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Comment partage-t-on la richesse au Canada? (VIDÉO)

Qui profite de la richesse au Canada? (VIDÉO)

L'économie, l'économie et encore l'économie. S'il y a un sujet qui est débattu dans la campagne électorale, c'est bien celui-ci. Mais au-delà des promesses des partis, qui profite des fruits du travail et de la croissance? Réponse en quatre points.

Un texte de Tamara Alteresco

1. Qui profite de la richesse au Canada?

Le Canada figure parmi les 10 pays industrialisés les plus prospères de la planète. Mais selon l'OCDE, c'est aussi le pays qui a connu la plus forte hausse des inégalités de revenu depuis 20 ans, derrière les États-Unis.

Les plus riches s'enrichissent d'année en année. Depuis 30 ans, le club des 1 % les plus riches a capté 37 % de la hausse des revenus de tous les Canadiens

Au pays, les 1 % les plus riches gagnent en moyenne 300 500 $ par an. C'est dix fois plus que la moyenne nationale, de 30 800 $, qui stagne année après année.

Plusieurs facteurs sont a l'origine de cet écart grandissant. L'économiste Pierre Fortin évoque les forces du marché et le désengagement de l'état dans la redistribution de la richesse. « Il y a des forces globales qui sont le changement technologique, qui favorisent les gens plus riches et plus éduqués, et la mondialisation qui défavorise les gens au bas de l'échelle », explique-t-il.

Face à ces changements, « le résultat final est fortement influencé par la capacité de lever des impôts, de façon à contrer les inégalités », selon lui.

2. La lutte au déficit et l'érosion du filet social canadien

Il fut une époque ou le Canada était le champion du partage de la richesse.

En 1940, appréhendant le chômage d'après-guerre, le gouvernement de Mackenzie King a mis sur pied une série des programmes sociaux ambitieux. Le régime de l'assurance-emploi devient alors le symbole du filet social canadien. Financée en partie par l'État, les employeurs et les travailleurs, cette caisse devient un véritable trésor national avec des milliards de surplus.

La récession du début des années 90 entraînera une série de réformes majeures et ouvrira l'ère de la lutte au déficit à coups de compressions historique dans les transferts.

De tous les programmes fédéraux, le régime de l'assurance-emploi subit la transformation la plus radicale au fil des ans. Le gouvernement Mulroney se retire du financement de la caisse en 1990. Dès 1995, sous Jean Chrétien, les gouvernements se serviront des surplus de la caisse pour équilibrer leur budget, tout en resserrant les critères d'accès aux prestations.

« Il y 25 ans, cette couverture protégeait 80 à 85 % des chômeurs canadiens. Un premier coup a été donné sous Mulroney et après, avec les libéraux à partir de 96, cet indice de couverture est tombé en dessous de 50 % et ne s'est jamais relevé », détaille Pierre Ceré, du Comité chômage de Montréal.

3. Le marché du travail précaire

En 2015, de plus en plus de Canadiens se tournent vers des emplois précaires.

Selon les dernières données de Statistique Canada, plus de 1 million de Canadiens travaillent pour une moyenne de 10 $ de l'heure. C'est 7 % des salariés canadiens.

De 1995 à 2013, plus de la moitié des emplois créés dans les 34 pays de l'OCDE, incluant le Canada, étaient à temps partiel, sous contrat à durée déterminée ou relevaient de travailleurs indépendants.

« Jamais je ne pensais arriver là, mais aujourd'hui je n'ai pas le choix. » Mère de 4 enfants, Catherine a perdu son emploi il y a un an, dans le secteur de l'éducation. À défaut de trouver un emploi dans son domaine, elle envisage de se trouver du travail au salaire minimum. Son cas est celui de milliers d'autres Canadiens, pour qui le marché du travail est devenu trop exigeant.

« Il y a de moins en mois d'offre et les offres sont de plus en plus élitistes, déplore-t-elle. On vous demande la plupart du temps d'être bilingue, voire trilingue. De plus en plus de diplômes. Les personnes espèrent de l'expérience et les payer moins. C'est assez difficile, j'ai pas le choix de me tourner vers le salaire minimum. »

4. Le rôle de l'entreprise sociale et du Canada inc.

De plus en plus de jeunes entrepreneurs se roulent les manches pour combler les besoins d'une société inégale.

Le phénomène prend de l'ampleur en Amérique du Nord et frappe aux portes des grandes corporations pour leur demander de faire leur part dans la lutte contre les inégalités sociales.

L'entrepreneur Jean-Francois Archambault a mis sur pied La tablée des chefs après avoir passé des années à des cuisines dans les grands hôtels canadiens. Le gaspillage et la surconsommation lui ont ouvert les yeux.

Financée presque entièrement par la philanthropie du Canada inc., son entreprise nourrit et éduque désormais des milliers de familles dans le besoin au Canada en France et au Mexique.

« L'État a coupé [dans ses programmes]. Maintenant, comment peut-on être un peu plus intelligent pour redonner a ceux qui en ont besoin? », s'interroge-t-il. « On sera toujours fragile. Oui, il va y avoir de la croissance économique, mais à un moment donné, comment peut-on arriver a prendre des fonds pour mieux les investir et créer de l'impact? On ne peut pas se mettre la tête dans le sable ».

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