Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Festival de jazz: au temple de la prêtresse Badu

Au temple de la prêtresse Badu
David Kirouac

La chanteuse américaine Erykah Badu, reine du R’n’B, a livré une brillante performance à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, lundi soir, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal.

Qu’elle fasse dans le jazz, le hip-hop ou le néo-soul, qu’elle se déhanche, qu’elle fixe son regard ou qu’elle soit immobile à prendre une pose stylisée, Erykah Badu sait captiver la plèbe. Ça, on le savait déjà. Pour le reste, cela dit, la femme de 44 ans sait faire aussi.

Dès son arrivée sur scène après plusieurs minutes d’une introduction musicale aguicheuse (elle a finalement commencé quelque 30 minutes en retard par rapport à l’heure prévue, une situation devenue un classique, semble-t-il… Rappelons-nous son spectacle avec The Roots en première partie dans le Vieux-Montréal!), Badu a provoqué une sorte d’onde magnétique de laquelle la foule n’a jamais pu vraiment se défaire.

Dans son habillement (nous pourrions également préciser qu'elle avait, par-dessus son chandail orangé, une sorte de soutane/tunique post-post-moderne), bleu et jaune très sophistiqué, elle semblait toute destinée à prêcher lecoolness du soul. Sans compter que son énorme couvre-chef gris – style casquette – lui donnait des airs de leader d’une sympathique communauté. Devant Badu, des sujets, des apôtres, des fervents… Sauf que pour elle, c’est la musique.

C’est avec 20 Feet Tall (2010) qu’elle a ouvert le bal. Déjà, les gens buvaient les paroles de ses chansons. Il faut spécifier que la moitié, sinon plus, des quelque 3000 spectateurs étaient complètement gagnés d’avance. Avec raison, car Badu impose le respect, voire l’admiration, depuis des années déjà. La voix suave et quelque peu nasillarde porte toujours autant, ça groove et c’est encore vachement sensuel. À vrai dire, tout fonctionne plutôt très bien. Que ce soit sur la très rassembleuse On And On (c’est à ce morceau que la salle s’est véritablement réchauffée), la funky Cleva (du superbe album Mama’s Gun, sorti en 2000) ou sur It’s Gonna Be Alright aux couleurs gospel, la prêtresse du soul semble née pour faire danser et chanter. De temps en temps, on pouvait même entendre des claquements de doigts à l’unisson parmi la foule. Vraiment, les spectateurs suivaient ses moindres pas et gestes.

«Where are my soldiers?» a-t-elle d’ailleurs envoyé un moment donné afin de présenter la pièce Soldier (avec son si efficace «Yessireeeeee»), dont les paroles ont été entonnées par les festivaliers pratiquement tout du long. Oh que oui, il y avait de l’ambiance dans la salle Wilfrid-Pelletier. Dans les allées, entre les sièges ou carrément devant la scène, la communion s’est transformée en un joli party.

Appletree, Love of My Life, Window Seat, Bag Lady, Liberation (du groupe Outkast), Didn’t Cha Know, Believe In Yourself ou encore Tyrone font partie des chansons qui ont permis à Erykah Badu d’envoûter les spectateurs. Certainement l’un des meilleurs concerts de ce cru festivalier 2015.

Erykah Badu était accompagnée du batteur Cleon Edwards, du DJ Burton Smith, du claviériste RC Williams Jr., du bassiste Nigel Rivers ainsi que des choristes Koryan Wright, La Kendra Johnson et Bernarr Ferebee Jr.

***

Mentionnons que l’organisation du Festival international de Jazz de Montréal a remis à Erykah Badu le prix Ella-Fitzgerald. Cette récompense est décernée depuis 1999 à un artiste afin de souligner sa grande contribution au jazz vocal contemporain.

INOLTRE SU HUFFPOST

Charles Hamilton

Festival de jazz - 29 juin 2015

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.