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Des sites d'art rupestre découverts en Abitibi-Témiscamingue

Des sites d'art rupestre découverts en Abitibi-Témiscamingue
Radio-Canada

Cinq sites d'art rupestre sont répertoriés en Abitibi-Témiscamingue. Daniel Arsenault, professeur en histoire de l'art à l'UQAM, est à l'origine de la découverte de plusieurs d'entre eux. Il partira bientôt à la découverte d'un sixième site, qui lui révélera peut-être de nouvelles oeuvres créées par les Premières Nations il y a des millénaires.

L'art rupestre des Premières Nations

Dans l'imaginaire populaire, l'art rupestre est généralement associé à l'âge de pierre, aux hommes de Cro-Magnon. Les recherches de Daniel Arsenault dévoilent que l'art rupestre peut se révéler sous d'autres aspects. Ses recherches sont orientées vers « des formes d'expression visuelle que les gens utilisaient autrefois. Dans le cas qui nous concerne, on parle de groupes de gens de langue algonquine, puisqu'on parle de l'Abitibi-Témiscamingue », établit-il.

Les oeuvres peuvent se trouver sur des falaises, des rochers, sur des blocs erratiques, souvent près de cours d'eau. La plupart du temps, les peintures ont été faites avec une matière colorante minérale appelée l'ocre, de couleur rougeâtre. L'ocre était souvent appliqué avec les doigts. Mais des gravures ont également été retrouvées.

Que ce soit du côté de l'Abitibi ou du Témiscamingue, au moins cinq sites ont été authentifiés, notamment près de Rouyn-Noranda et dans le secteur de Duparquet. Il s'agit du quart des sites découverts au Québec en entier, qui compte environ une vingtaine de sites d'art rupestre répertoriés. Au Canada, Daniel Arsenault dénombre environ 4000 sites, dont plus de 1500 se trouveraient en Colombie-Britannique.

Les oeuvres découvertes dans la région jusqu'à maintenant n'ont pas été datées officiellement. Cependant, selon M. Arsenault, en faisant le parallèle avec d'autres sites datés, notamment sur la Côte-Nord, il est possible d'avancer que les dessins rupestres qui se retrouvent dans la région peuvent avoir été créés il y a entre 2000 et 3000 ans.

Expression et symbolisme

Dans beaucoup de cas, la fonction de ces oeuvres est religieuse. « On veut exprimer un rapport avec les forces surnaturelles, les entités qui vivent dans le monde surnaturel. Les sites, parfois, expriment ce lien très fort avec le suprasensible », explique-t-il. Certaines visions spirituelles sont parfois traduites en images rupestres. M. Arsenault explique le rituel qui menait à ces visions.

Dans d'autres cas, les images rupestres peuvent être liées aux événements historiques que des groupes ont vécus. L'art rupestre peut, par exemple, commémorer des victoires. Certaines oeuvres revêtent aussi une fonction très pragmatique. « Ça peut être simplement d'indiquer un endroit spécifique, un lieu de rencontre, un lieu où il y a des richesses naturelles à exploiter. Alors on va dessiner sur le rocher un parcours à faire. Ça peut être l'indication d'une route à suivre pour les gens qui viennent plus tard. Alors il n'y a pas toujours une dimension ouvertement religieuse », précise-t-il.

Des sites étudiés depuis les années 70

« J'ai commencé mes recherches au début des années 90. Il y avait déjà des sites connus, dont un qui avait été étudié dans les années 70, près de Rouyn », relate Daniel Arsenault. Marc Côté, archéologue bien connu dans la région, décédé en 2014, avait aussi informé M. Arsenault de la découverte de certaines gravures.

Pour découvrir de nouveaux sites, Daniel Arsenault se base sur des témoignages, mais aussi sur ses études de cartes, d'écrits et de documents historiques. Ces données lui permettent d'orienter ses recherches.

Une fois sur le terrain, la recherche de sites d'art rupestre implique souvent des aventures rocambolesques. Et les découvertes qui en découlent sont parfois tout aussi impressionnantes. Voici d'ailleurs le récit d'une découverte faite dans la région.

Sites secrets

Daniel Arsenault et ses collègues archéologues ne divulguent pas les emplacements exacts de ces sites, de manière à respecter la volonté des Premières Nations pour qui ces endroits revêtent souvent un caractère symbolique sacré. La divulgation des emplacements de ces sites pourrait également donner le goût à certains malfaisants d'abîmer les oeuvres.

Par contre, Daniel Arsenault invite la population à lui communiquer toute information pouvant mener à la découverte de nouveaux sites d'art rupestre. Des chasseurs et pêcheurs qui parcourent le territoire lui ont souvent donné des informations relatives à de tels sites. D'ailleurs, les sites authentifiés seront rebaptisés en l'honneur de leurs découvreurs.

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