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Aide médicale à mourir: Québec invite les maisons de soins palliatifs à la réflexion

Euthanasie: Québec invite à la réflexion

Le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette, demande aux maisons de soins palliatifs du Québec de faire un examen de conscience au sujet de l'aide médicale à mourir.

« J'invite ces administrations-là à prendre un moment de réflexion et de voir quel est l'intérêt premier à défendre : le leur sur le plan philosophique, ou celui du patient », a indiqué le ministre à Radio-Canada.

Les 29 maisons de soins palliatifs du Québec ont indiqué qu'elles n'offriront pas le service d'aide médicale à mourir à leurs patients lorsque la loi le permettra en décembre. À ce moment, le Québec deviendra la première province au pays à permettre l'injection de doses mortelles à des patients en fin de vie.

La loi prévoit en effet une marge de manœuvre aux maisons de soins palliatifs pour qu'elles décident ou non d'offrir l'aide à mourir, rappelle celle qui avait piloté la commission Mourir dans la dignité et déposé le projet de loi sur la question adopté à l'unanimité par l'Assemblée nationale, Véronique Hivon.

Mais pour la critique péquiste en matière de soins en fin de vie, « de voir une position prise en bloc, sans aucune nuance, par l'ensemble des 29 maisons de soins palliatifs au Québec, ça me surprend beaucoup ».

Le soulagement de la douleur

La directrice générale de la Maison Albatros et membre de l'Alliance des Maisons de soins palliatifs du Québec, Élise Rheault, réplique que les maisons de soins palliatifs ont pour mandat d'offrir un service d'accompagnement des malades en fin de vie et de soulagement de la douleur.

Elle soutient que très peu de patients demandent à mettre fin à leur vie et que ceux qui le font changent d'avis « quand on va [leur] offrir un autre traitement, on va réviser [leur] médication contre la douleur et on va parler avec la famille ». « [Leur] demande, c'est d'être soulagé », ajoute-t-elle.

« Dans l'éventualité où un patient voudrait avoir recours à cette option, nous devrons le diriger vers un établissement du réseau de la santé. »

Élise Rheault, dg Maison Albatros

Élise Rheault admet que les maisons de soins palliatifs pourraient être amenées à revoir leur position et leur « façon de répondre aux demandes », selon ce qui va se passer dans les prochains mois.

Véronique Hivon espère de son côté que la position des maisons de soins palliatifs du Québec changera graduellement.

Le ministre avoue son impuissance

Les maisons de soins palliatifs sont toutefois indépendantes sur le plan légal, explique le ministre Barrette.

« Je n'ai pas le pouvoir d'intervenir là évidemment, mais je trouve ça malheureux. »

— Gaétan Barrette, Ministre de la Santé du Québec

Il rappelle que le projet de loi vise « le territoire juridique où nous avons le pouvoir d'intervenir ». Ainsi, dès décembre, tous les établissements du réseau public de la santé auront l'obligation de mettre en place une procédure pour offrir l'aide médicale à mourir.

Le CHUM devra se conformer

Le ministre Barrette dénonce par ailleurs le refus des médecins du service des soins palliatifs du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) d'appliquer l'aide médicale à mourir. Il estime que leur position est « indéfendable ».

« De dire que sur [leur] étage de soins palliatifs ça n'arrivera pas, ils ne peuvent pas », dit le ministre. « Ça, ce sont des médecins qui se considèrent comme propriétaires de l'hôpital, ça n'a aucun sens », ajoute-t-il.

« Il y a des sanctions possibles. »

— Gaétan Barrette, Ministre de la Santé du Québec

La loi prévoit toutefois que les médecins qui ne veulent pas procurer l'aide médicale à mourir seront libres de refuser, mais les établissements pour lesquels ils travaillent devront trouver un moyen de répondre à la demande du malade.

Le ministre Barrette affirme que les patients du CHUM auront ainsi le même choix que ceux des autres établissements du réseau.

Les médecins du Québec recevront sous peu des directives pour encadrer l'aide médicale à mourir aux patients qui le demandent et qui répondent à certaines conditions, notamment de vivre des souffrances physique et morale intolérables. Ces lignes directrices ont été mises au point par le Collège des médecins du Québec avec l'aide de l'Ordre des pharmaciens du Québec et l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

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