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Pétrole sur l'île d'Anticosti : pas l'Eldorado annoncé, conclut l'IRIS (PHOTOS)

Pétrole sur l'île d'Anticosti : pas l'Eldorado annoncé? (PHOTOS)
Radio-Canada

L'exploitation pétrolière sur l'île d'Anticosti aurait un effet « marginal » sur l'économie du Québec tout en retardant « considérablement » les efforts de la province dans sa lutte contre les changements climatiques, conclut une étude de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS).

Dans le contexte actuel, il est « absurde » d'espérer que l'exploitation éventuelle du pétrole à Anticosti puisse être « un moteur pour l'économie québécoise à court ou à moyen terme », écrit le chercheur Bertrand Schepper.

« La hausse du produit intérieur brut [PIB] sera au mieux marginale, la création d'emplois aura peu d'impacts sur l'économie du Québec [...] et les retours d'investissement, à supposer que le projet soit réalisé, de peu d'importance. »

— Bertrand Schepper, chercheur à l'IRIS

« Peu d'impact » sur le PIB et la création d'emplois

Pour en arriver à ces conclusions, l'IRIS s'appuie sur un scénario hypothétique d'une exploitation de 360 millions de barils de pétrole qui s'étendrait sur 30 ans. L'organisme s'inspire notamment de l'extraction du pétrole de schiste dans l'état du Dakota du Nord, aux États-Unis.

« En moyenne sur 30 ans, la valeur provenant de l'extraction pétrolière représenterait une hausse [du PIB] de 1,49 milliard de dollars, soit 0,3 % de l'activité économique québécoise », estime Bertrand Schepper.

Selon son scénario, l'IRIS évalue aussi qu'au plus fort de la production en 2034, l'exploitation du pétrole sur l'île d'Anticosti constituerait autour de 718 emplois, dont 205 seraient des emplois indirects.

La note de l'IRIS met également en cause la rentabilité du projet. « Pour minimalement être rentable, il faudrait que le prix du baril de pétrole soit de 163,20 $, soit 2,94 fois le prix où il s'échangeait en août 2015 », soutient l'étude.

« Il est très peu probable que l'aventure d'Anticosti soit un Eldorado pour le Québec et pour les pétrolières. »

— Bertrand Schepper, chercheur à l'IRIS

Des conclusions « inexactes », dit MEQ

Pour sa part, l'association des Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) qualifie les conclusions de l'IRIS d'inexactes. Selon elle, le potentiel pétrolier de l'île d'Anticosti et les taux de récupération doivent être analysés puits par puits.

« La comparaison avec le Dakota du Nord ne peut être acceptée quand on sait que le potentiel géologique d'Anticosti se rapproche davantage de celui de la formation de l'Utica en Ohio. »

— Manufacturiers et exportateurs du Québec

Elle affirme que la seule façon de vérifier le potentiel pétrolier de l'île d'Anticosti est de mener une campagne d'exploration rigoureuse. « Peut-on attendre l'avis des autorités compétentes avant de se prononcer sur la viabilité ou non de nos projets au Québec? », s'interroge le président de MEQ, Éric Tétrault.

« Un pas en arrière » dans la lutte contre les changements climatiques

Dans son étude, l'IRIS croit que l'exploitation pétrolière sur l'île d'Anticosti représenterait un « important pas en arrière » dans l'atteinte du Québec des objectifs gouvernementaux et internationaux de diminution des gaz à effet de serre (GES).

« Si la totalité de l'exploitation du pétrole d'Anticosti était effectuée par la même entreprise, celle-ci serait la deuxième entreprise la plus polluante au Québec, selon les standards actuels », évalue Bertrand Schepper.

La société en commandite Hydrocarbures Anticosti, opérée par Pétrolia, continue de mener des forages exploratoires sur l'île. Si le potentiel du gisement se confirme, elle pourrait passer à l'étape des forages horizontaux avec fracturation dès l'été prochain.

Exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti

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