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Le secteur immobilier est partagé quant aux impacts du crédit à la rénovation

Crédit à la rénovation: le secteur immobilier est partagé

TORONTO _ Les experts en immobilier sont plutôt partagés quant aux impacts que pourrait avoir, sur le marché canadien, le nouveau crédit d'impôt à la rénovation promis par les conservateurs dès le début de cette campagne électorale.

Certains croient que la mesure fiscale pourrait alimenter un marché pourtant déjà très effervescent, alors que d'autres demeurent sceptiques quant à ses impacts réels sur le secteur immobilier.

Ahmed Helmi, courtier immobilier dans la région de Toronto pour Royal LePage, soutient que le crédit d'impôt pourrait encourager les propriétaires à rénover leur résidence et à y rester, ce qui réduirait le nombre de maisons sur le marché de la revente. Dans un marché très actif comme celui du Grand Toronto, cette réduction de l'offre pourrait faire augmenter encore davantage le prix des maisons, croit M. Helmi.

Mais son collègue Desmond Brown pense, lui, que la promesse de Stephen Harper de pérenniser cette mesure fiscale _ si l'économie le permettait _ n'aurait "aucun impact" sur les marchés, parce que le crédit d'impôt proposé n'est pas assez attrayant.

Un tel crédit d'impôt à la rénovation avait été mis en place pour la première fois en 2009, à titre de mesure temporaire, pour soutenir la consommation en période de récession, juste après la crise financière de 2008. Le programme fédéral prévoyait un crédit d'impôt non remboursable de 15 pour cent sur les dépenses engagées pour des rénovations domiciliaires annuelles, jusqu'à concurrence de 10 000 $ en dépenses totales.

Le nouveau programme proposé par les conservateurs prévoit toujours un crédit d'impôt non remboursable de 15 pour cent, mais sur un montant maximal de 5000 $ par année.

"On ne va pas loin avec 5000 $", fait remarquer M. Brown. "Un plancher de cuisine, peut-être..."

Un autre courtier torontois, Derek Ladouceur, estime que cette mesure fiscale pourrait, certes, encourager ce petit nombre de Canadiens qui achètent une maison qui vieillit mal pour la revamper et la remettre ensuite sur le marché. Mais ce crédit d'impôt ne devrait pas avoir d'impact réel sur le marché dans son ensemble, selon lui. "Ce n'est pas très logique de créer un incitatif dans le seul secteur économique qui performe bien présentement", croit-il.

Lutter contre le travail au noir

David Madani, de la firme d'études macroéconomiques Capital Economics, pense que le gouvernement conservateur "joue avec le feu" en encourageant les propriétaires à s'endetter davantage _ il rappelle que la plupart des Canadiens financent leurs rénovations en hypothéquant leur maison.

"Le gouvernement compte vraiment trop sur le secteur immobilier pour assurer sa subsistance économique, en dépit des nombreuses mises en garde servies par la Banque du Canada et des institutions internationales, notamment le FMI (Fonds monétaire international) et l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques)", soutient l'économiste Madani dans un courriel.

Pour Will Dunning, économiste principal à l'Association canadienne des conseillers hypothécaires accrédités, les programmes de ce type ne modifient pas vraiment le comportement des consommateurs _ au mieux, ces mesures subventionnent et accélèrent des projets de rénovation qui auraient de toute façon été entrepris un jour ou l'autre.

"Bien sûr, on pourrait assister à court terme à une vigueur soudaine (dans le secteur de la rénovation), mais ce phénomène serait plus tard neutralisé _ disons: l'année suivante _ puisque les travaux qui auraient dû être effectués cette année-là seraient déjà réalisés."

l'Association canadienne des constructeurs d'habitations, par contre, on croit que le crédit d'impôt permettrait de lutter contre le travail au noir, un "problème chronique" dans l'industrie de la rénovation et de la réparation. "Pour obtenir le crédit d'impôt, il faut présenter des reçus", rappelle dans un communiqué le directeur de l'association, Kevin Lee. "Cela permet aussi de protéger les propriétaires contre des entrepreneurs payés comptant et qui disparaissent après des travaux mal exécutés ou des promesses non tenues."

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