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Cérémonies de citoyenneté : Warda Naili, qui porte le niqab, dénonce «l'acharnement» des conservateurs (ENTREVUE)

Une femme portant le niqab dénonce «l'acharnement» des conservateurs

Warda Naili, une Québécoise qui porte le niqab, pense que le Parti conservateur du Canada « s’acharne » sur un groupe de femmes déjà « très marginalisé » pour se faire du capital politique.

« Avec tous les problèmes qu’on a présentement, je pense qu’on a des dossiers plus urgents que de légiférer sur un groupe de 200 à 400 femmes », précise-t-elle.

La jeune femme ne voit aucun problème à lever le voile qui couvre une partie de son visage pour s’identifier auprès des gardes de sécurité. Mais les femmes devraient pouvoir garder leur niqab pendant qu’elles prononcent leur serment de citoyenneté devant les autres nouveaux citoyens, à son avis.

Warda Naili est une Québécoise « de souche » qui s’est convertie à l’islam il y a quelques années. Elle a changé son nom et a fait le choix de voiler une partie de son visage en 2011.

Depuis, elle fait entendre sa voix dans les médias et sur les réseaux sociaux. Elle a d’ailleurs été très active pendant le débat sur la Charte des valeurs québécoises sous le gouvernement Marois.

Warda Naili est habituée à se faire insulter sur la rue et de se faire dire de « retourner dans son pays ». Un homme aurait même tenté de lui balancer une bouteille de bière sur la tête alors qu’elle était dans un escalier roulant du métro de Montréal.

Les débats entourant le niqab ne font que renforcer les préjugés contre les musulmans, déplore-t-elle.

« Les gens d’ici sont "bockés". Ils ont la tête dure. Il y a des gens qui vont mal interpréter [la loi] et croire que [le visage découvert] s’applique dans la rue. »

« Ce n’est pas tout le monde qui suit assidûment les nouvelles politiques et ils ne comprennent pas ce que ça implique. L’incompréhension nourrit les préjugés. Déjà que ce n’était pas évident [de porter le niqab], c’est devenu bien pire. »

Le ministre de l’Immigration Chris Alexander a confirmé mercredi que le gouvernement contesterait le jugement de la Cour d’appel fédérale rendu la veille qui avait donné raison à Zunera Ishaq, une femme musulmane qui avait refusé de dévoiler son visage lors d’une cérémonie de citoyenneté en 2013.

Le lieutenant québécois Denis Lebel a par la suite annoncé à Trois-Rivières qu’un gouvernement conservateur réélu «va réintroduire et adopter la loi sur le serment de la citoyenneté dans les 100 premiers jours de sa législature».

Justin Trudeau a dit que le Canada devait protéger les droits des minorités et que le gouvernement a préféré miser sur la peur et la division. Thomas Mulcair s’était lui aussi prononcé pour le port du niqab lors des cérémonies de citoyenneté.

Ishaq, une Pakistanaise qui a déménagé en Ontario, avait déposé devant les tribunaux une demande de révision de la politique en janvier 2014. Elle pourra voter aux élections cet automne pour la première fois grâce au jugement en sa faveur.

Les Québécois contre le niqab

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, est du même avis que Stephen Harper sur le port du niqab pendant le serment de citoyenneté. Il a rappelé que la très grande majorité des Québécois étaient contre l’idée de recevoir ou d’offrir des services publics à visage couvert.

Catherine Fournier, candidate bloquiste dans Montarville, a même parlé du niqab comme un « symbole de soumission de la femme » et a dénoncé le manque de courage politique des autres partis fédéraux.

Warda Naili croit que cette prise de position, qui résonne avec celle du Parti québécois, est encore pire que celle des conservateurs.

« Je n’ai pas de problème pour m’identifier, mais de là à l’enlever pour recevoir un service, ça devient discriminatoire », tranche-t-elle.

« Ça devient très humiliant pour moi. C’est une violation de mon intimité. »

Elle déplore que le voile intégral représente pour certains « l’image de l’extrémisme » musulman. Idem pour la prière cinq fois par jour et le mois du jeûne du ramadan.

Si elle reconnaît que le port du niqab l’a isolée dans sa propre province, Warda Naili soutient qu’elle n’est pas seule dans sa situation. Son cercle d’amies est composé de Québécoises qui, comme elle, ont fait le choix de se couvrir le visage.

Elle s’inquiète d’ailleurs non seulement de la réélection du Parti conservateur, mais aussi des élections de 2018 qui pourraient porter le Parti québécois de Pierre Karl Péladeau au pouvoir et ainsi mener à une autre Charte des valeurs.

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