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«Grandmas Project», un web-docu qui mêle grands-mères, recettes et histoire (VIDÉOS/PHOTOS)

«Grandmas Project», un web-docu qui mêle grands-mères, recettes et histoire (VIDÉOS/PHOTOS)
The Grandmas Project

L’objectif du réalisateur Jonas Pariente: «partager l’héritage le plus délicieux du monde», à travers un web-documentaire où les gens sont invités à montrer en vidéo une recette de leur grand-mère. Tout en expliquant leurs secrets culinaires, les aïeules racontent leurs histoires mais aussi l’Histoire, de la révolution féministe à la dislocation de la Yougoslavie… et pourquoi pas aussi l’immigration québécoise.

«Je me sens polonais ou égyptien à travers des saveurs», raconte Jonas, Français dont les grands-parents ont émigré de Pologne et d’Égypte. La cuisine est un important marqueur de son héritage familial. C’est une des raisons qui l’ont poussé à lancer Grandmas Project, une idée sur laquelle il travaille vraiment depuis deux ans et demi. À l’origine de ce projet de web-documentaire collaboratif, il y a la volonté d'inviter les gens à réfléchir sur la relation avec leur grand-mère, et à l’héritage, notamment culinaire, qui passe d’une génération à une autre.

Ce projet, c’est celui d’une plateforme interactive qui regroupera de courts films, chacun construit autour d'une recette, qui seront classées selon les ingrédients utilisés, le pays d’origine, la langue et les événements historiques dont les grands-mères ont été témoins. «Le web-docu donne la possibilité de toucher plus de personnes qu’un documentaire classique, explique Jonas. Je voudrais viser le grand public via Internet, grâce au partage gratuit des films.»

Sauver un patrimoine

Dans l’une des vidéos pilotes du projet, la réalisatrice Iva Radivojevic évoque la dislocation de la Yougoslavie où elle est née et la fuite de sa mère à Chypre, avec en trame de fond la recette du knedle que cuisinait sa grand-mère Dragica lors de ses visites annuelles sur l’île.

Et puis il y a les anecdotes personnelles... Lors du tournage du pilote de Mathias Magin, qui filme à Sao Paulo la recette des feuilles de vigne farcies de sa grand-mère libanaise Rosa, le réalisateur apprend que son aïeule a perdu un bébé. Jonas découvre quant à lui en filmant sa «Nano» qu’elle a toujours voulu être pédiatre, mais que son père puis son mari n’ont jamais voulu qu’elle fasse d’études.

L’aspect historique, c’est aussi pour témoigner de ce rôle de matriarche qu’avaient nos grands-mères, souvent mères au foyer. Cette fonction de pilier central de la famille - ce qui n’est plus forcément le cas aujourd’hui. Il veut également faire du Grandmas Project un «dépositoire de recettes», avec une philosophie qui se rapproche de celle de l’Unesco : sauver un patrimoine, ici culinaire.

Jonas lance ainsi un appel aux projets de films. Il aimerait en recevoir au moins une centaine afin de sélectionner les trente meilleurs pour la première saison de Grandmas Project. Pour participer, trois règles à respecter : proposer un film autour d'une seule recette, parler de transmission et ne pas dépasser huit minutes. Un format qui semble au réalisateur être un bon compromis pour Internet, suffisamment court mais qui permet tout de même de raconter des choses.

Ces vidéos sont de vrais récits, et il ne suffit pas de filmer le déroulé d’une recette. D’où la nécessiter de maîtriser l’art de la narration cinématographique : Grandmas Project fait ainsi appel à des réalisateurs professionnels ou à des étudiants dans le domaine. Jonas tient beaucoup à ce que ce soit le petit-fils ou la petite-fille qui prenne la caméra, pour permettre un niveau d’intimité et de dialogue qui serait brisé avec un réalisateur extérieur dans la cuisine. «C’est aussi l’occasion de passer du temps seul avec sa grand-mère, hors des réunions de famille habituelles», ajoute Jonas.

Jonas Pariente et ses grands-mères

Un appel aux réalisateurs québécois

Pour mener à bien Grandmas Project, sur lequel il travaille sans rémunération depuis le début, le réalisateur a lancé une campagne de sociofinancement sur Kickstarter grâce à laquelle il a récolté plus de 21 000 $. Chaque donateur a vu la photo de sa grand-mère publiée sur la page Facebook du projet en remerciement - et ceux qui ont versé 1 000 dollars et plus ont même été invités à venir souper chez la Nano de Jonas pour goûter à sa délicieuse recette égyptienne de molokheya.

Recette de la molokheya de Nano, par Jonas :

En attendant, le réalisateur compte aussi sur le mécénat et travaille à obtenir des partenariats commerciaux pour sortir sa première saison de films courant 2016. Il aimerait également lancer des partenariats avec des écoles de cinéma. «Travailler sur le web-docu serait un projet parfait pour des étudiants, avec une vraie dimension pédagogique», indique Jonas, qui a notamment repéré des écoles au Canada.

Car s’il a reçu des candidatures de films de partout dans le monde - dont une sur une aïeule qui, justement, n’aime pas cuisiner -, il n’en a pas encore du Québec. Il en profite pour faire un appel aux réalisateurs de l’Est canadien: «Il y a eu énormément de vagues migratoires, et j’adorerais avoir des histoires-recettes qui expliquent l’immigration au Canada, voir comment les gens dialoguent avec leurs racines.» À bon entendeur...

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