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La Mecque : la sécurité, point sensible du pèlerinage depuis 25 ans

La sécurité, point sensible à La Mecque depuis 25 ans

Le pèlerinage annuel (ou hajj) à La Mecque a été endeuillé jeudi 24 septembre, après la mort de 717 personnes de différentes nationalités dans une bousculade. Le drame s'est produit à Mina – tout près de La Mecque –, en marge du rituel de la lapidation des stèles de Satan.

Cette gigantesque bousculade survient neuf ans après un précédent meurtrier, dans la même zone du pèlerinage. Le 6 janvier 2006, 364 pèlerins étaient morts dans une bousculade pendant le rituel de la lapidation.

D'autres bousculades mortelles avaient déjà été recensées autour de ces stèles, notamment en 1994 (270 morts), 1998 (118 morts) et 2004 (251 morts). Et en 1990, ce sont 1426 pèlerins qui furent morts asphyxiés à la suite d'une panne du système de ventilation d'un tunnel, toujours à Mina.

Depuis 25 ans et ces drames successifs, la sécurité est l'un des points sensibles dans l'organisation du hajj, qui attire toujours plus de fidèles.

Les pèlerins à Mina en 2006

Les pèlerins à Mina en 2015

Pourtant, depuis le dernier drame connu de 2006, l'Arabie saoudite avait adopté plusieurs mesures pour améliorer la gestion de la foule, rappelle Le Figaro. Des ponts à plusieurs niveaux avaient notamment été installés tandis que la présence policière avait été renforcée.

Cette année, l'Arabie saoudite avait ainsi mobilisé 100 000 policiers. Les autorités avaient affirmé avoir pris toutes les précautions contre les risques d'attaques, d'autant plus que l'État islamique avait revendiqué deux attentats sanglants contre des mosquées chiites dans l'est du royaume.

Les autorités avaient également mobilisé des armées de médecins et d'infirmiers pour faire face au risque d'une épidémie du coronavirus MERS, dont l'Arabie saoudite est le premier foyer au monde.

Bousculade mortelle à Mina

L'effondrement polémique d'une grue

Deux semaines avant le début du pèlerinage 2015, un drame d'un autre genre était venu ternir le tableau: le 11 septembre, une grue avait chuté sur le chantier d'agrandissement de la Grande mosquée de La Mecque, entraînant la mort de 109 personnes tandis que 400 autres furent blessées. Des vents violents soufflaient au moment de l'effondrement.

Depuis des décennies, la Grande mosquée est en chantier, chaque monarque saoudien cherchant à laisser son empreinte sur le saint des saints de l'islam avec des travaux d'extension toujours plus gigantesques, et la présence permanente de dizaines de grues sur le site:

Selon Irfan al-Alawi, co-créateur de la Fondation pour la recherche du patrimoine islamique basée à la Mecque, "les autorités ont fait preuve de négligence face au danger représenté par ces grues". "(Les autorités) ne se préoccupent pas du patrimoine et se moquent de la santé et de la sécurité", ajoute-t-il.

De son côté, après l'effondrement de la grue le 11 septembre, un ingénieur du groupe qui mène le projet d'agrandissement avait rejeté les accusations de négligence. La grue avait été installée "de manière professionnelle" il y a "trois ou quatre ans", avait-il déclaré sous couvert d'anonymat, estimant que le drame relevait de la "volonté de Dieu".

Un chantier actuel de 400 000 m◊

Lancé il y a quatre ans par le défunt roi Abdallah, le chantier actuel va agrandir de 400 000 m◊ la superficie de la Grande mosquée, l'équivalent de 50 terrains de football. Avec l'ambition d'y accueillir au même moment jusqu'à 2,2 millions de fidèles.

Si les autorités présentent ces chantiers comme une nécessité devant l'accroissement continuel du nombre de pèlerins, certains critiquent la transformation de ce lieu saint en véritable "Manhattan".

La pièce maîtresse du développement effréné de La Mecque est l'horloge géante qui domine la Grande mosquée. D'un diamètre de 46 mètres chacun, ses quatre cadrans de l'horloge composés de matériaux de haute technologie et lacérés d'or dominent de plus de 400 mètres le complexe religieux.

La tour qui la supporte mesure 601 mètres, ce qui en fait le troisième bâtiment le plus haut du monde. Elle est flanquée d'un complexe de six tours, comprenant un hôtel de luxe et un énorme centre commercial:

En 2017, c'est tout simplement le plus grand hôtel du monde qui ouvrira sur place, l'Abraj Kudai, avec ses 10 000 chambres, 70 restaurants, cinq étages réservés à la famille royale saoudienne, quatre héliports, un centre commercial, des salles de conférence ainsi qu'une immense salle de bal. Le tout, pour la somme de 3,2 milliards d'euros.

Par ailleurs, les fidèles sont bombardés de slogans publicitaires et les lumières de la tour troublent leur quiétude, estime Irfan al-Alawi. La Mecque "perd de sa spiritualité", assène-t-il. "Ce genre d'ambiance n'existe pas autour du Vatican. Alors pourquoi le fait-on ici?".

Mais Charif al-Harthi, de la Chambre de commerce de la Mecque, défend la tour de l'horloge, y voyant "un point de repère pour la Mecque et pour l'ensemble du royaume". Un autre responsable de la ville, Fahd al-Harbi, estime que l'objectif de la transformation de la Mecque, dont les nouveaux réseaux de transport, est de "faciliter le séjour des visiteurs".

Pour Abdallah Hasan, un Soudanais revenu à la Mecque après une absence de dix ans, les transformations de la ville sont positives en permettant aux pèlerins d'effectuer leurs rites "dans le confort".

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Pèlerinage à La Mecque

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