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CPE : des cadres gagnent bien plus que ce qui est recommandé (VIDÉO)

Des cadres de CPE gagnent bien plus que ce qui est recommandé (VIDÉO)

Malgré l'ère de l'austérité au Québec, un cadre sur quatre dans les centres de la petite enfance (CPE) gagne un salaire supérieur à ce que recommande le ministère de la Famille.

Un texte de Mathieu Dion

Une directrice générale a obtenu 41 529 $ de plus que la rémunération recommandée par le ministère, selon des informations fournies par le ministère de la Famille à Radio-Canada. Bien des dépassements varient entre les 20 000 $ et 40 000 $. D'autres sont de l'ordre de quelques dollars au-delà des lignes directrices.

« 40 000 $, c'est le salaire d'une éducatrice par année. Je trouve cela indécent que le ministère propose des fourchettes salariales et que ces balises ne soient pas respectées. Il n'y a personne d'autre dans les CPE qui ont droit à de telles primes. »

— Louise Labrie, représentante de la CSN pour le secteur des CPE

En effet, le ministère propose des lignes directrices aux CPE pour la rémunération des cadres. Dans le cas des directrices générales, les salaires recommandés peuvent varier de 56 100 $ à 100 300 $ en fonction du nombre de garderies et de places à chacune d'elles.

Un sur quatre

Le ministère de la Famille a refusé de nous indiquer spécifiquement combien de cadres obtenaient une rémunération supérieure d'au moins 15 000 $. Nous savons cependant que sur les 895 directrices générales des CPE au Québec, 252 ont fait plus d'argent que ce qui était suggéré par le gouvernement en 2014, soit plus d'une sur quatre. Elles ont gagné en moyenne 81 750 $.

Même scénario chez les directrices adjointes : le maximum de dépassement atteint s'établit en 2014 à 37 448 $, montant additionné au salaire de base.

Des dépassements, mais aussi des manques à gagner

La directrice générale de l'Association des cadres en CPE du Québec (ACCPE), Isabelle Palardy, avait connaissance des dépassements de salaires, mais s'étonne de leur ampleur dans certains cas.

« Je trouve cela surprenant que ce soit des montants aussi élevés. J'imagine qu'il y avait d'excellentes raisons. »

— Isabelle Palardy, directrice générale de l'ACCPE

Elle ajoute en revanche que s'il y a des cadres qui font plus d'argent, d'autres font moins que le salaire recommandé.

Son association rappelle par ailleurs chaque année aux cadres des CPE du Québec de respecter les recommandations du ministère de la Famille. « Il faut que les babines suivent les bottines, donc nous demandons à nos membres de les respecter », fait savoir Isabelle Palardy.

Comment cela est-il possible?

Les CPE sont des entreprises privées sans but lucratif subventionnées par le ministère de la Famille. Ce sont les conseils d'administration formés de parents qui déterminent de façon indépendante la redistribution des budgets et des subventions du gouvernement québécois, ce qui inclut la rémunération du personnel-cadre à partir des lignes directrices du ministère.

Louise Labrie de la CSN juge cependant cette situation problématique. « Les conseils d'administration sont formés de parents présents seulement une année ou deux. Ils ont peu de connaissances ou de formation en la matière. Ils se retrouvent en plus avec des outils que la direction a elle-même concoctés. »

Une question d'autonomie, selon la ministre

La ministre de la Famille Francine Charbonneau ne s'offusque pas de ces importants dépassements et explique que le salaire vient en fonction des responsabilités.

« Plusieurs fois, je dirais qu'il y a des directrices qui peuvent avoir des tâches plus grandes qu'à d'autres endroits. [...] On demande aux gens d'avoir la même rigueur que nous avons. Nous rappelons que les CPE, c'est l'argent des contribuables. »

— Francine Charbonneau, ministre de la Famille

Louise Labrie de la CSN et Isabelle Palardy de l'ACCPE rappellent toutefois que les grilles salariales du ministère prévoient les responsabilités et les rémunérations en conséquence. Selon elles, le ministère de la Famille devrait insister davantage pour que les balises soient respectées.

Rappelons que les CPE, les garderies privées subventionnées et les bureaux coordonnateurs doivent absorber de nouvelles compressions de 74 millions de dollars imposées par le gouvernement, ce qui correspond à une coupe de 4 %.

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