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Êtes-vous un sportif excessif?
Britain's Gemma Steel celebrates coming second in the women's elite race in the Great North Run half-marathon in South Shields, north east England on September 13, 2015. The Great North Run is Britain's largest running event with more than 50,000 participants set to cover the 13.1 miles from Newcastle to South Shields. AFP PHOTO / OLI SCARFF (Photo credit should read OLI SCARFF/AFP/Getty Images)
OLI SCARFF via Getty Images
Britain's Gemma Steel celebrates coming second in the women's elite race in the Great North Run half-marathon in South Shields, north east England on September 13, 2015. The Great North Run is Britain's largest running event with more than 50,000 participants set to cover the 13.1 miles from Newcastle to South Shields. AFP PHOTO / OLI SCARFF (Photo credit should read OLI SCARFF/AFP/Getty Images)

Par Olivier Maynard, médecin d’urgence et médecin de montagne pour Géo Plein Air

La sédentarité est probablement le plus grand danger de notre mode de vie moderne et constitue un problème de santé publique. Paradoxalement, les sports d’endurance (marathon, ultratrail, triathlon longue distance, grande course cycliste, etc.) n’ont jamais été si populaires. Mais, la veille d’une participation à l’une de ces courses, doit-on craindre de mourir au bout de son souffle comme ce pauvre Philippidès*?

Facile de douter des bénéfices de l’activité physique, surtout quand les médias se hâtent de nous rapporter les rares cas de mort subite chez les athlètes ou les participants à de grands marathons. Le décès et les conclusions de l’autopsie de Micah True, qu’on connaît aussi sous le nom de Caballo Blanco et dont on raconte l’histoire dans le célèbre ouvrage Born to Run, n’ont rien pour rassurer. Alors, l’excès d’activité physique peut-il vraiment être néfaste ?

Effets immédiats...

Depuis une vingtaine d’années, on sait qu’un entraînement très intense ou prolongé provoque chez bon nombre de participants (athlètes professionnels et amateurs confondus) une augmentation sanguine d’enzymes cardiaques. Certaines études rapportent un telle augmentation chez plus de 50 % des sujets étudiés. Et la littérature médicale indique aussi que le tiers des participants, en moyenne, démontre cette élévation à la suite d’une compétition d’envergure comme un marathon. En clair, les scientifiques ont noté, chez des gens exempts de maladie coronarienne athérosclérotique, l’apparition de biomarqueurs de dommages des cellules du cœur. Ces marqueurs sont en effet les mêmes que ceux retrouvés chez les personnes victimes d’infarctus du myocarde (crise cardiaque). Restait à savoir si cette situation était représentative de dommages permanents au cœur et d’une réelle nécrose.

D’autres recherches ont ensuite permis de mettre en évidence, à l’aide d’images échographiques, des anomalies de la contractilité du muscle cardiaque. Heureusement, ces anomalies semblent réversibles : généralement, les deux phénomènes (augmentation des enzymes et troubles contractiles) rentrent dans l’ordre après une période de repos, allant de quelques jours à quelques semaines.

... et effets à long terme

Les risques de développer certaines maladies cardiaques chez les athlètes d’endurance sont maintenant mieux identifiés. On reconnaît qu’il y a une association avec la fibrillation auriculaire, les calcifications coronaires ou, plus rarement, la cardiomyopathie dilatée. Cette hypothèse s’appuie sur l’observation des atteintes répétées ou de dommages, ou plutôt de l’addition des effets immédiats décrits précédemment. La répétition de ces répercussions sur le cœur mènerait, chez certaines personnes, à un remodelage de celui-ci, par fibrose (cicatrisation successive) du muscle et du système de conduction électrique, le rendant alors à risque d’arythmie.

La principale difficulté consiste à dépister, parmi les ultra-athlètes, les personnes à risque. Mais de là à se priver de bouger par crainte d’arythmie maligne, attention, entendons-nous bien : le risque équivaudra, dans le pire des cas, à celui d’une personne sédentaire.

Je m’entraîne trop ?

Trop pousser la machine est un comportement difficile à définir. Et il n’existe malheureusement pas de méthode pour identifier les athlètes à risque d’arythmie ou de problème cardiaque. N’oubliez pas que le surentraînement n’a pas que des impacts sur votre cœur. Il peut avoir d’autres répercussions physiques et affecter aussi les sphères psychologiques et sociales de la vie. Fractures de stress, désintérêt, baisse de productivité au travail et, même, problèmes conjugaux sont des conséquences fréquemment observées chez les adeptes de sports qui requièrent une grande endurance. L’équation n’est pas simple à résoudre, mais il convient de maintenir l’équilibre des variables sommeil-alimentation-famille-boulot-activité physique.

* Messager grec qui a couru 250 km sans interruption pour aider ses compatriotes lors de la guerre de Sparte et qui en est mort de fatigue.

Le surentraînement, ça ressemble à quoi ? La suite sur Géo Plein Air.

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