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À quoi je joue? Je joue de...l'éponge, un nouvel instrument conçu à Montréal (VIDÉOS)

À quoi je joue? Je joue de...l'éponge (VIDÉOS)
Radio-Canada

Un nouvel instrument de musique conçu à Montréal commence à faire parler de lui : « l'éponge » produit des sons fascinants, voire étranges, qui repoussent la frontière de l'acoustique et du numérique. Son créateur s'est déjà produit dans plusieurs villes du monde et il sera bientôt possible de le voir jouer... dans le métro.

Un texte de Jérôme Labbé

Les premières notes produites par l'éponge peuvent surprendre les néophytes.

Son créateur, Martin Marier, termine son doctorat à l'Université de Montréal. Sa thèse porte sur un étrange coussin équipé d'accéléromètres, de capteurs et de boutons, qui réagissent aux torsions, aux tapotements et à l'orientation déterminés par son interprète. Les données sont ensuite transmises à un ordinateur par le biais d'un protocole de communication sans fil similaire au wifi, le Xdee. Enfin, ces données sont associées à des sons et à des notes grâce à un logiciel de programmation utilisé dans le milieu de la musique électronique, Supercolider.

Voilà pour les explications techniques.

Martin Marier, lui, présente sa création comme un instrument permettant d'allier de façon instinctive la « physicalité » et le numérique.

« Je pense que les sons électroniques offrent des possibilités qui sont nouvelles, que nous ne sommes pas capables de produire avec des instruments acoustiques traditionnels », explique-t-il. « Sauf que ces sons-là sont souvent produits à partir de synthétiseurs ou d'ordinateurs. Il n'existe pas réellement de liens entre la physicalité - le geste de l'interprète - et le son qui est produit par la machine. Ce que j'ai cherché à faire, c'est de rétablir le lien "geste-son" qui existe dans le monde des instruments acoustiques ».

Londres, Sydney, Atlanta; Martin Marier parcourt le monde pour faire connaître l'éponge. Il partage souvent la scène avec Myriam Bleau, une autre « épongiste ». Actuellement, seules cinq ou six personnes savent comment jouer de l'éponge.

L'éponge peut reproduire à peu près n'importe quel son, mais il a sa propre personnalité.

« Cet objet-là, physiquement, il a une forme, un comportement, explique Martin Marier. Il dit quelque chose. Il parle. Il a envie de faire certains types de son plus que d'autres. Si j'essayais de jouer du violon avec, ça pourrait marcher, mais ça ne serait pas nécessairement intéressant, dans le sens qu'on a déjà un violon qui est déjà bien foutu [sic] pour jouer du violon. »

Martin Marier travaille actuellement sur un système de correspondance qui vise à reproduire le son... du feu. Il compte ensuite s'attaquer au bruit de la pluie qui tombe ou de la glace qui craque; des sons plus complexes, aux limites de la musique expérimentale.

L'éponge repousse la frontière de l'acoustique et du numérique, selon le directeur de thèse de Martin Marier.

« Quand on voit quelqu'un jouer de la guitare, on sait que le contrôle intime du son est fait par la personne, alors qu'en musique électronique, c'est très difficile d'atteindre ce niveau d'intimité là, parce qu'il y a toujours une boîte noire quelque part, explique Jean Piché, professeur de composition à l'Université de Montréal. Dans le cas des instruments comme celui qu'a développé Martin, on se rapproche de plus en plus vers une physicalité qui est évidente. »

Cette idée, de rendre la musique numérique « préhensile », ouvre la porte à une forme de virtuosité, prédit-il.

Quel avenir pour l'éponge?

Pour l'instant, l'éponge s'adresse surtout à un public averti, composé essentiellement d'académiciens. Certaines universités ont d'ailleurs déjà manifesté l'envie de se procurer des éponges, que Martin Marier fabrique lui-même. À terme, ce dernier souhaiterait toutefois intéresser le grand public.

« Je projette d'aller jouer dans le métro bientôt pour essayer de surprendre les gens, voir comment ils réagissent... Ça m'intéresse vraiment, en tout cas, de savoir comment les gens vont réagir. »

En attendant, Martin Marier montera sur scène le 19 août dans le cadre Toronto International Electroacoustic Symposium 2015.

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