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Pop Montréal : Lee Ranaldo et Eleni Mandell en version acoustique

Lee Ranaldo et Eleni Mandell en version acoustique

Le chanteur, musicien et compositeur Lee Ranaldo, fondateur du mythique groupe rock américain The Sonic Youth, a livré un spectacle intimiste à l’édifice Ubisoft, samedi, dans le cadre du festival Pop Montréal. La chanteuse Eleni Mandell assurait la première partie de ce programme double version acoustique. Du bon et du moins bon.

En raison de la pluie, il faut mentionner que les deux performances n’ont pu être données tel que prévu sur le fameux toit de l’édifice Ubisoft, situé entre le boulevard Saint-Laurent et la rue Saint-Dominique. Petit bémol, certes, mais rien pour gâcher la soirée. La petite salle (de quelques centaines de places, maximum) au look industriel a fait l’affaire, si ce n’avait été des caisses de son, côté jardin, qui manquaient de souffle de manière intermittente.

Le guitariste

Ranaldo est un guitariste très respecté. À vrai dire, il a été classé dans le top 50 des meilleurs guitaristes de tous les temps par le Rolling Stone. Rien de moins. Au fil du temps, le gars a prouvé qu’il pouvait à peu près tout faire avec sa guitare. Pour ce qui est de son autre instrument, la voix, il est résolument moins gâté. Ce n’est pas la catastrophe, mais force a été de constater, lors de son spectacle à guichet fermé samedi, que le chant, tout comme l’écriture, n’est pas son plus grand atout.

Cela dit, Ranaldo et son comparse espagnol, le guitariste et réalisateur Raül Fernandez Refree, n’ont pas offert une mauvaise prestation. Ces petits dieux de la guitare, extrêmement doués de leurs doigts, ont joué une dizaine de morceaux folk issus des différents albums produits au cours de la carrière solo de Ranaldo, qui a commencé à la moitié des années 1980.

L’essentiel

C’est à la suite d’une rencontre impromptue entre les deux musiciens à Barcelone que Lee Ranaldo a décidé de produire un album acoustique, qui a eu pour résultat d’influencer sa tournée actuelle. Sur scène, configuration minimale : deux bancs, deux micros (dont l’un ne servira pas beaucoup), deux hommes, des guitares acoustiques (au son amplifié), quelques fils et des pédales.

Lee Ranaldo a ouvert le bal avec une composition en jachère : « All the way back to the end », a-t-il chanté avant d’expliquer que cette pièce ferait partie du prochain album. Avec une attitude humble et décontractée, Ranaldo a d’ailleurs échangé pas mal avec l’audience, racontant toutes sortes d’expériences qui ont marqué ses quelque 59 années sur Terre. C’est à Angles, de l’encodé Between the Times and the Tides (2012), que l’homme s’est véritablement dégourdi en envoyant des riffs de guitare fort appréciables.

Après, on est passé aux conséquences apocalyptiques du cyclone Sandy à New York avec Last Night on Earth. La voix n’était pas top, mais le guitariste, lui, était superbe. Pendant qu’il s’amusait à exécuter certains accords avec le pouce, le finger-picking était hallucinant.

Après Home Chds (la voix est plus juste ici) et l’énergique Off the Wall, Ranaldo a sorti un archet pour caresser et tapoter son instrument créant ainsi une panoplie de sonorités diverses en introduction de la pièce Key/Hole, qui a été l’un des moments forts de la soirée. Les deux musiciens ont donné toute une leçon de guitare à la suite de ce sympathique artifice… Pendant que Ranaldo se déchaînait sur son instrument, celui de son acolyte irradiait des vrombissements de grosses cordes. Quel jeu !

À l’instar de ce qu’il a proposé durant les 75 minutes de spectacle, Ranaldo a démontré ici son aisance à marier expérimentation et mélodie… On en aurait même pris davantage.

Les morceaux The Rising Tide (au sujet d’un bateau abandonné dans la cour de la maison d’un ami qui a marqué l’adolescence de Ranaldo) et Lecce, Leaving ont été proposée avant la pièce Ambulancer, composition inspirée d’un ami britannique qui s’est enlevé la vie il y a plusieurs années. « Everyone hangs a light out in their head » a chanté l’homme visiblement toujours ému par le geste de son ancien pote.

Une performance mi-figue, mi-raisin.

Sweet Eleni

L’Américaine Eleni Mandell, qui a vécu un certain temps à Montréal, proposait quant à elle un univers chaleureux, seule à la guitare. Dans sa robe estivale jaune aux petites taches en fleur, elle a chanté l’amour et la séduction de très belle façon. Avec générosité et sans aucun artifice, la Californian girl a fouillé dans ses dix albums pour proposer une douzaine de morceaux livrés avec douceur, charme et assurance. Contrairement à Ranaldo, sa voix est l’une de ses forces. Si on ajoute à cela son petit côté rebelle - qu’elle a grandement dompté depuis le début de sa carrière, du moins pour ce spectacle en solo - on peut affirmer sans hésiter qu’elle a offert une prestation de qualité.

Certes, cette femme mature (mi-quarantaine) dégageait un bonheur assumé (sur plusieurs pièces comme I Believe In Spring, Artificial Fire et What Love Can Do) qui a certainement surpris (elle nous avait habitués à plus de délinquance) certains spectateurs… Mais jamais elle n’est tombée dans la mièvrerie. Même que çà et là, dans l’interprétation, dans l’attitude, on sentait son cœur gronder sur Afternoon, Salt Truck ou encore Meant To Be In Love. Dans l’ensemble une très belle performance.

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