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Élections fédérales 2015 : les groupes jeunesse espèrent des solutions pour les stages non rémunérés (VIDÉO)

À quand un débat sur les stagiaires non rémunérés? (VIDÉO)

Des organismes jeunesse réclament une meilleure protection des jeunes travailleurs, dont la situation est de plus en plus précaire. Ils espèrent que les partis fédéraux se pencheront sur le cas des stagiaires non rémunérés qui sont sans-voix depuis le début de la campagne électorale.

Près de 300 000 personnes travailleraient sans salaire au Canada pour des entreprises – parfois les plus prospères au pays – en espérant obtenir un emploi payé.

Mais un flou persiste autour du statut des stagiaires. Le Code canadien du travail ne semble pas les protéger en cas d’abus des employeurs s’ils ne sont pas payés, fait remarquer la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) dans un rapport publié en novembre 2014.

Bien qu’il représente les jeunes au collégial, le président de la FECQ Antoine Côté pense que le gouvernement fédéral devrait reconnaître l’importance des stages payés. Du même souffle, il admet que les sociétés d’État devraient montrer l’exemple en offrant le salaire minimum aux stagiaires qui effectueraient le même travail qu’un salarié.

L’organisme Force Jeunesse entreprend une tournée des partis fédéraux afin de les sensibiliser aux clauses de disparité de traitement, qui discriminent les travailleurs nouvellement embauchés en n’offrant pas les mêmes avantages, par exemple. Mais les stages non rémunérés sont aussi dans leur ligne de mire.

« Une façon de maintenir la paix sociale [lors d’un ralentissement économique] c’est de garder les avantages sociaux en place et de ne pas offrir les mêmes aux nouveaux travailleurs, déplore Nolywé Delannon, présidente de Force jeunesse. L’arrivée de jeunes travailleurs va peut-être changer la donne. On ne peut plus équilibrer les forces sur le dos des jeunes générations. »

Jusqu’à présent, Force Jeunesse a rencontré le NPD et le Parti libéral du Canada, qui ont tous deux soutenu qu’une révision du Code de travail s’impose. Une autre rencontre avec le Bloc québécois est prévue sous peu. Aucun retour du Parti conservateur, pour l’instant.

Le député libéral Marc Garneau est d’accord pour dire que les conditions de travail changent et que la législation doit s’adapter aux nouveaux défis de l’économie. Il fait toutefois valoir que le Parti libéral avait entrepris une révision du Code du travail en 2005, peu avant d’être défaits par les conservateurs de Stephen Harper.

« C’est sur notre liste si on forme le gouvernement, bien sûr », a-t-il ajouté.

Le NPD avait déposé en 2013 un projet de loi d’initiative parlementaire pour mieux encadrer les stages bénévoles. Le député de Rosemont-La-Petite-Patrie Alexandre Boulerice, qui a rencontré Force Jeunesse cette semaine, rappelle que les libéraux et les conservateurs avaient voté contre.

« L’objectif visé par le NPD est d’éviter que les jeunes soient du cheap labour exploité par les entreprises. Un stage devrait toujours être formateur pour celui qui le suit et les conditions devraient être aussi respectueuses que celles des employés réguliers », dit-il, d’autant plus que le caucus de jeunes députés du NPD est « très sensible aux enjeux de la jeunesse ».

La FECQ croît que le stage non payé agit comme une nouvelle forme de précarité pour les jeunes, qui en ont souvent besoin pour acquérir de l’expérience de travail. Mais certains élèves moins bien nantis se voient obligés d’occuper un emploi étudiant payé en plus, ce qui a pour effet de retarder l’obtention de leur diplôme.

Cette tendance lourde de faire peser les problèmes économiques sur le dos des jeunes aura des conséquences fâcheuses à long terme, soutient Nolywé Delannon de Force Jeunesse. Le taux de chômage des 15 à 24 ans est deux fois plus élevé que la moyenne, sans compter qu’une infime minorité est syndiquée.

Qui plus est, les jeunes n’épargnent peu ou pas pour leurs vieux jours. Ils peinent déjà à joindre les deux bouts entre les dettes d’études et le travail « atypique » qui leur est souvent consacré – des emplois à temps partiel, sans avantages sociaux ni de cotisations intéressantes.

« Le stage est souvent un tremplin pour le marché du travail. Les seuls jeunes qui peuvent se le permettre sont des jeunes privilégiés, déplore Nolywé Delannon. Ça renforce les injustices sociales et oriente les travailleurs à aller vers le travail atypique. C’est dans ce sens que c’est un enjeu. »

Force Jeunesse préconise les régimes de retraite sectoriels afin de mieux répondre aux besoins des jeunes qui changent plus souvent d’emploi, mais aussi un changement législatif « avec des modalités précises à définir » pour mieux encadrer les stages non payés.

La FECQ, quant à elle, suggère des crédits d’impôt bonifiés pour encourager les entreprises à offrir un salaire à leurs stagiaires.

Dans tous les cas, les deux groupes espèrent qu’il y aura des annonces pendant la campagne électorale sur les modalités pour protéger les jeunes travailleurs.

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