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Tragédie à Lac-Mégantic: des changements à Transports Canada, mais pas d'enquête publique

Lac-Mégantic: des changements à Transports Canada, mais pas d'enquête publique

La ministre fédérale des Transports Lisa Raitt admet pour la première fois qu'il y avait des problèmes au sein de Transports Canada au moment de la catastrophe de Lac-Mégantic. Le ministère, selon elle, a d'ailleurs revu ses méthodes de fonctionnement dans la foulée de la tragédie du 6 juillet 2013, et de nombreux changements ont été apportés. La ministre refuse toutefois la tenue d'une enquête publique sur les failles de son ministère.

Un texte de Marie-Claude Lyonnais

En entrevue à CBC News, la ministre Raitt réitère que le déraillement a été causé par un frein à main n'ayant pas été appliqué correctement, et un laxisme en terme de sécurité de la part de la Montreal, Maine & Atlantic Railway (MMA). Lors d'une conférence de presse suivant le dépôt du rapport du Bureau de la sécurité des transports (BST) en août 2014, la ministre avait d'ailleurs refusé d'envisager que son gouvernement assume une part du blâme pour la tragédie, qui a coûté la vie à 47 personnes. Elle avait plutôt insisté sur le fait que la compagnie Montreal, Maine & Atlantic (MMA) « n'avait pas suivi les règles » en vigueur.

Cette fois-ci, elle admet que Transports Canada a eu ses torts, sans toutefois donner de détails sur la responsabilité du ministère dans ce déraillement, ni pourquoi la MMA était autorisée à poursuivre ses activités, malgré ses nombreuses infractions dans le passé.

« Il y a plusieurs choses très spécifiques qui se sont produites au sein de Transports Canada, explique-t-elle. Nous avons été très clairs que cela n'est pas acceptable ».

« Les leçons apprises de [la tragédie] de Lac-Mégantic ont été très, très importantes dans la communauté de Transports Canada. Il y a eu un gros roulement de personnel au ministère [incluant des mises à la retraite et de nouveaux employés]. Ils comprennent que leur rôle est d'aller de l'avant, et qu'ils doivent être à la hauteur des attentes des Canadiens. »

— Lisa Raitt, ministre fédérale des Transports

Le BST a identifié 18 causes ayant mené à la tragédie, y compris un manque de surveillance de la MMA de la part de Transports Canada.

Dans son rapport visant à expliquer la tragédie de Lac-Mégantic, le BST soulignait notamment, « la faible culture de sécurité chez MMA et le manque de formation des employés ». Le BST mentionnait également que « Transports Canada ne procédait pas à des vérifications des compagnies ferroviaires assez fréquentes et assez poussées ». Le ministère n'a jamais sévi contre les lacunes à la sécurité de la compagnie américaine, des lettres et des avis ayant été envoyés, tout au plus.

« Il [le ministère] était en contact avec la MMA lorsqu'il était savait qu'une infraction avait été commise, se défend la ministre Raitt. Mais il ne peut pas y avoir un inspecteur de Transports Canada qui se tient à côté de la personne devant mettre le frein à main. »

« Nous ne pouvons pas revenir en arrière. Mais nous pouvons agir pour améliorer les choses », a-t-elle ajouté.

Pas d'enquête publique, selon la ministre

La ministre a essuyé de nombreuses critiques pour avoir minimisé les lacunes en termes d'inspection de Transports Canada, et plusieurs demandent la tenue d'une enquête publique sur l'ensemble du système ferroviaire canadien.

« Transports Canada ne va pas enquêter sur lui-même », souligne le directeur général du Centre canadien des politiques alternatives, Bruce Campbell. « Il faudrait une enquête judiciaire indépendante. »

Mais la ministre rejette l'idée, estimant que la révision de la Loi sur la sécurité ferroviaire, en 2006, ainsi que les recommandations du BST et du vérificateur général du Canada, sont suffisantes pour améliorer la sécurité ferroviaire.

La directrice du BST, Wendy Tadros, estime pour sa part que le ministère n'a pas fait suffisamment de vérifications du réseau ferroviaire et des compagnies, au cours des dernières années, pour connaître les risques inhérents au transport des matières dangereuses. La ministre Raitt soutient fermement que les inspections sont adéquates.

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