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Le débat des chefs en français: qui dit vrai?

Le débat des chefs en français : qui dit vrai? L'épreuve des faits

Dans ce premier débat en français de la campagne, les chefs des principaux partis y sont allés de nombreuses déclarations. Nous avons vérifié la véracité de plusieurs d'entre elles.

Un texte de Denis-Martin Chabot

La santé

D'entrée de jeu, les chefs se sont affrontés sur un sujet peu abordé depuis le début de la campagne électorale : le système de santé.

« Au départ, le fédéral payait 50 % en paiements de transfert pour la santé. C'est rendu à 22 %, on s'en va à 18 %. » — Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois

Gilles Duceppe a-t-il raison?

Vérification faite : oui.

Lors de la mise en place du Programme universel de santé, en 1966, le fédéral et les provinces se partageaient les dépenses moitié-moitié.

Au fil des ans, la part d'Ottawa a diminué. Le directeur parlementaire du budget estime que la part du fédéral passera de 20 % en 2013 à 18 % d'ici une décennie.

« Pour la santé, les transferts ont augmenté de 20 milliards de dollars à 34 milliards de dollars cette année. Ça va continuer à augmenter à la fin de la décennie. » — Stephen Harper, chef du Parti conservateur du Canada

Les transferts augmenteront, oui, mais à un rythme moins élevé à compter de 2017. L'augmentation était de 6 %, elle passera à un seuil minimum de 3 %, nettement sous le rythme de croissance des dépenses en santé de la plupart des provinces.

L'économie

Dans un échange sur l'économie, Stephen Harper accuse Thomas Mulcair et Justin Trudeau de vouloir imposer une très forte hausse des cotisations au Régime de pensions du Canada, ainsi qu'à l'assurance-emploi.

« Les propositions de M. Mulcair sont des augmentations 10 fois plus grandes que ça. » — Stephen Harper, chef du Parti conservateur du Canada

Le chef conservateur a-t-il raison d'affirmer que ses adversaires veulent augmenter les charges sociales des entreprises d'un montant dix fois plus important que les baisses d'impôt qu'ils promettent aux PME? On parle ici d'un montant de 12 milliards de dollars.

Vérification faite : pas vraiment.

D'abord, ni les libéraux ni les néo-démocrates ne proposent de hausse des cotisations d'assurance-emploi. Les libéraux proposent même une réduction, moins importante cependant que les conservateurs. Le NPD propose de son côté un gel des cotisations.

Il est vrai que les deux partis se disent ouverts à améliorer le Régime de pensions et convoqueraient les provinces dans les mois suivant leur élection, notamment l'Ontario, qui entend créer son propre régime de pensions en 2017. Le Parti conservateur évalue à 9 milliards pour l'ensemble du Canada le coût estimé du nouveau régime ontarien.

La clarté référendaire

Sur un possible prochain référendum sur la souveraineté du Québec, les chefs ont eu cet échange :

« La Cour suprême du Canada a dit unanimement qu'un seul vote, ça ne serait pas assez. » — Justin Trudeau, chef du Parti libéral du Canada

« C'est faux. La Cour suprême dit qu'il faut être clair au niveau qualitatif. La question, par exemple. » — Thomas Mulcair, chef du Nouveau Parti démocratique

Dans cet échange, qui dit vrai?

Vérification faite : c'est le chef du NPD.

La Cour suprême n'a jamais spécifié de chiffre précis requis pour que le Québec se sépare, mais dans son jugement unanime rendu en 1998, elle insiste plutôt sur une question claire et un résultat clair.

La caisse d'assurance-emploi

« Les libéraux et les conservateurs ont pigé à hauteur de 57 milliards dans la caisse d'assurance-emploi. » — Thomas Mulcair, chef du Nouveau Parti démocratique

A-t-il raison?

Vérification faite : oui.

En 2014, la Cour suprême du Canada déboutait des syndicats dans le dossier de l'abolition d'un compte distinct pour l'assurance-emploi. Les syndicats s'opposaient à ce que les surplus accumulés de 1996 à 2008 soient transférés dans les fonds consolidés du gouvernement fédéral.

Les deux parties s'entendaient sur le montant dont il était question, soit 57 milliards de dollars. Cette somme a donc été utilisée pour financer les budgets des gouvernements tant libéraux que conservateurs.

Le Sénat

« C'est étonnant d'entendre le même Gilles Duceppe qui a voté cinq fois à la Chambre des communes pour l'abolition [du Sénat]. Dire cela aujourd'hui, c'est vraiment difficile. » — Thomas Mulcair, chef du Nouveau Parti démocratique.

Vérification faite : c'est inexact.

Dans un échange de courriels, le NPD a identifié cinq votes entre 2006 et 2013.

D'abord, Gilles Duceppe n'était plus député à la Chambre des communes dans trois de ces votes. Toutefois, les députés du Bloc se sont prononcés en faveur soit de l'abolition du Sénat ou de restreindre, voire de couper, le financement de la Chambre haute.

En 2006 et 2008, Gilles Duceppe a voté deux fois contre les crédits budgétaires du Sénat.

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