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Primeur - Entrevue avec Philémon Cimon pour son nouvel album «Les femmes comme des montagnes»

Primeur - Entrevue avec Philémon Cimon pour «Les femmes comme des montagnes»
JF CYR

Philémon Cimon sortira son troisième album studio le 4 septembre.

Intitulé Les femmes comme des montagnes, ce « disque de band », marque la fin d’un cycle, selon le jeune chanteur-musicien.

Rencontre.

Philémon Cimon avait notamment marqué la scène musicale avec l’accrocheuse et sympathique chanson Mon cinéma, issue de l’album L’Été, paru en janvier 2014. Le vidéoclip, aussi, était assez réussi.

Depuis, le Montréalais a donné de nombreux concerts en province, dont cette prestation (salle comble) au Cinéma l’amour avec le Quatuor Molinari. D’ailleurs, son label Audiogram a déjà annoncé une supplémentaire le 30 octobre.

« Je peux dire que c’est la fin d’un cycle, oui, raconte Cimon dans un bar de la rue Mont-Royal. C’est dans la lignée des trois autres albums (incluant le EP sorti en 2008) en terme de sonorité, de trajectoire. Dans ma tête, cette fin de cycle fait du sens dans la mesure où j’ai fait le premier à La Havane avec des Cubains, le second avec un peu tout le monde à Montréal. Pour Les femmes comme des montagnes, je suis retourné à Cuba avec des Montréalais avec qui j’avais déjà enregistré le disque précédent. J’ai aussi invité des Cubains à participer à Les femmes comme des montagnes. Donc, ça fait partie d’un tout. »

Au dire de Cimon, ce troisième long jeu est probablement un amalgame de la douceur tragique du premier disque (Les Sessions cubaines, paru en 2011) et du côté plus pop du second. Pour le plus récent album, le chanteur avoue qu’il n’a pas encore trouvé les mots pour le décrire correctement. « J’appelle ça du post-calypso », envoie-t-il avec une touche d’ironie.

Joe Dassin, l’ami

Sur plusieurs chansons comme Démon crié, on sent d’ailleurs des pointes d’ironie. « Tu m’as pris par surprise / J’ai sucé ton mamelon / Ma maman, mon papa, m’ont dit que je te ferais peur », a notamment écrit l’auteur-compositeur-interprète. Certes, on sent l’ironie. Philémon Cimon, lui, parle plutôt de sarcasme.

« Oui, il y a un peu sarcasme dans mes chansons […] Par exemple, sur le morceau Vieille blonde. Quand je chante que je fais un Joe Dassin de moi, ça fait référence à ce que m’a déjà dit un ami : " tu fais un Joe Dassin de toi ". J’étais allé volontairement vivre un peu de mélancolie (on présume que c’était avec une fille). Tu sais que tu vas vivre cette émotion, mais tu y vas quand même. Et là, tu te complais dans la mélancolie, puis tu te sens mieux… J’aime bien rire de moi-même un peu. »

Il faut préciser que Philémon Cimon adore Joe Dassin (qui est décédé en 1980, à l’âge de 42 ans). Il aime retourner au travail du chanteur. « Dassin, c’est comme mon ami ! (rires) Quand la semaine a été difficile, c’est lui que j’ai envie de voir. Il a des belles chansons, même si c’est souvent assez kitsch. Bref, j’aime bien faire des clins d’œil à propos de lui. »

La femme et la montage

Tout comme Dassin, Cimon s’est intéressé beaucoup au concept de La femme idéal (comme la chanson de Dassin) pour son plus récent opus, sur lequel il parle parfois d’une fille (Ève), mais surtout des femmes en général.

« On est pratiquement tout le temps dans la métaphore (Toi jeune fille), explique Cimon. Mon travail a surtout un rapport au côté romantique de l’amour. Pour moi, une relation amoureuse c’est souvent un véhicule vers un idéal. L’amour est un thème qui a été central dans ma réflexion sur les rapports humains. Quand je compare la femme à la montagne (dans le titre du disque et aussi dans la pièce Ces montagnes), c’est surtout une réflexion entre la quête artistique et la quête amoureuse. L’idéal est important pour les deux démarches. »

À cet égard, Cimon évoque le Don Quichotte de Miguel de Cervantès, qui a énormément fantasmé Dulcinée : « Don Quichotte sait que Dulcinée n’est pas du tout comme il l’imagine, mais il a préféré modeler cette fille à son imagine afin d’être un meilleur chevalier. En musique, je crois qu’il faut aussi se truquer pour continuer, pour avancer dans la création. Je trouve cette double ironie très intéressante. La question de l’amour est très complexe. Avec qui ou quoi est-on en amour ?

C’est intéressant d’aller fouiller là-dedans. La phrase Les femmes comme les montagnes est arrivée un peu par hasard. Je ne peux pas dire ce qu’elle représente au complet. Escalader la montagne peut s’avérer difficile, mais l’aventure est aussi extraordinairement belle ! La montagne, c’est aussi le sublime. »

Ainsi, la montagne peut être tantôt sensuelle, aimante ou généreuse, tantôt enivrante et dangereuse… Mais de toute évidence, la femme est un univers majeur dans le récent matériel de Philémon Cimon.

« Tu prends ta douche / Je joue de la guita, a, a, a, are-e », voici comment s’ouvre d’ailleurs son nouveau encodé. Sur la chanson Je t’ai jeté un sort, le ton est charmant, décontracté, frivole, à la limite du sarcastique. Une voix délicate chante une poésie de la séduction pour une femme (on l’imagine jolie) qui doit absolument accepter les avances de son prétendant, que l’on suppose être son amant. « Je prends ton corps / Et je le déshabille / Maintenant, tu dois m’embrasser ».

Pour l’écriture des textes, en général, Philémon Cimon affirme avoir été inspiré par certains classiques de la littérature (outre Cervantès, il cite Milton et son Paradis perdu, Freud et ses histoires d’inceste dans les modèles amoureux, puis Dante, pour sa Divine Comédie).

Le trip de groupe

« Je voulais un album de band, indique Philémon Cimon. Cuba, pour moi, c’était surtout une façon d’éviter la routine dans la création. Et je suis tellement bien reçu dans le studio de La Havane. Les principaux musiciens de l’album (quatre personnes, dont le pianiste Papacho et le coréalisateur du disque Philippe Brault) se sont déplacés quelques jours à Cuba pour enregistrer les chansons. À mon avis, le fait d’être là-bas a créé une atmosphère particulière en studio.

C’est la première fois que je répète les chansons avec le groupe avant leur enregistrement. On a créé beaucoup les arrangements ensemble. L’idée d’enregistrer en direct a également participé à l’effet de groupe sur cet album. J’ai juste fait les voix après coup. »

Voulant respecter cette approche collective, Philémon Cimon espère pouvoir monter sur scène en étant accompagné de quatre musiciens. Quand une situation ne permettra pas un tel choix, il proposera sa musique en formule trio.

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Philémon Cimon offrira un spectacle-lancement au Cabaret de la dernière chance, à Rouyn-Noranda, dans le cadre du Festival de musique émergente (FME), le 4 septembre.

Il sera aussi au National de Montréal, le 8 septembre. Tout comme au FME, l’entrée sera gratuite.

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Philémon Cimon, Les femmes comme des montagnes, Audiogram

Sortie le 4 septembre

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