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«Grease»: trop d'attentes ne peuvent qu'être déçues... (VIDÉO/PHOTOS)

«Grease»: trop d'attentes ne peuvent qu'être déçues... (VIDÉO/PHOTOS)

Pour quantité de quadragénaires et les générations qui les suivent, Grease est un classique, un vrai. On connaît l’histoire par cœur, cette romance d’été entre deux adolescents, qui peine à survivre à la rentrée scolaire, compromise par le gouffre social entre le «beau gars populaire» et la chaste et pure jeune fille timide. On a fredonné les chansons maintes et maintes fois. On a craqué soit pour le film à succès de 1978, soit pour la comédie musicale sur Broadway.

En ce sens, la relecture proposée tout l’été par Juste pour rire, au Théâtre St-Denis, était très, très attendue. Les réactions on ne peut plus enthousiastes pendant la première médiatique, lundi, qui frisaient presque le délire par moments, en faisaient foi. Applaudissements monstres à plusieurs reprises, cris de joie, longue ovation debout à la fin : on souhaite à toute l’équipe de Grease d’avoir un parterre aussi chaleureux à tous les soirs d’ici le début août! D’ailleurs, plus de 40 000 billets ont déjà été vendus.

Le tapis rouge en photos:

Première de Grease au St-Denis

Long et embourbant

Maintenant, d’un œil critique et objectif, dénué de nostalgie et de complaisance, cette énième revisite de Grease remplit-elle ses promesses? Pas tout à fait. Reconnaissons que les attentes étaient démesurées et que le metteur en scène, Andrew Shaver, qui succédait pour la première fois à Denise Filiatrault, en avait lourd sur les épaules.

Est-ce que quelqu’un qui n’est pas du tout familier avec cet univers-culte prendra son pied avec cette nouvelle adaptation québécoise de Grease, qui met en vedette Jason Roy-Léveillée et Annie Villeneuve dans la peau des célébrissimes Danny et Sandy? Peut-être pas. L’œuvre qu’on nous tend ici ne rend pas nécessairement justice à ses moutures originales et n’arriverait pas à traverser les époques comme celles-ci. Ceci dit, on ne peut pas réinventer la roue 50 fois.

En revanche, les habitués prendront plaisir à anticiper les extraits les plus marquants, à murmurer les paroles des couplets souvent chantés. C’est probablement là que réside le plus grand plaisir du Grease de Juste pour rire. Autrement dit, il faut déjà (beaucoup) aimer Grease pour apprécier cette nouvelle version de Grease.

Les longueurs sont fréquentes. Le tout premier numéro, où les jeunes artistes entonnent We Go Together a capella, dans une chorale dirigée par Miss Lynch (Monik Vincent), s’éternise un tantinet et donne un bon indice de la suite des choses. Le tout aurait gagné à être resserré, plus rythmé.

Mentionnons néanmoins que la traduction en français d’environ la moitié des chansons passe bien le test et n’égratigne pas trop l’oreille. On n’a pas abusé sur cet aspect, et c’est très bien ainsi.

Le jeu des jeunes acteurs est souvent inégal. Annie Villeneuve compose une parfaite Sandy; tout d’elle, son apparence, sa voix, sa gestuelle, son énergie colle bien au personnage. Jason Roy-Léveillée, par contre, semble moins solide sous les traits de Danny. Le Guy Lambert de Lance et compte manque d’aplomb, paraît souvent incertain et sur-joue exagérément ici et là ; parfois, les situations commandent ces excès d’attitude, mais trop, c’est comme pas assez.

Quant aux autres membres de la distribution, aucun ne brille spécialement, mis à part Gardy Fury, qui a encore son moment bien à lui pour étaler le savoir-faire de ses pas de danse et de ses cordes vocales. Après trois étés, à voir Gardy triompher dans Hairspray et Sister Act, autres produits de Juste pour rire, l’effet de surprise y est moins.

Les dialogues ratent souvent leur cible et donnent régulièrement l’impression de n’aller nul part. Souvent, l’intrigue, mal définie, s’embourbe, stagne et piétine. L’équation est simple : les tableaux s’étirent, notre attention diminue inévitablement, et on finit par ne plus comprendre pourquoi «unetelle» se retrouve au bras de «untel». Quand arrive la finale, ça fait si longtemps qu’on est assis, qu’on n’en a plus grand-chose à faire que la douce Sandy se soit transformée en rockeuse à veste de cuir, qui ferait rougir le plus dur à cuire des motards, et on n’espère même plus le traditionnel We Go Together, qui est pourtant le point culminant de cette fresque adolescente aux valeurs un peu douteuses.

Pour couronner le tout, l’ensemble a souffert lundi de quelques problèmes de sonorisation qui, on le devine, seront rapidement réglés en vue des représentations suivantes.

Joyeux et coloré

Or, distribuons quand même quelques fleurs. Ce collage à gros budget est joyeux, coloré, il ravit la rétine. On a beaucoup aimé les acrobaties des meneuses de claques, de même que toutes les chorégraphies de danse, qui ont dû être tout un casse-tête à mémoriser. Les apparitions de Normand Brathwaite, qui incarne l’animateur Vince Fontaine, ajoutent toujours une touche de drôlerie.

Hélas, le Grease orchestré par Andrew Shaver manque cruellement d’éclat, de pétillant, de cette touche de magie qui nous aurait fait scander : «Encore!» Notre objectif n’est pas de frapper sur la troupe de jeunes talents qui donne corps à la comédie musicale ; on sent que tous y déploient de valeureux efforts et sont animés des meilleures intentions. Mais la déception est notable. Nos attentes étaient probablement trop grandes…

Grease tient l’affiche du Théâtre St-Denis jusqu’au 1er août, dans le cadre du Festival Juste pour rire. Consultez le hahaha.com pour plus d’informations.

Pour en savoir plus sur Grease, cliquez ici et ici.

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