Je le suis, vous l’êtes aussi : il suffit de nommer le nom Honda Civic pour entendre les préjugés jaillir ici et là. Tout le monde a en tête ce cliché du jeune garçon, casquette à l’envers, qui greffe sur sa Civic les accessoires les plus loufoques pour se donner une contenance et avoir l’impression qu’il en améliore les performances.
Après tout, qui n’a pas déjà remarqué une Honda Civic avec un gigantesque aileron fixé à la valise (j’ai même déjà vu un aileron de bois), ou encore des échappements tellement bruyants qu’on a la sensation que le conducteur a installé des boites de conserve au bout de son tuyau plutôt que de véritables silencieux?
C’est donc dans cet état d’esprit, et avec tous ces clichés en tête que j’ai pris le volant de la Civic. Que celui qui n’a jamais pensé à ces choses me lance la première pierre.
Honda Civic
Mais voilà… Il a suffi de quelques secondes au volant de la petite voiture pour changer totalement ma perception. Pas totalement en fait, puisque j’ai rapidement compris pourquoi la Honda Civic recevait autant d’attention de la part de ses conducteurs : elle est maniable et, avouons-le sans honte, plutôt amusante à conduire.
Pas de changements
Les mauvaises langues diront enfin. Après tout, la Honda Civic a subi, depuis trois ans, des changements chaque année. Il faut dire que la refonte de 2012 n’a pas connu le succès escompté, et que les modifications suivantes ont été pensées pour ramener la voiture à son niveau d’origine au moins, et l’améliorer au passage.
En 2014, on a donc modifié les versions Coupe et en 2015 on ramène la Honda Civic hybride. Mais notre version d’essai, la Honda Civic berline Touring, devra attendre encore quelques mois et une nouvelle génération pour enregistrer des changements significatifs.
Première question à régler : une version Touring est indispensable dans la famille Civic. Parce qu’elle réunit à la fois le plaisir de conduite de la Civic traditionnelle, tout en ajoutant des accessoires et un certain niveau de luxe qui sont toujours bienvenus pour les vieillissants conducteurs de la petite voiture, ceux qui sont désormais les acheteurs ciblés par la compacte.
Il faut dire que le prix a aussi de quoi refroidir les jeunes amateurs puisque la Touring et sa boite automatique afficheront un prix de 30 000 $ et un peu plus.
Seconde question à régler : la qualité de l’assemblage a fortement progressé depuis la mise à jour de 2012, ce qui ramène la Honda Civic au niveau de ses concurrentes, et même un peu sous certains aspects.
Une fois ces choses dites, il est intéressant de constater que la Civic Touring n’a plus de complexes face à ses compétiteurs. La qualité du cuir des sièges, par exemple, ajoute une touche de luxe non négligeable. Luxe d’entrée de gamme, faut-il le préciser, mais luxe quand même. Pour ajouter au confort, mentionnons que les sièges avant sont chauffants, une particularité que les nouveaux amateurs de Civic ne sauraient négliger.
Pour faciliter l’usage du système multimédia (dont il faut bien avouer que la qualité n’est pas exactement à la hauteur du look cependant), un écran central regroupe l’ensemble des commandes. Ergonomique et joli, voilà certes sa plus grande qualité. Avouons quand même qu’il a fallu quelques minutes pour en maitriser le maniement sans quitter la route des yeux trop longtemps.
Un bon mot aussi pour la caméra de recul qui offre une vue complète met qui facilite les manœuvres dans les espaces les plus exigus. Mon gadget préféré et sans conteste un des plus utiles est le LaneWatch, désormais disponibles sur toutes les voitures Honda.
Simplement expliqué, il s’agit d’une caméra logée dans le rétroviseur latéral côté passager qui s’active dès que l’on utilise le clignotant. Une image, précise, s’affiche alors dans l’écran central démontrant clairement si une voiture ou un cycliste traine dans l’angle mort, rendant le mouvement latéral plus sécuritaire. Une jolie trouvaille que l’on souhaite voir se répéter chez plus de manufacturiers.
La faiblesse : le moteur
Sous le capot de la petite Civic se trouve un moteur quatre-cylindres de 1,8 litre développant quelque 143 chevaux. Jumelé à une boite de vitesse à variation continue (CVT), on aimerait un petit peu plus de nervosité, puisque les accélérations ont tendance à s’avérer laborieuses. Quant aux reprises, il faut faire preuve de patience et de tolérance à l’égard de la petite voiture qui fait tout ce qu’elle peut pour se montrer dynamique, mais sans grand succès.
Pour rouler en ville, la nuance est subtile, mais dès que l’on en sort, on ressent avec une certaine impatience cet essoufflement trop rapide du moteur.
Autre détail qui a son importance, on a sacrifié à la tenue de route le confort des suspensions qui s’avèrent, selon l’usage, un peu trop sèches et un peu trop rigides. Il faut admettre que les trajectoires prises avec un peu d’enthousiasme se montrent plus agréables, mais les randonnées urbaines sont un peu inconfortables. Un constat d’autant plus exact quand on se retrouve à l’arrière de la compacte Civic, où les rebonds sont encore plus fortement ressentis.
L’expérience Civic
Ma famille est typique : un mari, moi, une épouse, appelée communément Chérie, et un adolescent de 16 ans, baptisé Fiston ou l’adolescent bougonneux selon l’humeur du moment. C’est donc ce joyeux trio qui, en général, effectue les essais des voitures de presse que je conduis et c’est sur mes deux partenaires que je compte pour obtenir des commentaires pertinents.
Dans le cas de la Civic cependant, ô surprise, ils ont été limités dans leurs commentaires. Ni pur enthousiasme, ni commentaires négatifs, un peu comme si la voiture se glissait naturellement dans notre mode de vie. Fiston a bien trouvé les places arrière un peu limitées pour ses longues jambes (il est plus grand que son père depuis longtemps), mais rien de plus.
Quant à Chérie, son seul bémol a été de trouver les espaces de rangement un peu limités dans la voiture. Bref, la Honda Civic Touring a passé le test familial sans trop souffrir.
Conclusion
Difficile, après ce genre d’essai, de ne pas laisser tomber quelques préjugés. Disons qu’il m’est désormais plus facile de comprendre pourquoi la Honda Civic est la voiture la plus vendue au pays. Elle n’est pas parfaite, loin de là, mais elle assume fort bien ses défauts.
