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Théâtre de la Fierté gaie - «Léo: une course contre la honte»: impossible de ne pas craquer (PHOTOS)

«Léo: une course contre la honte»: impossible de ne pas craquer (PHOTOS)
Courtoisie

Disons-le d’emblée, Léo: une course contre la honte est de loin la pièce la plus solide présentée dans le cadre de la Fierté gaie depuis des années. L’histoire imaginée par Puelo Gregory Deir et mise en scène par Philippe Gobeille raconte les hauts et les nombreux bas d’un jeune homosexuel tentant de faire sa place dans un environnement conservateur. Un personnage magnifiquement interprété par Alexandre Ianuzzi, seul sur la scène du Café Cléopatre pendant 90 minutes.

«Léo: une course contre la honte» à la Fierté gaie

Évoluant dans un décor de vestiaire d’équipe sportive, Léo passe en revue les éléments marquants de sa jeune existence. Une mère qui change d’amoureux à un rythme aussi effarant que son manque de discernement pour les choisir. L’obligation de déménager et de changer d’école à tout bout de champ. Son exclusion quasi naturelle de l’univers « propre » aux petits garçons: des goûts différents, une sensibilité exacerbée, un monde imaginaire enflammé, une absence magistrale de talent pour les sports, etc.

Le garçon se réfugie d’abord dans les livres, avant de réaliser que sa voix cristalline pourrait lui permettre de réaliser l’un de ses rêves: faire partie de la chorale de l’école et porter la tunique des servants de messe. Malheureusement, son audition en privé devant le curé aura des conséquences un peu moins joyeuses…

Qu’à cela ne tienne, Léo garde la tête haute. Dans sa nouvelle école, il se débarrasse de certains complexes, profite de son talent de coureur – hérité d’un passé à fuir ses détracteurs – pour faire belle figure en athlétisme et dans l’équipe de football. Un univers où il côtoiera bon nombre de jolis garçons se livant à des corps-à-corps sportifs, qui ont tôt fait d’enflammer son usine à fantasmes.

Fort d’une soudaine, bien qu’improbable, popularité, l’adolescent raconte avec désinvolture son premier béguin, ses premières expériences sexuelles, ses sorties dans les bars, ses amitiés pas toujours recommandables et ses premières actions de militant pour les droits des gais, tout en prenant conscience des effets engendrés par la succession d’hommes volatiles dans sa vie et la marginalité qui marquera à jamais son destin.

Alexandre Ianuzzi: une révélation

Bien qu’hésitant dans les cinq premières minutes du spectacle, Alexandre Ianuzzi est sans conteste la révélation de la soirée. Offrant une prestation tout en nuances, il évoque les premières années de son personnage avec une candeur et dégaine physique qui n’est pas sans rappeler celle de l’auteur et comédien Simon Boulerice, avant de se transformer en jeune homme déterminé, confiant et charismatique. Misant sur une réserve d’énergie à toute épreuve et un jeu physique qui garde nos sens en éveil, le comédien possède également une très jolie voix dans les portions chantées, un talent incontestable pour la danse, ainsi qu’une capacité d’abandon fascinante à observer.

Malgré quelques petites longueurs, le texte de Deir est cocasse, touchant, débordant de vérité et de répliques percutantes. On se questionne sérieusement sur la façon dont l’auteur a laissé en plan certains éléments dramatiques: les actions pédophiles du curé et du beau-père sont balayées sous le tapis comme s’ils n’avaient presque aucune influence sur le jeune homme. N’empêche, l’œuvre du créateur est de loin supérieure à tout ce que l’organisation de Fierté a présenté par le passé.

Autre petit bémol purement technique: assurez-vous d’arriver tôt au Café Cléopatre pour profiter des canapés installés devant la scène, afin de ne pas subir les affres des chaises désormais classées parmi les plus inconfortables de l’histoire des chaises. Si ce n’était de la charmante histoire de Deir, de la mise en scène rythmée de Gobeille et de la prestation endiablée d’Ianuzzi, on aurait probablement trouvé notre corps inanimé au plancher, quelque part en fin de soirée…

Léo: une course contre la honte sera présentée jusqu’au 23 août au Café Cléopatre. Cliquez ici pour plus de détails.

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