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L'arnaque aux chiots... du Québec au Cameroun (VIDÉOS)

L'arnaque aux chiots... du Québec au Cameroun (VIDÉOS)
Radio-Canada

Une Québécoise qui avait acheté un chien sur Internet n'a jamais revu la couleur de son argent. Nous avons remonté la filière jusqu'en Afrique de l'Ouest.

Un texte de François Dallaire

L'annonce était trop belle : un mini-poméranien tout blanc, comme celui de Paris Hilton, à vendre pour seulement 300 $! Josette Soucy-Côté aurait dû se méfier. Mais elle voulait mettre un terme au deuil de son chien précédent, décédé quelques mois plus tôt. La résidente de Saint-Jérôme a donc répondu à l'annonce d'une certaine Maria Marietta, de la région de Montréal. Elle est tombée sur un arnaqueur.

« Ces gens-là, ils ne savent pas le tort que ça peut faire. Pour nous, c'est un petit être. Pour eux, c'est comme s'ils m'avaient vendu une paire de souliers. C'est pareil. Ils n'ont pas d'émotions. »

— Josette Soucy-Côté

Finalement, Maria Marietta n'habitait pas Montréal, mais Saskatoon. Impossible pour Josette Soucy-Côté d'aller voir le chiot. Elle a donc dû se contenter de photos et de courtes vidéos.

Pour avoir le chiot, elle a payé 420 $, incluant le transport. Elle a envoyé cette somme par Moneygram au « responsable du transport par avion ». Mais elle n'a jamais reçu le chien. La compagnie de transport n'existe pas, tout comme Maria Marietta.

Son fraudeur a toutefois laissé une trace... que nous avons suivie.

« Quand quelqu'un envoie un courriel, ou va sur un site web, il laisse automatiquement une trace avec son adresse Internet. Et avec cette adresse Internet, on peut récupérer la provenance, le pays et même la ville, en règle générale. »

— Cyril Paciullo, créateur de logiciels

Les Canadiens ont perdu l'an dernier 75 millions de dollars en escroqueries de toutes sortes.

D'un ordinateur au Cameroun

La fraude dont Josette Soucy-Côté a été victime émane de la métropole du Cameroun, Douala. Mais où se cache son fraudeur? L'adresse IP de l'arnaqueur nous conduit chez son fournisseur Internet. Le fournisseur accepte d'effectuer une recherche pour trouver l'adresse civique du fraudeur. Mais les résultats ne sont pas garantis, car la majorité des adresses ne mènent pas à un individu en particulier.

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« L'anonymat est un élément sacré, un élément fondamental dans la commission des actes de cybercriminels », explique Emile Gyslin N'Tangh Bay, commissaire responsable de la lutte à la cybercriminalité au Cameroun.

« À partir du moment où tous les abonnés ne peuvent pas être systématiquement identifiés, il y a problème. Puisqu'à partir de son terminal, on peut poser des actes de n'importe quel endroit sans qu'on puisse l'identifier. »

Le témoignage d'un ex-fraudeur

Nous avons rencontré Cyrille Momo, un ex-fraudeur spécialisé dans l'arnaque aux chiots. Il n'a jamais été importuné par la police durant les cinq ans où il a fait des victimes sur trois continents.

Il explique qu'il ne travaillait pas dans un cybercafé. Ses comparses et lui avaient plutôt loué un appartement.

« On est cinq, chacun avec sa petite machine. On se lève le matin, on est là rien que pour ça, jusque dans la soirée. Après on part se divertir, et on revient pour vérifier nos boîtes courriels pour voir si les clients sont là. C'était comme ça que ça se passait. »

— Cyrille Momo

Cyrille Momo a gardé dans son ordinateur des photos de chiots qui lui ont servi à appâter ses victimes. On y retrouve des mini-poméraniens, comme celui dont rêvait Josette Soucy-Coté. Il a repiqué ces photos sur différents sites Internet.

« Je me faisais passer pour un Blanc, jamais pour un Noir. Je disais que j'avais un chien à donner en adoption. Il fallait juste payer pour le transport. »

Pour faire croire qu'une vraie compagnie de transport s'occupait d'acheminer le chiot, Cyrille Momo avait aussi un contrat de transport d'une fausse compagnie.

À la recherche d'une bonne victime

Josette Soucy-Côté n'a payé que le montant exigé, soit 420 $. « Ces clients, ce sont des sages. Pour nous, c'est un échec. On dit de ces gens-là que le bon Dieu a parlé pour eux », explique l'ex-fraudeur.

Ce que Cyrille Momo recherche, c'est une bonne victime. « Si la personne paie pour le transport, on lui dit ensuite qu'il a fallu donner des vaccins. Il faut qu'elle paie le vétérinaire. Si elle paie, on lui dit ensuite qu'il faut payer pour la cage. Si elle paie la cage, on lui dit ensuite que le chien a été arrêté à la douane. Il faut qu'elle paie pour la douane. »

Une bonne victime peut rapporter jusqu'à 5500 $. Une somme énorme au Cameroun, où le salaire moyen est de 98 $ par mois.

Cyrille Momo regrette aujourd'hui le tort qu'il a fait à ses centaines de victimes. Quant à Josette Soucy-Côté, elle a eu sa leçon. Elle a acheté son chien en personne. Et non sur le web.

Le reportage de François Dallaire est diffusé le 29 septembre à La facture sur ICI Radio-Canada Télé.

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