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Élections fédérales 2015 : combien de sièges pour le Parti vert du Canada?

Combien de sièges pour le Parti vert?

Bien que les plus récentes projections donnent une course serrée entre les néo-démocrates et les conservateurs (les libéraux accusant un léger retard en troisième place), n’oublions pas les verts. Ils n’ont peut-être aucune chance de remporter le plus de sièges, mais ils pourraient bien mettre la main sur quelques-uns d’entre eux. Néanmoins, les chiffres actuels ne jouent pas en leur faveur. En particulier, le fait que Thomas Mulcair et son parti se débrouillent si bien dans les sondages complique la tâche des verts.

Elizabeth May est fort probablement hors de danger dans Saanich—Gulf Islands. Sa victoire dans cette circonscription, en 2011, a quelque peu constitué une surprise (et fut largement attribuable à la solide candidature et la personnalité de May), mais elle n’a pas à s’inquiéter, cette fois. Si les élections avaient lieu demain, elle aurait 100 % de chances de conserver son siège. Certains pourraient objecter qu’il est impossible de prédire quoi que ce soit avec certitude, mais ils devraient se souvenir que le présent modèle n’a jamais commis d’erreur dans un tel cas de figure.

Pourquoi sommes-nous si certains?

Premièrement, elle a gagné avec une avance de près de 10 points en 2011, ce qui n’est pas rien. Depuis, le Parti vert est en hausse en Colombie-Britannique (après y avoir obtenu 7,7 % des voix en 2011, les sondages lui accordent maintenant environ 9,5 % des inventions de vote). Ses principaux rivaux, les conservateurs, ont fortement chuté dans cette province. Ainsi, ce serait une surprise de taille et sans précédent s’il fallait que May ne parvienne pas à conserver son siège, du moins en ce moment. La performance de May durant le premier débat (possiblement le seul auquel elle sera invitée) ne lui fera également pas de mal.

La dirigeante des verts sait probablement cela. Elle n’ignore également pas que le fait de conserver son siège ne sera cette fois pas perçu comme une victoire pour son parti. Elle veut réaliser des gains et la question qui se pose est celle-ci: où?

Techniquement, le Parti vert compte trois députés. Deux d’entre eux n’ont cependant pas été élus sous la bannière verte. Bruce Hyer a quitté le NPD et s’est joint aux verts à la fin de 2013. Il l’a fait après avoir été mis à l’écart par son parti en raison de son vote pour abroger le registre des armes d’épaule. Il a facilement remporté la victoire dans Thunder Bay—Supérieur-Nord, en 2011, alors que le candidat des verts n’a obtenu que 3 % des voix (il avait aussi été victorieux dans cette circonscription en 2008, après y avoir été défait deux fois).

À moins qu’il ne garde avec lui la moitié de ses électeurs, le mieux qu’il puisse espérer est de diminuer suffisamment le vote NPD pour permettre à un autre parti de l’emporter (probablement les libéraux). Conserver 50 % des électeurs après avoir changé d’allégeance est pas mal inédit pour un député. En conséquence, nous ne nous attendons pas à ce qu’il soit réélu. Surtout pas avec la position occupée par le Parti vert dans les sondages, à peine supérieure à ses résultats provinciaux de 2011.

Au Québec, José Nunez-Melo a également décidé de se joindre au Parti vert, après avoir été élu comme néo-démocrate en 2011, en pleine vague orange. La différence dans son cas est qu’il n’a pas été en mesure de se faire désigner candidat dans sa circonscription, cette année. Il n’a donc décidé de faire le saut chez les verts qu’après ne pas avoir été autorisé à faire campagne pour le NPD. Et la nouvelle circonscription de Vimy (où il est candidat) est plutôt hostile aux verts. La transposition des votes ne donne que 1,9 % à son parti.

Compte tenu du fait que les verts s’en sortent actuellement plutôt mal au Québec (avec des résultats dans les sondages inférieurs à ceux du scrutin de 2011), il serait étonnant que M. Nunez-Melo l’emporte. En outre, il est peu réaliste de croire qu’il puisse conserver autant de votes que M. Hyer, qui a été impliqué dans le processus politique et a été élu dans sa circonscription pendant plus longtemps.

Ile semble que le Parti vert ne puisse pas vraiment s’attendre à beaucoup de ses deux députés “acquis”. Néanmoins, il y a une circonscription électorale où il a presque remporté la victoire lors d’une élection partielle, en 2012. En effet, Donald Galloway est passé à 3 points de battre le NPD dans Victoria. Pour le Parti vert, cela représentait une poussée de 22 points comparativement à 2011.

Jo-Ann Robert, une ancienne journaliste de CBC, y représente cette fois les verts. Peut-elle gagner? Oui, elle le peut. Les projections incluent certains scénarios faisant d’elle la deuxième députée fédérale verte. Mais cela demeure pour le moment fortement improbable. Tout d’abord, le modèle de projection tient compte des résultats de la partielle, mais ceux-ci sont jumelés aux résultats passés pour donner une moyenne. La raison est que les partielles sont différentes, ne serait-ce que parce qu’elles attirent moins d’électeurs. Passer proche de l’emporter lors d’une partielle est donc très différent d’un résultat similaire lors d’élections générales.

L’autre facteur défavorable au Parti vert est que cette fois, le NPD constitue son principal adversaire, et non pas les conservateurs. Les néo-démocrates dominent actuellement en Colombie-Britannique, où ils pourraient réaliser les gains nécessaires pour former le prochain gouvernement. Par conséquent, le Parti vert doit convaincre les électeurs de ne pas réélire un candidat néo-démocrate lors d’un scrutin au terme duquel son parti pourrait être victorieux pour la première fois. Ce n’est pas impossible.

Elizabeth May a démontré en 2011 que lorsque son parti ciblait une circonscription, il pouvait battre le candidat d’un parti susceptible de former le prochain gouvernement. Il existe toutefois une énorme différence entre faire cela lorsque vous êtes chef de parti (ayant pris part à deux débats télévisés à la grandeur du pays) et le faire à titre de simple candidat. Sans vouloir manquer de respect à Jo-Ann Robert, reproduire l’impact exercé par la candidature d’Elizabeth May est extrêmement difficile à réaliser en politique canadienne.

Il faut toutefois ne pas oublier que les modèles tels que les nôtres ne sont pas optimaux pour projeter les résultats d’une circonscription lorsqu’un candidat produit un tel effet, surtout parce qu’il est peu probable que de tels impacts se reflètent au niveau national ou provincial. Ce pourrait être une bonne idée de complémenter des projections statistiques telles que les nôtres avec des sites utilisant les données de gens sur le terrain, comme Election Prediction. Dans le cas de Victoria, cependant, il semble que nous soyons tous deux d’accord pour prédire une victoire du NPD en ce moment.

Tout n’est pas perdu pour les verts. La situation à Victoria rappelle les élections de 2013 en Colombie-Britannique. Andrew Weaver a fait campagne pour les verts provinciaux dans Oak Bay-Gordon Head et il a gagné. Il s’agissait d’une réussite majeure puisque Weaver est parvenu à accroître de plus de 30 points la part du vote de son parti, dont les progrès n’ont pourtant été que de 3 points à l’échelle provinciale. Cela traduit un impact personnel encore plus important que celui d’Elizabeth May en 2011. Jo-Ann Robert et les verts fédéraux peuvent-ils faire de même? Possiblement, mais c’est peu probable.

En conclusion, le Parti vert n’est actuellement pas en mesure de gagner des sièges simplement à cause de fluctuations nationales ou provinciales, pas même en Colombie-Britannique. En revanche, Elizabeth May est presque certaine de conserver son siège. Pour tous les autres, la victoire nécessitera un impact digne de celui exercé par un candidat vedette. En politique canadienne, cela est rare et pas assez important pour que l’on puisse croire que les verts obtiendront plus d’un siège. Cela dit, Thunder Bay—Supérieur-Nord et en particulier Victoria pourraient donner lieu à des surprises. Et cela pourrait bien constituer le mot de la fin: toute victoire du Parti vert, hormis celle d’Elizabeth May, serait inattendue.

Bryan Breguet a un baccalauréat ès sciences en économie de la politique et une maîtrise ès sciences en économie de l’Université de Montréal. Il a fondé en 2010 TooCloseToCall.ca où il fournit des analyses et projections électorales. Il a collaboré avec le National Post, Le Journal de Montréal et l’Actualité.

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