Critiqués pour leur réponse en apparence tiède à la crise des migrants en Europe, les conservateurs semblent maintenant réagir. Le ministre de l'Immigration, Chris Alexander, a interrompu sa campagne à titre de candidat conservateur dans la circonscription d'Ajax, en Ontario, pour rentrer à Ottawa et s'occuper de ce dossier.
Cette annonce survient alors qu'on apprend que la famille d'un petit garçon échoué sur une plage en Turquie, dont la photo a fait le tour du monde, tentait de gagner le Canada, mais que leur demande a été refusée.
Elle fait aussi suite à une entrevue corsée sur les ondes de CBC, mercredi soir, au cours de laquelle le ministre Alexander a notamment critiqué les médias pour ne pas avoir mis cette crise « en manchette, là où elle devrait être ». Un peu plus tôt, le chef conservateur Stephen Harper affirmait que la réinstallation de réfugiés à elle seule ne pouvait résoudre le problème.
La réaction des adversaires politiques des conservateurs ne se fera pas attendre. En point de presse jeudi matin à Brossard, le chef libéral Justin Trudeau a réitéré que le Canada doit à son avis accueillir 25 000 réfugiés syriens au cours des prochaines semaines.
Quant à la réaction de Chris Alexander, M. Trudeau l'a jugée de manière lapidaire.
« On ne découvre pas soudainement la compassion pendant une campagne électorale. Vous en avez ou vous n'en avez pas. »
— Justin Trudeau, chef du Parti libéral
« Ce gouvernement a ignoré les plaidoyers des organisations non gouvernementales, des partis d'opposition et de la communauté internationale, qui croient tous que le Canada devrait en faire plus », a accusé le chef libéral.
« Je trouve que, ce qu'on a vu pendant 10 ans, sous M. Harper, c'est un gouvernement qui s'éloigne des valeurs auxquels nous tenons si [chèrement] en tant que Canadiens, Québécois : l'ouverture, le respect, l'intégrité », a poursuivi M. Trudeau.
Selon lui, il importe « de comprendre que l'immigration et l'ouverture est une façon non seulement d'aider les gens en détresse, mais de bâtir des communautés, des sociétés, une économie plus forte ».
« M. Harper est encore pris dans une idéologie qui préfère miser sur la peur de l'autre que de comprendre qu'on a bâti un pays fort en acceptant, en accueillant et en respectant l'autre. [...] Je suis désolé qu'on en soit venu à ce point-ci dans [notre] histoire. »
Plus de détails à venir.