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Controverse du niqab: Jean Chrétien croit que c'est aux tribunaux de trancher

Controverse du niqab: Chrétien croit que c'est aux tribunaux de trancher
CP

OTTAWA _ L'ancien premier ministre libéral Jean Chrétien a déclaré, samedi, que les Canadiens devraient laisser aux tribunaux le soin de décider si les musulmanes ont le droit de se couvrir le visage en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.

Une fois que le verdict aura été rendu, a-t-il poursuivi, la population devra l'accepter et passer à autre chose, comme elle l'a fait par le passé concernant d'autres dossiers délicats sur lesquels les tribunaux ont dû trancher, dont le mariage gai et le droit des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de confession sikh de porter le turban.

M. Chrétien, qui était ministre de la Justice lorsque la Charte a été adoptée en 1982, s'est aventuré sur le terrain miné de la controverse du niqab, samedi, après s'être adressé à des militants lors d'un barbecue organisé par la candidate libérale dans Ottawa Centre, Catherine McKenna.

Il a semblé vouloir calmer le jeu sur ce sujet sensible, qui a poussé les leaders politiques à se lancer dans un débat enflammé en cette deuxième partie de campagne électorale.

"Lorsqu'on vit dans un État de droit, il faut respecter la loi, a affirmé Jean Chrétien. Ce n'est pas une question d'être à l'aise ou non avec le fait que des femmes se couvrent le visage. Cela ne change absolument rien. C'est une question de droits et ce sera à la cour de décider."

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a porté devant la Cour suprême la décision d'un tribunal inférieur d'invalider une directive ministérielle interdisant aux musulmanes de porter un niqab lorsqu'elles prêtent le serment de citoyenneté.

M. Harper et le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ont décrit le niqab comme étant un symbole de l'oppression des femmes qui va à l'encontre du principe de l'égalité des sexes auquel les Canadiens adhèrent.

Le leader libéral, Justin Trudeau, et son homologue néo-démocrate, Thomas Mulcair, ont admis que la vue d'une musulmane vêtue d'un niqab pouvait être troublante pour bien des Canadiens. Ils ont toutefois fait valoir que c'était une question de liberté religieuse et que ce n'était pas le rôle de l'État de décider quels vêtements les femmes pouvaient porter.

M. Chrétien a souligné que bien des Canadiens s'étaient déjà vivement opposés au droit des policiers de la GRC de travailler avec un turban ou des couples gais de se marier. Mais dès que le plus haut tribunal du pays s'est rangé du côté des sikhs et des homosexuels, les Canadiens se sont rapidement ajustés à cette nouvelle réalité.

"Après quelques mois ou quelques années, plus personne n'en a parlé, a-t-il indiqué au sujet du turban. Parfois, les tribunaux nous forcent à accepter des choses. C'est arrivé très souvent qu'ils rendent des décisions avec lesquelles je n'étais pas à l'aise. Mais ils avaient interprété les lois et un leader raisonnable, un leader respectable, respecte l'État de droit et accepte les jugements des tribunaux."

Par ailleurs, l'ex-premier ministre, qui s'est joint à la campagne de M. Trudeau il y a deux semaines, a de nouveau critiqué M. Mulcair, samedi, en ce qui a trait à sa conviction qu'une simple majorité de 50 pour cent plus un serait suffisante pour amorcer des négociations sur la séparation du Québec. Il a accusé le chef néo-démocrate de vouloir flatter les souverainistes afin de gagner leur vote.

"Moi, je n'ai pas essayé d'obtenir leur vote. J'ai essayé de les vaincre", a-t-il martelé, au plus grand plaisir des partisans participant à l'événement de Mme McKenna.

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