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«Boris sans Béatrice»: Denis Côté, cinéaste de l'intime (ENTREVUE)

Denis Côté, cinéaste de l'intime
Julie Landreville

Il vient tout juste de terminer le tournage de son prochain film, Boris sans Béatrice, avec une scène de réconciliation entre un fils et sa mère. La séquence se déroule dans une résidence pour personnes âgées à Montréal. Assis proche de la piscine, au premier étage de la bâtisse, Denis Côté raconte son neuvième long métrage en prenant bien soin de ne pas trop en dévoiler.

«Boris vient faire la paix avec sa maman, lance-t-il tout de même en entrevue. C’est le moment où il doit mettre ses culottes pour lui prouver qu’il peut changer sa vie et la remettre en ordre.»

Le tout fini dans les larmes, caméra pointée sur les visages avec un éclairage que le réalisateur a voulu brutal. «Ils sont riches et ils parlent bien, ce sont des personnes qui savent se défendre avec le verbe», ajoute-t-il.

Le réalisateur nous avait jusqu’ici offert des œuvres où les personnages s’expriment peu, comme dans Vic et Flo ont vu un ours ou Curling, et qui de son propre aveu avaient tendance à «rentrer les épaules par en dedans».

Boris sans Béatrice s’attarde sur Boris Malinowski, un homme arrogant à l’aise financièrement. Lorsque sa femme, ministre au sein du gouvernement, est atteinte d’un mal mystérieux, l’homme commence à se poser de sérieuse question sur sa personnalité.

«Avec mon prochain film, je m’intéresse aux fortunés, lâche-t-il. Ce sont des gens fiers qui parlent bien et beaucoup. À l’âge que j’ai aujourd’hui, j’avais envie d’écrire des dialogues, beaucoup de dialogues.»

Mais côté prévient déjà. Son film ne sera pas une rupture avec le reste de sa cinématographie. «Le public qui connait mon cinéma ne va pas être perdu. Je continue toujours dans la même voie. Il n’y a pas de nouveaux défis si ce n’est mon intérêt envers une nouvelle catégorie de personnes que sont les riches et les puissants.»

Pauvres riches

Sur ce point, le réalisateur espère les décrire sans les caricaturer. «Je ne veux pas me farcir les bourgeois, précise-t-il. Ce n’est pas non plus une satire politique. J’aborde leurs problèmes sans rire d’eux comme a su le faire par exemple Michelangelo Antonioni. Le réalisateur italien n’a-t-il pas fait toute une carrière en parlant des nanties?»

Boris sans Béatrice sera-t-il un film avec un message social alors? La question fait rire Côté. «Je ne suis pas un très bon citoyen. Je ne fais pas des films pour vendre des causes. Je me considère davantage comme un cinéaste de l’intime. Je suis très à l’aise de ma place dans la planète cinéma.»

En ce qui concerne le choix de ses comédiens, on peut compter sur Denis Côtés pour nous surprendre. Dans Curling, il n’avait pas hésité à donner à Emmanuel Bilodeau un rôle à contre-emploi. Tandis que les actrices Pierrette Robitaille et Romane Bohringer offraient au cinéma québécois un de ses duos les plus marquants de son histoire avec Vic et Flo ont vu un ours.

«La distribution, c’est mon jardin secret, avoue-t-il. Pour Boris sans Béatrice, j’ai fonctionné sur le même principe. Je les choisis avec un brin de provocation.»

Le film met donc en scène James Hyndman. «Qui se souvient de son dernier rôle au cinéma, interroge le cinéaste. Pourtant, c’est un acteur formidable. Il y a aussi Denis Lavant, un comédien français mythique que les Québécois connaissent pourtant très mal. J’aime faire des films en présentant des visages vierges.»

Un casting atypique, presque étrange, un peu comme dans ce futur film où des figures déracinées sont portées par des origines diverses, presque indéfinissable. «Je suis très peu enclin à décrire un Québec blanc pure laine, explique-t-il. Mes personnages viennent d’ailleurs.»

Il définit volontiers son film comme un conte moral un tantinet étrange. «C’est beaucoup plus tordu que ce que j’avais prévu. Cette réflexion sur le succès et le pouvoir prend des allures inattendues, et j'adore cela.»

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