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Essai routier Kia Soul EV 2015 : vaincre sa nervosité

Kia Soul EV 2015: vaincre sa nervosité
Courtoisie

Je suis un fier résidant du 450. En fait, je vis même dans la banlieue un peu plus éloignée du 450. La perspective de conduire un véhicule 100% électrique pour une période d’une semaine me rendait donc un tantinet inconfortable, en sachant que j’aurais assez souvent des dizaines de kilomètres à parcourir quotidiennement.

Quand on m’a proposé de passer sept longues journées au volant de la Kia Soul EV, vous aurez compris ma grande hésitation. Je me voyais mal pris au milieu de la Montérégie, sans autre recours que d’appeler un remorqueur pour me ramener chez moi, au bout de mes ressources électriques.

Kia Soul EV 2015

Une situation que tous les non-initiés de la voiture électrique connaissent bien. Car, rappelons-le, la crainte de manquer de courant est certainement la plus grande raison pour laquelle les voitures électriques se vendent si peu. Ça, mais aussi le constat bien réel que la majorité des véhicules électriques (à l'exception de la Tesla Model S) ne peuvent pas dépasser 160 kilomètres en autonomie, peu importe la façon dont on les traite.

La Soul EV ne fait pas exception à la règle. Elle affiche dès le départ en gros chiffres bien visibles sa longévité espérée : 154 kilomètres. Le plus gros nombre que j’ai vu. Petit calcul rapide, partir de mon foyer, et faire Montréal aller-retour relève dans mon cas de l’utopie, à moins bien sûr que je ne trouve une borne de recharge accessible.

Mais encore faut-il que je puisse utiliser ladite borne de recharge. Car il faut bien se souvenir que le Circuit électrique et autre réseau de recharge du Québec ont besoin d’une carte de membre prépayée pour être accessible. Si comme moi vous êtes un utilisateur plus qu’occasionnel et que vous n’avez pas envie de geler quelques dollars de votre crédit dans l’anticipation de la conduite d’un VE, ces bornes deviennent inaccessibles ou presque.

Ce sont toutes ces considérations qui m’ont passé dans la tête au moment de prendre le volant de ma Kia Soul EV. Ma mission pour la semaine donc, c’est de prouver que la voiture électrique s’applique à plus d’utilisateurs que je ne le pensais.

Une voiture agréable

Avant de parler de ma randonnée, il convient cependant de présenter le véhicule. Car outre ma réticence au type de motorisation (ou plutôt à son autonomie), je dois bien admettre que la petite Kia Soul m’a plu au premier regard.

Évidemment, il faut aimer la silhouette carrée (qu’une amie a comparée à une boite à lunch) et le style résolument moderne du véhicule. Depuis sa sortie, et malgré son design véritablement exclusif, la Soul est sans conteste une véritable vedette sur la route et continue d’attirer les regards.

Mon Soul EV, revêtu de son bleu électrique le plus voyant, était aussi coiffé d’un toit blanc, et chaussé de jantes blanches au design conçu pour limiter la friction. Facile à comprendre donc que sa forme se mariait à la couleur soit, mais que le tout n’avait rien d’un modèle de discrétion.

Comme la version électrique n’a pas besoin d’un espace de refroidissement pour le moteur, on a remplacé la grille de la calandre par un clapet d’un seul bloc qui dissimule les branchements pour la recharge. Une simple pression d’un bouton dans l’habitacle fait ouvrir le clapet.

Bref, si on aime le style, il faut bien admettre que la Soul EV a de quoi attirer regards et admiration.

L’habitacle profite aussi d’un design sophistiqué, et d’une qualité de finition remarquablement haut de gamme. On peut peut-être dénoncer une abondance de boutons, notamment en bordure de l’écran d’affichage logé au centre de la console centrale, mais on s’y retrouve aisément avec un tantinet de pratique.

Détail spectaculaire, les bouches d’aération logées de chaque côté de la planche de bord sont surmontées d’un haut-parleur en surplomb; l’effet est moderne et totalement réussi. Un bon mot aussi pour les sièges bordés d’une moulure de cuir bleu rappelant la couleur de la carrosserie. Un autre effet de style réussi qui s’ajoute à un ensemble qui mérite l’admiration.

Même l’espace arrière est raisonnable, bien qu’on aurait pu souhaiter un peu plus de dégagement pour les jambes. Mais que l’on ait réussi à créer un espace de chargement arrière de bonne taille malgré la présence des batteries relève déjà de l’exploit, pas question de chipoter pour quelques millimètres.

Ce qui déçoit cependant de l’habitacle, c’est l’insonorisation. Bien sûr, parce que c’est une voiture totalement électrique, le moteur est complètement silencieux et ne rejaillit donc pas dans le cockpit. En revanche, les bruits de roulement sur chaussée moins parfaite se faisaient entendre avec insistance. Bruit que l’on parvient aisément à couvrir avec le son du système audio conçu lui pour les amateurs de musique.

100 % électrique

Ce qui intéresse l’acheteur du Kia Soul EV, c’est sa qualité de conduite et sa capacité d’autonomie. Bien sûr, la fiche technique affiche une autonomie maximale de 160 kilomètres. En revanche, certaines fonctions permettent d’augmenter cette autonomie (certains conducteurs ont affirmé avoir atteint 200 km), tout en ne faisant pas trop de compromis en matière de conduite.

Pour accumuler l’énergie, la Soul compte sur des batteries au lithium-ion polymère d’une capacité de 27 kWh installées sous le plancher. Cette disposition favorise une meilleure répartition des masses et abaisse le centre de gravité.

La motorisation électrique est estimée à une puissance de 109 chevaux, ce qui n’a rien pour décoiffer quiconque. Ce sont plutôt les 210 livres-pied de couple qui sont significativement plus importants, garantissant sous certaines conditions une accélération vive.

Car la conduite d’un véhicule électrique réside justement dans ces conditions. Ainsi, pour tirer le maximum de l’autonomie, il faut par exemple maximiser les freinages, la voiture récupérant l’énergie du freinage pour recharger les batteries.

On peut aussi mettre le tout en mode ÉCO, ce qui favorise la recharge lors de décélérations à toutes les vitesses, mais qui limite cependant les capacités d’accélérations vives. Enfin, comme pour tout véhicule électrique, la conduite sur autoroute doit idéalement se faire à quelques kilomètres-heures de moins que la limite permise, garantissant ainsi le maximum de la distance possible.

Petit gadget intéressant, la Soul EV est dotée d’un bouton « driver only » qui permet de limiter la climatisation au seul conducteur, limitant du même souffle l’usage inutile de puissance si la voiture ne compte qu’un seul passager.

Comme il se doit, la Soul affiche tous les détails de la conduite écologique, faisant même croître un arbre dans l’écran central si on atteint le niveau Eco 8, faisant du conducteur un véritable pilote vert.

Il faut se rappeler que la recharge complète de la Kia Soul prend plus de cinq heures si on dispose d’une borne de recharge de 220V. Si comme moi vous ne disposez que du réseau domestique, vous devrez compter 16 heures avant de récupérer 100% des capacités.

Enfin au volant

La Kia Soul a beau être agréable et moderne, il faut se sentir confortable à son volant. J’ai donc choisi la première journée de cégep de Fiston pour faire un véritable test : le reconduire à son école située à 64.5 kilomètres de la maison.

Le départ s’est effectué sans problème et outre le fait que j’avais planifié mes arrêts de recharge au retour si la situation l’exigeait, je me sentais confiant. C’est évidemment le retour qui me donnait plus d’inquiétude.

Finalement, malgré une bonne partie du chemin faite sur l’autoroute, je n’ai eu aucune difficulté à revenir à la maison, avec même quelque 33 kilomètres d’autonomie restante. Mais, car il y a toujours un mais, c’est la crainte de manquer de courant qui m’a le plus incommodé.

Pas question d’improviser : avant de partir, je me devais d’avoir un plan B en cas de pépin. Au retour, pas question non plus de repartir pour une randonnée autre que simplement pratique, dans mon environnement immédiat.

Ce court test m’a prouvé une chose : la Kia Soul EV est capable de grandes choses. Mais elle demeure un instrument nécessitant beaucoup de réflexion et ne s’adresse pas à tout le monde.

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