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Des données web sur les urgences passent à la trappe

Des données web sur les urgences passent à la trappe
Shutterstock / sfam_photo

La restructuration du réseau de la santé, qui a entraîné l'abolition des agences régionales, a des effets insoupçonnés... comme la disparition des taux d'occupation de certaines urgences du Grand Montréal, qui étaient publiées sur le web. Certains estiment que c'est inadmissible à l'ère des technologies mobiles et des données ouvertes.

Un texte de Marie-Ève Maheu

Ces dernières années, la plupart des Agences régionales de la santé avaient pris l'habitude de mettre en ligne leurs données sur la situation des urgences. Avec la réorganisation du système, en avril, les informations pour l'Hôpital de la Cité-de-la-Santé, à Laval, et dix hôpitaux de la Montérégie sont passées à la trappe.

Stéphane Boyer, cofondateur de l'application mobile Doctr, qui centralise les taux d'occupation des urgences du Québec, déplore cette disparition. « C'est une information qui est importante et qui à nos yeux doit continuer d'être disponible pour les gens. On ne veut pas que ces informations soient oubliées dans la restructuration du réseau de la santé », dit-il.

M. Boyer doit rencontrer le ministère de la Santé ces prochaines semaines pour plaider en faveur du retour de ces données. Selon lui, le réseau y gagne autant que le public, en favorisant une meilleure répartition des patients.

« C'est sûr que si j'ai le choix entre une urgence qui est occupée à 150 % de sa capacité ou de conduire 15 minutes de plus pour aller dans un hôpital qui lui est à 80 %, au final, je vais rouler 15 minutes de plus pour sauver plusieurs heures. »

Pas une obligation

Le ministère de la Santé ne demande pas aux nouveaux centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) de rendre publiques ces données, puisqu'il les juge incomplètes. Le taux d'occupation prend seulement en compte les patients sur civières, qui représentent environ le tiers des visites aux urgences. « Selon nous, ce n'est pas nécessairement un bon indicateur pour le choix d'une urgence », dit la porte-parole du ministère Marie-Claude Lacasse.

D'ailleurs, certaines régions, comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean, l'Abitibi-Témiscamingue, la Gaspésie et la Côte-Nord, n'ont jamais mis en ligne leurs données.

Malgré tout, la Montérégie dit travailler à ramener les données d'ici quelques semaines, voire quelques mois. De son côté, Laval y réfléchit.

Pour Pierre Blain, du Regroupement provincial des comités des usagers, il est grand temps que le ministère entre dans le 21e siècle.

« C'est pitoyable. Ce n'est pas normal maintenant en 2015 qu'on ne puisse pas trouver ces informations-là. »

Pierre Blain, du Regroupement provincial des comités des usagers

Stéphane Boyer, lui, voudrait que le ministère centralise l'information et la partage chaque heure. Il souligne que Montréal ne fait qu'une mise à jour quotidienne, contrairement à d'autres régions.

Il souhaiterait également que d'autres informations que le taux d'occupation soient rendues publiques, comme comme le temps entre l'arrivée du patient aux urgences et le moment où il voit un médecin.

« En théorie, c'est une information qui existe puisque quand on arrive à l'urgence, on s'enregistre, on passe sa carte soleil, puis, de l'information est entrée quand on va au triage, même chose lorsqu'on voit le médecin. Donc si les informations sont entrées dans le logiciel interne de l'hôpital, c'est juste une question d'y avoir accès. »

Ainsi, il croit qu'il serait possible, avec de la volonté, de donner aux Québécois un estimé du temps d'attente dans les urgences, selon le niveau de priorité du patient. « Ça ne demande pas de changer les pratiques dans le milieu de la santé, pas de nouveau logiciel. C'est juste de diffuser l'information d'une manière compréhensible et accessible à tous. »

L'intérêt des Québécois pour ce genre d'information est indéniable, selon lui. À preuve, dit-il, son application Doctr, lancée en juillet, a été téléchargé environ 50 000 fois.

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