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Fabriquer des meubles pour retrouver son estime de soi

Fabriquer des meubles pour s'en sortir
Radio-Canada

Un groupe de jeunes du Centre jeunesse des Laurentides à Huberdeau a entrepris de fabriquer des meubles et des objets décoratifs à partir de bois de palettes. Objectifs : s'initier au travail en équipe, intégrer des notions de mathématiques et de sociabilité ainsi que pour reprendre confiance en soi.

Un texte de Francis Labbé

Depuis mars dernier, un groupe du centre jeunesse s'est lancé en affaires. Sept jeunes participants fabriquent des meubles et des objets de décoration, entre autres, à partir de bois de palette recyclé.

« Ce sont des jeunes qui ont des troubles de comportement, avec un volet consommation », explique Christine Heyne, directrice adjointe à la Direction des services clientèle du Centre jeunesse à Huberdeau. « La programmation est axée beaucoup en lien avec la toxicomanie aussi. »

Dans le cadre du projet C Palette, les jeunes participants à la mini-entreprise récupèrent le bois et les clous, leur redonnent une apparence intéressante et en fabriquent des objets. Jusqu'à maintenant, ils en ont fait des tables de salon, des objets décoratifs et d'autres biens d'utilité diverse.

« Ce sont des palettes de bois qui traînent dans toutes les shops, les entrepôts, les commerces », explique Émilie Martel, éducatrice du groupe. « Ces palettes-là sont souvent brûlées ou retournées aux compagnies. Nous avons des gens qui nous les fournissent gratuitement. »

Olivier [nom fictif] participe au projet depuis mars dernier. « Ça m'a permis aussi de me rapprocher de mes parents parce que mon père aussi aime ça, travailler avec le bois. Depuis que je fais C Palette, la fin de semaine, je travaille le bois avec mon père. »

Ça m'a permis de vider mon énergie négative - William (nom fictif)

William, lui, avoue que sa participation au projet l'aide énormément. « C'est une petite fierté personnelle. J'ai réussi quelque chose de beau, quelque chose que le monde pourra acheter plus tard. »

Le projet C Palette a remporté la finale locale et la finale régionale, dans les Laurentides, du Concours québécois en entrepreneuriat, dans la catégorie secondaire, adaptation scolaire.

Le 18 juin prochain, les biens fabriqués par les jeunes seront vendus lors d'une journée publique. « Les jeunes vont devoir négocier avec les clients, se les partager, établir une stratégie pour la livraison », explique Émilie Martel.

« Il y aura cependant une journée de prévente pour les familles des participants et les membres du personnel. Beaucoup de gens en veulent déjà », poursuit l'éducatrice.

« Une partie des profits, s'il y en a, sera remise à des organismes locaux comme la guignolée d'Huberdeau. »

Troubles de comportements et toxicomanie

Le Centre jeunesse des Laurentides à Huberdeau compte 154 places en réadaptation, réparties en 8 unités. C'est l'une d'elles, appelée La Croisée, qui a mis sur pied le projet C Palette. La Croisée accueille en tout 13 jeunes garçons aux prises avec des troubles comportementaux et des problèmes de toxicomanie.

Devant la popularité du projet et sa popularité auprès des participants, le centre n'exclut pas d'en étendre l'accès. « On a des unités de filles qui aiment beaucoup le bricolage », précise Émilie Martel. « On se disait que nous pourrions fabriquer des cadres, des tables et donner le mandat de peinture plus détaillée à des unités de filles, par exemple. »

« Ici, ils vivent des petites réussites. Ils sont bons dans quelque chose. C'est précieux. »

Émilie Martel, éducatrice

Pour Christine Heyne, la participation des jeunes à ce projet se fait déjà sentir. « Ça a un impact dans le quotidien. Leur vie est axée vers la participation à cette activité-là. Ça a des impacts dans leur mobilisation à l'unité, pour certains jeunes, ça a des impacts dans leur milieu familial. »

« Ils ont quelque chose de positif à présenter à leur famille. Et parfois, ils n'ont pas une image très reluisante auprès de leur famille. Ça leur donne des compétences, ça leur donne de la confiance », poursuit Mme Heyne.

Comment fonctionner en société

L'un des objectifs de départ du projet est de permettre aux jeunes participants d'apprendre à travailler en équipe, à se consulter et à faire consensus. « Nous pratiquons ces aptitudes en atelier au centre jeunesse. Dans le cadre du projet C Palette, ils mettent ces principes en pratique. C'est la vraie vie », explique Sylvie Genois, chef de service de l'unité La Croisée.

Les participants intègrent aussi des notions scolaires. « Nous avons décidé de participer à un concours en entrepreneuriat et ce sont les jeunes qui ont repli les formulaires », raconte Émilie Martel.

« Dans le cours de mathématique, le prof de math nous aide pour les prix de nos objets », raconte William. « Pour trouver le prix de vente de notre objet, on calcule avec quoi on l'a fait, combien de temps on a mis, avec le salaire minimum et ensuite on donne un montant. »

Des impacts insoupçonnés

Même s'il n'est en branle que depuis quelques mois, le projet a déjà permis à de jeunes participants d'en tirer profit. William sait maintenant dans quel domaine il compte étudier.

« Avant, je ne savais pas où je voulais m'enligner, dans quelle job, quel métier je voulais faire, et là j'ai choisi charpentier-menuisier ». « Moi, c'est soit la construction, soit briqueteur-maçon », ajoute Olivier.

« Quand je regarde ce que je fais, je suis fier de moi. Ça remonte un peu mon estime. Je me dis : tabarouette, dire que j'ai fait ça et que j'ai réussi. »

Olivier

Devant les succès du projet, la direction du centre jeunesse n'exclut pas de faire des partenariats avec des organismes de la communauté, comme des résidences de personnes âgées.

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