de 12 %.

Pendant ce temps, les émissions de GES en Alberta ont augmenté de 14 % depuis 2005, notamment en raison de l'exploitation de ses sables bitumineux. La nouvelle première ministre de l'Alberta, Rachel Notley, annoncera ses cibles de réduction d'ici décembre, et on sait qu'elle envisage de fermer les centrales thermiques de la province, ce qui réduirait les émissions albertaines d'environ 40 mégatonnes.

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Il faudra faire plus si M. Mulcair veut atteindre ses objectifs. Le chef du NPD pense y arriver grâce à une bourse du carbone.

Certaines provinces en seraient soustraites : le Québec, qui en a déjà une, l'Ontario, qui entend la joindre, et la Colombie-Britannique, qui taxe déjà le carbone.

Des objectifs « très ambitieux »

Le professeur titulaire à la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineault, juge ces objectifs difficiles à atteindre.

« Même pour le Québec et l'Ontario, [ce sera difficile] étant donné que leur secteur électrique est déjà sans émission ou presque, et que leurs secteurs du bâtiment et du transport sont moins émetteurs qu'ailleurs au Canada. Il y a donc moins de gains à réaliser ici que dans l'Ouest », dit-il.

Dans l'Ouest, il s'attend à ce que les émissions augmentent si la production d'hydrocarbure continue de croître, avec le pétrole des sables bitumineux, mais aussi le gaz de schiste en Colombie-Britannique. C'est sans compter une résistance aux cibles ambitieuses dans cette région du Canada, qui serait plus pénalisée par un prix sur le carbone.

« Comment le NPD pourrait-il réaliser les cibles dans l'Ouest sans volonté de ces provinces? C'est un mystère, effectivement. S'il décide unilatéralement d'un système, on pourrait imaginer une crise politique importante. »

— Pierre-Olivier Pineault, professeur titulaire, Chaire de gestion du secteur de l'énergie, HEC Montréal

En comparaison, d'autres cibles de réduction des GES

  • Parti conservateur : 30 % sous le niveau de 2005 d'ici 2030
  • Parti libéral : aucun objectif chiffré
  • Parti vert du Canada : 80 % sous le niveau de 1990 d'ici 2050
  • Québec : 20 % sous le niveau de 1990 d'ici 2020 et de 80 % à 95 % d'ici 2050
  • Ontario : 37 % sous le niveau de 1990 d'ici 2030
  • États-Unis : 32 % sous le niveau de 2005 d'ici 2030 pour le secteur de la production d'électricité
  • Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) : de 25 % à 40 % sous les niveaux de 1990 d'ici 2020

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