Il y a de ces artistes que l'excellente réputation précède. C'est le cas de Melanie De Biasio, qui est venue faire son tour au Club Soda lundi soir dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal.
Sereine, calme, celle qui est reconnue pour ses talents d'auteure-compositrice-interprète et flutiste s'est avancée sur la scène sombre. Sur celle-ci, seulement quelques projecteurs. Drapée de noir et le défi dans les yeux, Melanie De Biasio a commencé avec la puissante I feel you tirée de son plus récent opus, No Deal (2013). Au premier claquement de doigts, frondeur, intense, le public a semblé comprendre qu'on aurait droit à un grand moment musical.
Festival de jazz - 29 juin 2015
C'est que même si on la compare parfois à Portishead ou Nina Simone, De Biasio a ce son unique entre jazz, blues et ambiances planantes. Mais surtout, une présence hors du commun. Discrète, visiblement timide, l'artiste ne fait pas que chanter d'une voix magnifique et puissante. Elle interprète ses chansons. Colère, tristesse, passion, joie... Tout y passe. Elle divague et vogue sur ses paroles - qui tournent souvent autour de l'amour -, elle se plie littéralement en quatre pour arriver à rendre avec justesse les pièces enveloppantes de son répertoire.
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Apprivoiser le silence
Fait rare: Melanie De Biasio utilise et tire même profit du silence. Comme de petits temps morts qui permettent de mettre en lumière les jolis arrangements des chansons. Ce que le spectacle n'a pas en dynamisme, il va le reprendre en vibrations. Vibrations musicales, que De Biasio ne peut d'ailleurs s'empêcher de rechercher parfois. Se penchant pour toucher le sol, ondulant au son de ses musiciens, ses soupirs deviennent un rythme, un battement d'une beauté folle, métronome parfait pour une musique unique.
Quand on sait que l'artiste a souffert d'une infection pulmonaire grave en 2002 - qui l'a laissée muette durant plus d'un an -, on comprend mieux d'où vient cet accord quasi-parfait avec le silence. Alors que plusieurs musiciens ont plutôt tendance à en beurrer épais ou à tout contrôler à la seconde près pour ne pas perdre l'intérêt des spectateurs, Melanie De Biasio est. Tout simplement. À travers les No Deal, I'm gonna leave you, Sweet Darling Pain, les spectateurs n'ont pas eu à tourner le regard une seconde.
Le temps a passé à toute vitesse au Club Soda. Bien vite, Melanie De Biasio a présenté son premier rappel avec Blue, tirée de son premier album A Stomach Is Burning (2007). Applaudie à souhait, l'artiste est revenue sur scène pour une dernière chanson: «The last one, with all my love». Au public conquis, elle a offert With All My Love. Une belle touche, qui a terminé à merveille ce spectacle de toute beauté.
Le Festival International de Jazz de Montréal, du 26 juin au 5 juillet 2015. Pour plus d'informations, c'est ici.
