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Élections fédérales 2015: Sans Christian Paradis, Mégantic-L'Érable changera-t-elle de couleur?

Sans Paradis, Mégantic-L'Érable changera-t-elle de couleur?
A man casting his vote. The Canadian flag is in front of the ballot box
Sadeugra via Getty Images
A man casting his vote. The Canadian flag is in front of the ballot box

Depuis 2006, Christian Paradis dominait outrageusement la compétition dans Mégantic-L'Érable. À chaque scrutin, il a récolté près de 50 % des voix, et même au plus fort de la tragédie de Lac-Mégantic, en juillet 2013, il était personnellement épargné par les opposants du gouvernement fédéral qui en prenait alors pour son rhume.

Son retrait de la vie politique pourrait-il coûter aux conservateurs l'une des cinq seules circonscriptions qui avaient survécu à la vague orange de mai 2011? Nombreux sont les citoyens qui tiennent des propos qui portent à le croire. « On votait pour Christian Paradis, pas pour le parti. Alors son départ pourrait faire tourner le vent », lance une jeune femme attablée dans un café de Lac-Mégantic. Autour de la table, cinq femmes plus âgées qui l'accompagnent hochent la tête en signe d'approbation.

Le son de cloche est le même à environ 90 km de là, du côté de Thetford Mines, où se trouve la masse critique des électeurs de cette vaste circonscription du Centre-du-Québec.

Dans le stationnement d'un centre commercial de la municipalité d'environ 26 000 habitants, un homme d'affaires, qui a refusé d'être identifié, accuse le candidat qui veut prendre le relais pour les conservateurs d'« opportunisme politique ». « Il a été teint en rouge pendant 20 ans, et là, il voit Paradis partir et il devient bleu? Franchement! », s'exclame l'homme dans la cinquantaine en faisant référence au passé politique du candidat en question, Luc Berthold, qui a occupé plusieurs fonctions au Parti libéral du Québec (PLQ) au cours de sa carrière.

Celui qui a aussi été maire de Thetford Mines entre 2006 et 2013 a décliné les multiples demandes d'entrevue de La Presse Canadienne. Pas question non plus de laisser un média accompagner l'ex-maire de Thetford Mines à une activité publique ou en porte-à-porte. Les citoyens n'aiment pas ça, a-t-on justifié.

Son rival néo-démocrate, Jean-François Delisle, a pour sa part accepté de se prêter à l'exercice. Dans le nouveau centre-ville de Lac-Mégantic, il reçoit un accueil assez positif. Plusieurs l'assurent en souriant qu'ils voteront orange. De poignée de main en poignée de main, M. Delisle ne manque jamais de faire valoir qu'il est le seul candidat dont le parti s'engage formellement à financer la voie de contournement ferroviaire qu'a réclamée sur toutes les tribunes la mairesse de la petite municipalité de 6000 âmes, Colette Roy Laroche.

« Thomas Mulcair a pris un engagement clair de s'assurer que la voie de contournement se ferait selon la volonté de la population et des élus. Je ne me serais jamais engagé avec le NPD sans ça », soutient le conseiller municipal de Thetford Mines, qui a pris un congé sans solde de ses fonctions pour la campagne.

« Ce sont des paroles en l'air ou ça va se faire? », lui demande sans détour Yvan Dostie, un résident âgé de 67 ans, d'allégeance indépendantiste, qui a voté NPD en 2011 et semblait dire qu'il ferait le même choix pour le scrutin du 19 octobre.

Citoyens sceptiques

Il n'a pas été le seul à remettre en doute la parole de celui qui cherche à se faire élire. À l'évidence, les citoyens de Lac-Mégantic sont sceptiques. Car des promesses, ils en ont entendu des tonnes depuis la tragédie ferroviaire survenue en juillet 2013, qui a fauché la vie de 47 personnes, éventré le centre historique de leur municipalité et englué leur sol de pétrole brut.

Mais il n'y a pas que l'enjeu de la voie de contournement qui préoccupe les Méganticois. L'économie locale est confrontée à une pénurie de main-d'oeuvre et elle est loin de fonctionner à plein régime, relève Pascal Hallé, président de la Chambre de commerce de la région de Mégantic.

Le gouvernement fédéral pourrait contribuer à la relance: « Dans le redéveloppement de l'ancien centre-ville, ça prendrait un pôle institutionnel. Moi, ce que je souhaiterais, c'est que le fédéral s'implique en installant, par exemple, une succursale du Bureau de la sécurité des transports », suggère-t-il derrière le comptoir du bar de son commerce.

Le salon de billard de Pascal Hallé semble être un incontournable pour les candidats qui se font la lutte dans Mégantic-L'Érable. Quelques jours avant le passage de La Presse Canadienne, Luc Berthold et le ministre sortant Steven Blaney débarquaient ici pour disputer une partie amicale (que M. Hallé a remportée).

Un autre candidat, le libéral David Berthiaume, a aussi visité l'établissement de la Promenade Papineau. Au téléphone, l'entrepreneur dans le domaine de la chimie verte se montre très optimiste pour le représentant d'un parti qui avait obtenu un score famélique - 5,8 % des voix - aux dernières élections de 2011.

Trouble-fête?

Lorsqu'on lui demande s'il pourrait jouer les trouble-fête en divisant le vote le soir du 19 octobre, M. Berthiaume promet de faire plus que cela : ce soir-là, il causera une « surprise » dans Mégantic-L'Érable. « Le Parti conservateur, selon moi, ne remportera pas cette élection. Les gens reconsidèrent tout parce que Christian Paradis n'est plus là [...] Il y a beaucoup de ce que j'appellerais des conservateurs rouges ici, des libéraux qui ont voté pour le Parti conservateur. Et je pense qu'ils vont revenir au bercail », prédit-il.

David Berthiaume peste contre son adversaire du NPD et son engagement « totalement prématuré » et « totalement irresponsable » de financer la voie de contournement à Lac-Mégantic alors que la viabilité et le coût du projet font actuellement l'objet d'une étude de faisabilité payée en partie par Ottawa. « Moi, je pense que ce sont des promesses qui sont vaines, et je pense que les gens ne sont pas dupes », lâche-t-il à l'autre bout du fil.

Ni M. Berthiaume ni M. Delisle ne semblent penser que leur jeune rivale bloquiste, Virginie Provost, constitue une menace. Il a été impossible d'en discuter avec la principale intéressée, qui n'était pas disponible pour accorder des entrevues. Au Bloc québécois, on plaide que la jeune femme est débordée puisqu'elle fait campagne en plus de suivre ses études à temps plein et d'occuper un emploi.

Éric Girard (Lac-Saint-Louis, PCC)

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