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Programmation 5 étoiles pour les 40 ans de La Licorne (PHOTOS)

Programmation 5 étoiles pour les 40 ans de La Licorne (PHOTOS)
Suzane O'Neil

Phare du théâtre contemporain montréalais, La Licorne célèbre son quarantième anniversaire avec une programmation forte, composée d’oeuvres sur la tuerie norvégienne en 2011, un voyage dans une ville où il ne se passe rien, une nouvelle odyssée des Éternels pigistes, des questionnements sur la parentalité, un docu-théâtre sur la mort de Fredy Villanueva et le retour de deux des pièces les plus marquantes de la dernière décennie.

Directeur artistique du théâtre pour une septième saison, Denis Bernard s’est dit particulièrement fier que l’institution ait soufflé 40 bougies. « C’est un exploit qui s’explique par une série de petits miracles au quotidien! L’année dernière, nous avons connu un record d’assistance, alors que 39 200 des 40 000 billets ont trouvé preneurs. Cette année, on a voulu concocter une programmation anniversaire », a-t-il déclaré lors du dévoilement.

Parmi la quinzaine de pièces à l’affiche, on remarque Les Événements, une œuvre de fiction inspirée de la tuerie survenue sur l’île Utøya en Norvège, en 2011. Imaginée par David Greig, à qui l’on doit Yellow Moon et Midsummer, la pièce est décrite par Denis Bernard comme une grosse étreinte, malgré le côté sordide de l’histoire. « On suit un jeune homme, le tueur, qui pénètre dans une salle d’immigrants. Son but est de tuer le plus grand nombre de gens, lui qui, sans talent aucun, tente de marquer les pages de l’histoire. La pièce met en relief le malaise face à la fragmentation de la société, avec l’arrivée massive d’étrangers. Et l’auteur tente de comprendre l’origine du mal pour que le monde continue de chanter… C’est une pièce d’une très grande humanité. »

La Licorne, saison 2015-2016

Les acteurs Sophie Cadieux et Maxime Dénommée, qui formaient un couple dans l’émission Rumeurs et qui ont collaboré dans la pièce Après la fin, se donneront la réplique dans Des Arbres. « En ces temps d’austérité et de catastrophe écologique annoncée, des amoureux se questionnent sur leur volonté de mettre un enfant au monde », relate Jean-Denis Leduc, directeur fondateur. « La pièce a été écrite pour être jouée sans décors ni costumes pour évoquer les changements de temps ou d’atmosphères. Toute l’action est dans le verbe. C’est un long dialogue sans interruption, jusqu’à la fin de vie des personnages. C’est drôle et touchant », explique le metteur en scène Benoît Vermeulen.

Ayant pratiquement élu domicile à La Licorne depuis leurs débuts, Les Éternels Pigistes reviennent à la charge avec une sixième création signée par Isabelle Vincent : La mort des éternels. Une œuvre décrite par l’auteure et comédienne comme une odyssée sur le vieillissement à mi-chemin entre la réflexion philosophique et du Ti-Gus et Ti-Mousse sur l’acide. « Comme je suis très intriguée par la mort, j’ai fait une enquête auprès des parents de mes collègues acteurs pour savoir comment ils appréhendaient leur mort, en plus de fouiller les écrits des philosophes français du 20e siècle sur la finitude. À notre époque de narcissisme absolu, j’ai imaginé quatre artistes sur un voilier qui veulent se suicider artistiquement en mettant en scène leur propre fin, et qui rencontreront des fantômes transgenres sur leur route. Chacun de nous jouera son parent de sexe opposé. »

Au cœur de la programmation figure également le retour de Tu te souviendras de moi pour une troisième année. Écrite par François Archambault et portée par l’incomparable Guy Nadon, la pièce qui s’interroge sur la mémoire et la transmission reviendra trois semaines à Montréal, lors d’une tournée de 88 dates entre Caraquet et Vancouver.

On salue la reprise de Tribus, l’une des plus belles œuvres de théâtre des dix dernières années. Histoire drôle, vraie et extrêmement touchante sur le langage et la réalité d’un jeune homme sourd, au sein d’une famille en mal de communication, le texte de Nina Rain – qui sera joué en version originale au Centre Segal dès le 29 novembre – risque d’en bouleverser plus d’un.

Soulignons le retour de Jean-Philippe Lehoux, qui ouvre la saison pour une deuxième année d’affilée, après le succès de Napoléon Voyage (repris au Rideau Vert cet automne). Dès le 31 août, il racontera avec lucidité et autodérision ce qu’il y a à faire à Normal, ville de 55 000 âmes en Illinois. « On va découvrir le labyrinthe d’un champ de maïs, le Motel 6 et le fameux rond-point, souligne-t-il pince-sans-rire. La municipalité m’a été suggérée par les spectateurs de La Licorne à qui j’ai demandé quelles étaient les plus grandes destinations contournables de la planète. Je m’y suis rendu en octobre 2013 pour savoir ce qu’il y avait à voir là-bas. »

Récipiendaire du prix Gratien-Gélinas en 2006, la pièce Voiture américaine de Catherine Léger sera montée à La Licorne par la troupe de la Banquette arrière. Une histoire sur fond de planète post-apocalyptique, où le chaos et la loi du plus fort règnent en rois et maîtres, sans toutefois empêcher les humains d’être en quête d’absolu, d’amour, de musique et de beauté.

Les Contes urbains cèderont leur place à la Foirée montréalaise, soirée de poésie, de slam, de chansons et de spoken word orientée sur un « village » montréalais par année, façon soirée canadienne. Au programme en décembre 2015 : des textes sur Ville Saint-Laurent.

Avec délicatesse et finesse, mais sans complaisance, la comédienne et auteure Nathalie Doummar plongera les spectateurs dans une histoire d’amies de filles, qu’on suit de la tendre enfance jusqu’à l’âge adulte dans Coco.

Mentionnons en terminant la présence de Fredy, un théâtre documentaire écrit par Annabel Soutar (Grains, Sexy Béton) sur l’affaire Villanueva. Une œuvre d’autant plus actuelle dans le contexte nord-américain des derniers mois, avec les meurtres de jeunes de couleur par des policiers. « La pièce demande à la société québécoise de décortiquer sa relation avec le racisme et d’analyser les 60 secondes qui se sont écoulées entre l’entrée des policiers dans le parc ou se trouvait Fredy Villanueva et le moment où ils ont tiré sur lui », explique l’auteure.

Cliquez ici pour plus de détails sur la programmation 2015-2016 de La Licorne.

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