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«Destination Santé», premier salon du tourisme médical à Montréal (VIDÉO)

Montréal accueille son premier salon du tourisme médical (VIDÉO)

Montréal accueille le premier salon du tourisme médical au Canada. « Destination Santé », qui se tient au Palais des congrès jusqu'au 15 août, offre des renseignements sur les services médicaux accessibles à l'étranger, notamment en Amérique latine. Le Collège des médecins du Québec appelle toutefois les malades à y penser à deux fois avant de confier leur vie à des professionnels de l'étranger.

Les organisateurs de l'événement, CanSanté et MedBrick, soutiennent que le tourisme médical est en pleine expansion chez les Canadiens.

Selon l'Institut Fraser, plus de 52 000 Canadiens se sont rendus à l'étranger en 2014 pour obtenir des services médicaux et dentaires non urgents. C'est une augmentation de 26 % par rapport à l'année précédente.

L'Institut soutient également que les Canadiens dépensent plus de 400 millions de dollars américains chaque année pour obtenir des services médicaux à l'étranger, soit plus de 500 millions de dollars canadiens.

Une pratique controversée

Les critiques envers le tourisme médical sont nombreuses. Des experts estiment que le phénomène encourage le marché noir lié aux greffes d'organes. D'autres soutiennent que le tourisme médical détourne le personnel local vers des hôpitaux qui accueillent les étrangers, mais qui exigent des coûts que ne peuvent se permettre les populations locales. Cliquez ici pour entendre l'avis de Loïc Menvielle, professeur associé de marketing à la EDHEC Business School de Nice.

Listes d'attente

Que ce soit pour une opération à la hanche ou aux yeux, les Canadiens doivent souvent attendre des mois avant d'être soignés dans le système public.

Le PDG de MedBrick, Pablo Castillo, soutient qu'au Québec, la liste d'attente pour le remplacement d'un genou est de un an à un an et demi. Cette chirurgie peut toutefois se faire beaucoup plus rapidement en Amérique latine, en déboursant « de 10 000 $ à 15 000 $ » estime M. Castillo.

Et si elles doivent opter pour le privé, plusieurs personnes peuvent être tentées par les prix moins élevés offerts ailleurs.

Par exemple, une chirurgie bariatrique, qui coûte environ 20 000 $ au Canada, peut-être réalisée pour moins de 7000 $ dans un hôpital guatémaltèque.

Liste des pays étrangers représentés au salon Destination Santé : Guatemala, Mexique, Royaume-Uni (Îles Turques-et-Caïques), États-Unis, Cuba, République dominicaine, Géorgie, Panama, Costa Rica, Pologne, Argentine, France.

Des forfaits tout-inclus

Pour réaliser le voyage, il faut toutefois ajouter plusieurs autres dépenses au montant de l'opération.

Des facilitateurs, comme Guillaume Debaene, de l'agence MediTravel, proposent justement des forfaits, qui comprennent la procédure médicale, le billet d'avion et l'hôtel.

« On propose de tout organiser pour vous, de faciliter la démarche et de vous mettre en rapport avec le chirurgien », offrant en outre « de prendre soin de tout l'aspect qui arrive après la procédure, que ce soit la réhabilitation ou le retour à la maison ou la prise en charge dans le système canadien ».

L'industrie a par ailleurs développé une assurance complications, qui coûte de 400 $ à 3000 $, pour essayer de diminuer les craintes de complications associées à ces procédures médicales, même si, selon Pablo Castillo, la plupart des interventions pratiquées à l'étranger sont réussies.

Le Collège des médecins appelle à la prudence

Le Collège des médecins du Québec a pour sa part de « grandes réserves » quant aux traitements offerts à l'étranger.

Le secrétaire adjoint de l'ordre, Jean-Bernard Trudeau, conseille à ceux qui seraient tentés par l'aventure de bien s'informer avant de prendre une décision.

« Ces gens-là sont d'abord là pour faire de l'argent, faire du profit, alors il faut garder ça en tête. »

— Jean-Bernard Trudeau, secrétaire adjoint du Collège des médecins

Le Dr Trudeau dit également qu'avant d'aller chercher à l'étranger un traitement non disponible au Canada ou non accepté par les régimes de soins médicaux des provinces, il faut s'assurer qu'il soit reconnu scientifiquement.

Le médecin appelle donc à la responsabilisation de ceux qui veulent obtenir ce type de service, et à « aller chercher toute la documentation avant et toute l'information pendant » la procédure.

Il demande aussi à ce que cette information médicale soit disponible dès le retour au pays. Ainsi, en cas de complications, les médecins canadiens seront à même de faire le suivi.

On assiste aussi au phénomène inverse, c'est-à-dire que des étrangers viennent ici bénéficier de services auxquels ils n'ont pas accès dans leur pays. Mais comme les prix sont élevés dans nos hôpitaux, le Canada est loin d'être une destination de choix en matière de tourisme médical.

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