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Jean-Jacques Annaud: «En France, on m'a tout reproché»

Jean-Jacques Annaud: «En France, on m'a tout reproché»
Courtoisie

Il avait le cœur gros, Jean-Jacques Annaud, lors de son passage à Montréal la semaine dernière. Alors qu’il accompagnait la sortie en salle de son nouveau film, Le dernier loup, le cinéaste est revenu en entrevue sur ses relations tumultueuses avec le milieu du cinéma en France, qui selon ses propres termes, lui a tout reproché.

Jean-Jacques Annaud affichait un large sourire jusqu’à ce qu’on lui pose la question qui fâche. Celle où on lui a demandé candidement comment son pays d’origine le considérait, lui et son cinéma. «L’élite intellectuelle ne m’a jamais aimé», a-t-il lâché.

À en croire le réalisateur de Sept ans au Tibet, les hostilités ont commencé d’ailleurs assez vite. «J’ai fâché le milieu du cinéma français tôt dans ma carrière, a-t-il raconté. Lorsque mes premiers films ont connu du succès à l’étranger, on a commencé à me regarder d’un œil mauvais.»

D’après le cinéaste, qui fêtera en octobre prochain ses 72 ans, le succès demeure toujours suspect en France. «C’est un péché mortel, a-t-il dit. Pour voir son travail reconnu, il faut être un artiste nécessiteux. Faire des entrées dans les salles de cinéma est une calamité artistique. Dans ce pays, on ne peut pas faire quelque chose de sérieux et connaître en même temps du succès.»

Par contre, les propos de Jean-Jacques Annaud ne concernent pas le public français, qu’il trouve adorable, et dont les ondes positives le poussent encore à continuer ce métier. Tout le contraire d’un certain «groupe de parisiannistes» qui voudraient bien voir l’homme tomber.

«Pour ces gens, je suis un type à abattre parce que je ne fais pas le cinéma qu’il faut. Ils pensent que le cinéma français doit se dérouler dans des petits endroits sous des allures de drame intime. Le grand cinéma, ce n’est pas pour les Français et donc pas pour moi», a-t-il ajouté, amer.

Une question de jalousie

L’interviewé n’a jamais voulu rentrer dans ce moule imposé. Le réalisateur voulait plutôt d’un cinéma spectaculaire quitte à aller tourner ses longs métrages en anglais. « De toute façon, on m’a tout reproché même quand j’ai réussi à avoir des vedettes américaines pour jouer dans mes films comme Sean Connery, Jude Law ou Brad Bitt.»

«Dès le tournage de La guerre du feu, on m’en a voulu d’avoir utilisé le Dolby, a-t-il poursuivi. Plus tard, ça a concerné la 3D dans Les ailes du courage. J’ai compris que tout cela était en fait de la pure jalousie. C’est un sentiment moche auquel je n’aime pas être confronté.»

Cette «meute» prête à descendre chacun de ses longs métrages est composée de penseurs de la vie intellectuelle française ou des membres de la presse qu’il ne nommera pas. Mais il y a aussi des réalisateurs et des acteurs qui composent cette liste.

«Ce qui est étrange et paradoxal, c’est que certains d’entre eux sont de bons amis à moi. Quand je dine en leur compagnie, ils me disent des choses agréables. Mais lorsqu’ils se retrouvent ensemble, c’est là qu’ils ne m’aiment plus.»

Si Jean-Jacques Annaud s'en est allé vivre à l’étranger, c’est surtout pour fuir toute cette agressivité. «C’était trop violent. Je suis donc parti m’installer ailleurs, aux États-Unis pendant cinq ans. Quand je retourne en France, je m’isole et je ne sors plus. Je le vois dans leurs regards. Ils ont envie de me tuer ou de m’étrangler. Voilà, il faudrait que je meure. Peut-être après m’aimeront-ils un peu... mais permettez-moi d’en douter.»

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