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«Je vais trouver la source et la dévoiler» - l'ex-bâtonnière Lu Chan Khuong

«Je vais trouver la source et la dévoiler» - Lu Chan Khuong

Au lendemain de sa démission, l'ex-bâtonnière du Québec, Lu Chan Khuong, se livre à une tournée médiatique pour livrer sa version des faits, une première depuis que toute l'affaire a éclaté. Dans trois entrevues successives accordées à Radio-Canada, elle plaide son innocence, affirme qu'elle se doute de l'origine de la fuite qui a entraîné sa chute, et prévient que des poursuites civiles pourraient être entreprises à ce sujet. Elle n'exclut pas de se représenter à la tête du Barreau en 2017.

« Je peux vous dire que j'ai une bonne idée d'où vient la fuite », a déclaré Mme Khuong dans une première entrevue accordée mercredi matin à l'émission Première heure, diffusée à ICI Radio-Canada Première, à Québec. « Je ne mènerai pas ma propre enquête, mais je vais trouver la source et la dévoiler », a-t-elle assuré. « Des poursuites civiles pourraient être considérées quand je serais certaine de la source de la fuite ».

« Je fais des démarches parce que je veux protéger le programme de non-judiciarisation », a-t-elle ajouté peu après à ICI RDI. « Ma situation est une erreur, et il ne faudrait pas que cette erreur se reproduise. » En entrevue à Gravel le matin, elle a précisé qu'elle entend d'avoir des preuves avant d'en dire davantage. « Je ne ferai pas à autrui ce qu'on m'a fait subir », a-t-elle dit.

« Ce n'est pas pour me venger, mais pour protéger ce programme de déjudiciarisation, qui est un bon programme. »

— Lu Chan Khuong, ex-bâtonnière du Québec

Mme Khuong reste muette sur les soupçons qu'elle entretient. Lorsqu'on lui a demandé à Première heure si le Barreau est en cause dans cette fuite, elle répond : « je ne commenterai pas cet aspect du dossier ». Relancée sur les motivations de l'auteur de la fuite à Gravel le matin, elle a évoqué « plusieurs éléments » potentiels, dont son programme et son conjoint, dans une référence à l'ex-ministre libéral de la Justice, Marc Bellemare, qui a été à l'origine de la commission Bastarache.

Lors d'une conférence sur le thème « Femmes, minorités et pouvoir » dont a fait état La Presse lundi, elle avait aussi évoqué son sexe et ses origines ethniques. « Est-ce que la situation actuelle serait la même si j'avais été [un] homme blanc d'un grand bureau de Montréal? Parce que vous savez: je suis [une] minorité, [d'un] petit bureau de Québec et une femme. À cela, j'aime croire que ce serait la même situation, mais j'entends des choses », a-t-elle dit.

L'ex-bâtonnière affirme d'ailleurs qu'elle est prête à se représenter à la tête du Barreau en 2017. « Si le programme n'est pas appliqué dans son intégralité, je reviendrai lors des prochaines élections », a-t-elle déclaré à ICI RDI. À Gravel le matin, elle a toutefois affirmé plus clairement que son départ n'était que temporaire. « Je quitte aujourd'hui, temporairement, parce que je pense que le Barreau peut poursuivre mon programme », a-t-elle dit.

Sur l'entente conclue avec le Barreau

Mme Khuong soutient qu'elle a démissionné de ses fonctions « pour mettre l'institution avant l'individu », parce que sa successeure lui a « garanti » que le programme pour lequel elle a été élue serait mis en oeuvre, et parce que sa famille vivait une « situation difficile ». Elle affirme être « très contente » de cette entente, et être « sereine » face à la tournure des évènements.

« Je vous assure que je n'ai pas fait d'argent avec ce règlement-là », a-t-elle fait valoir. « J'ai eu une lettre d'excuses et je veux passer à autre chose. » Elle reconnaît en outre qu'elle aurait été engluée dans un « combat perpétuel » si elle avait été réintégrée dans ses fonctions au terme des démarches judiciaires qu'elle a entreprises dans ce dossier.

Elle n'en maintient pas moins son innocence, affirmant que ce qui s'est produit au magasin Simons de Laval était le résultat d'une « pure distraction ». « Il n'y a jamais eu de deuxième vol à Sainte-Foy », ajoute-t-elle. « À aucun moment, je n'ai été intercepté, questionné », en lien avec cette seconde histoire, également survenue dans un magasin Simons, et qui a été évoquée dans les journaux cet été.

« Je n'ai jamais commis d'infraction. Je n'ai jamais volé. [...] En date d'aujourd'hui, je n'ai aucune accusation, aucune condamnation. J'ai été transparente dans ce dossier-là. [...] Je n'ai rien à me reprocher. »

— Lu Chan Khuong, ex-bâtonnière du Québec

Mme Khuong affirme en outre qu'elle a remis aux médias les vidéos de ces deux évènements au coeur de la controverse « pour que les gens puissent les regarder » pour « rétablir [sa] réputation ». Ces images, dit-elle, « ne démontrent pas qu'il y avait une intention de commettre une infraction » de sa part. On peut notamment observer qu'elle n'a pas « couru vers la sortie », souligne-t-elle.

L'ex-bâtonnière précise qu'au Simons de Laval, les agents de sécurité qui l'ont intercepté lui ont rapidement laissé entendre qu'elle ne serait « jamais accusée » et qu'elle aurait accès au programme de déjudiciarisation, une décision qui revient cependant ultimement au procureur en charge du dossier. « Je ne connaissais même pas l'existence de ce programme », a-t-elle plaidé au micro de Première heure.

Me Khuong dit qu'elle « regrette » aujourd'hui d'avoir accepté de bénéficier de ce programme, une décision prise en raison de la confidentialité qui doit normalement l'entourer. « En 20 ans d'existence du programme, en plus de 100 000 dossiers, je suis laquelle [dont] le nom est sorti » dans les médias, déplore-t-elle.

Qui est la nouvelle bâtonnière?

Spécialisée en droit de la famille, Claudia P. Prémont pratique le droit depuis 1990. Elle est l'auteure de nombreux articles sur le droit de la famille et coauteures d'ouvrages sur la procédure en matière matrimoniale et sur le patrimoine familial.

Chargée de cours en droit de la famille à l'Université Laval et responsable des ateliers en droit collaboratif à l'École du Barreau en 2008 et 2009, Mme Prémont a aussi agi à titre de conférencière auprès des juges de la Cour supérieure du Québec, des juges de la Cour du Québec et des avocats spécialisés en droit de la famille.

Elle a été bâtonnière en 2007-2008 en plus d'avoir été présidente de la section du droit de la famille du Barreau canadien jusqu'en juin 2010. Elle était administratrice du conseil d'administration du Barreau de Québec depuis juin dernier.

L'avocate a aussi été présidente du Comité des femmes de la profession (2009-2013), membre du Comité des requêtes et du Comité des problématiques reliées à la pratique privée.

« C'est moi qui a présenté sa candidature », a soutenu Mme Khuong, en précisant qu'elle avait eu « l'occasion d'échanger avec elle ». Me Prémont, dit-elle, lui a assuré qu'elle ferait tout ce qui est possible pour mettre en oeuvre son programme, basé sur un meilleur accès à la justice.

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