Le bruit se fait de plus en plus fort et persistant ces jours-ci : le vice-président songe, sérieusement, laisse-t-on entendre, à se lancer dans la course pour remplacer son patron. À 72 ans, Joe Biden en serait à sa troisième présidentielle. Une idée qui sent mauvais pour bien des démocrates.
Un billet de Yanik Dumont Baron
C'est un vieux rêve de Joe Biden que d'occuper le bureau ovale à la Maison-Blanche. La première fois qu'il s'est lancé dans la course, c'était en 1988. L'année où Gretzky a quitté Edmonton pour Los Angeles, l'année du libre-échange avec Brian Mulroney.
Cette course s'est rapidement terminée dans un scandale de discours (et travaux universitaires) plagiés. Biden a bien essayé de nouveau, en 2008. Cette fois, il ne faisait pas le poids devant Barack Obama et Hillary Clinton.
Vice-président depuis 2009, Joe Biden n'avait jamais vraiment fermé la porte à une troisième tentative. Mais depuis quelque temps, son entourage fait bien du bruit et rappelle que la porte est loin d'être fermée.
Échantillon de manchettes récentes : Biden consulte des partisans. Biden approche des donateurs. Biden invite chez lui (en « secret ») la porte-étendard de l'aile progressiste du Parti démocrate. Biden songe à l'impact d'une course sur sa famille...
Une alternative à Hillary Clinton
L'idée derrière ce bruit, c'est bien sûr une alternative à Hillary Clinton. Les questions éthiques et légales entourant l'utilisation d'un serveur personnel pour ses courriels de secrétaire d'État lui collent à la peau. Le parfum de controverse rend plusieurs démocrates nerveux. Plutôt que Bernie Sanders, le plan B serait Joe Biden. Celui qui pourrait battre les républicains si Clinton devient trop vulnérable.
Il y a beaucoup de difficultés avec cette éventuelle candidature : elle pourrait diviser le Parti démocrate et ses donateurs, comme la course entre Clinton et Obama.
Imaginez aussi quel argument Biden devrait avancer pour se distinguer de Clinton : n'aurait-il d'autre choix que d'adopter l'une des lignes d'attaques des adversaires républicains? Présenter Hillary Clinton comme « corrompue », « autocrate », comme une femme qui fait fi des règles. Il y a aussi l'idée qu'un septuagénaire blanc tente de ravir le titre historique de première présidente à une femme qui conserve encore bien des appuis.
Bref, l'idée d'une troisième course pour Biden sent mauvais. Pas étonnant que plusieurs démocrates lancent leurs propres signaux subtils. « J'adore Joe », explique une femme qui a fait campagne pour Obama en 2008. « Mais j'espère qu'il ne se lancera pas dans la course. Je crois vraiment qu'il n'y a personne de plus qualifiée [que Clinton] », dit elle en entrevue au site d'information Politico.