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Comment Montréal peut s'inspirer de la révolution urbaine de Paris

Comment Montréal peut s'inspirer de Paris
Michel Euler/ Radio-Canada.ca

aris se transforme. Oubliez l'odeur du diesel, les voitures qui passent en trombe dans les rues étroites et le centre-ville paralysé par des bouchons monstres. Sous la gouverne de la mairesse Anne Hidalgo, qui est en visite à Montréal actuellement, la Ville Lumière a entrepris une révolution urbaine qui suscite l'intérêt du monde entier. Voici cinq transformations parisiennes inspirantes.

Un texte de Étienne Leblanc, chroniqueur au Grand Montréal

La fin du règne du 50 km/h

Le règne du 50 km/h dans les rues de Paris tire à sa fin. Le 27 mai dernier, le Conseil de Paris a adopté une mesure visant à étendre les « zones 30 », où la vitesse est limitée à 30 km/h. D'ici la fin de l'année, la nouvelle règle sera appliquée sur le tiers du territoire de la capitale française, au lieu du cinquième actuellement.

Le périmètre touché est ce qu'on appelle « l'hypercentre » de Paris, où l'on trouve entre autres le Musée du Louvre, le quartier du Marais, la place de la Bastille, le Palais Royal et la place Vendôme. Dans ces nouvelles zones, les vélos seront autorisés à rouler en sens contraire dans des bandes cyclables marquées au sol.

La mairesse s'est engagée à généraliser la règle du 30 km/h dans 90 % des rues de la capitale d'ici 2020. L'autorisation de rouler à 50 km/h deviendra donc une exception, sur les grandes artères à fort débit automobile.

La situation à Montréal. La limite de vitesse dans les rues résidentielles est de 40 km/h. Quatre arrondissements ont décidé de limiter la vitesse à 30 km/h dans certaines rues résidentielles sur leur territoire : le Plateau-Mont-Royal, Rosemont-La Petite-Patrie, Outremont et le Sud-Ouest. La mesure pourrait être généralisée si le gouvernement du Québec décidait de l'insérer dans le nouveau Code de la sécurité routière, qui fait actuellement l'objet d'une révision et dont les modalités devraient être annoncées dans les prochaines semaines.

Des mesures antipollution sans précédent

Exit l'odeur du gaz et les volutes de fumée bleues sur les artères parisiennes. Anne Hidalgo promet la fin du diesel à Paris d'ici à 2020. Il serait responsable de 65 % des émissions de particules fines.

En mars 2014, à la suite d'une alerte au smog, les Parisiens ont vécu leur première journée de circulation alternée depuis 1997. Une situation qui a accéléré la mise en place d'un plan antipollution qu'elle a présenté en février dernier.

Elle y propose une série de mesures inédites pour réduire la pollution automobile dans la ville, dont l'interdiction pure et simple de certains véhicules. Un exemple? Dès le mois prochain, les poids lourds et les autocars immatriculés avant octobre 2001 ne pourront plus circuler dans Paris. La mesure touchera environ 10 % de ce type de véhicules.

Les Parisiens verront aussi le retour de la fameuse pastille verte, dès janvier 2016. Elle sera collée sur le pare-brise pour attester du degré de pollution du véhicule. Il y aura six couleurs différentes, de la verte à la brune. Les pastilles vertes donneront certains privilèges comme circuler dans des zones restreintes, bénéficier de tarifs de stationnement avantageux ou emprunter des voies réservées. Le système de la pastille a existé dans le passé en France, entre 1998 et 2003.

La situation à Montréal. La principale source de la pollution de l'air est la combustion du bois de chauffage, qui émet près des deux tiers des particules fines (64 %). Les autres sources sont les activités industrielles (19 %) et les transports (14 %). La Ville de Montréal compte interdire les appareils de chauffage au bois d'ici 2018.

Limiter l'accès des voitures au centre-ville

Le nouveau plan de déplacement de Paris propose d'interdire l'accès des véhicules en transit dans « l'hypercentre ». À l'exception des bus, des taxis et des véhicules d'urgence et de livraison, seules les voitures des résidents auraient le droit d'y entrer. La mesure s'appliquerait d'abord la fin de semaine, puis serait étendue au reste de la semaine un peu plus tard.

La capitale française permettra aussi à son réseau de véhicules en libre-service de s'enrichir. Après les Vélib' et l'Autolib', Paris accueille ces jours-ci ses premiers Cityscoot, des scooters électriques que les Parisiens pourront louer sur le même mode que les vélos ou les voitures. L'initiative provient non pas de la mairie de Paris, mais de l'entreprise française Cityscoot. Géolocalisables avec un téléphone, les petits deux-roues peuvent être démarrés par un code de quatre chiffres qu'on reçoit par texto.

La reconquête des berges

Le 5 mai dernier, Anne Hidalgo a lancé ce qu'elle appelle « l'acte II de la reconquête des berges de la Seine ». La première phase a eu lieu il y a deux ans avec la fermeture à la circulation d'un tronçon de la rive gauche de 3 km entre le pont Royal et le pont de l'Alma.

La deuxième phase, celle qui vient d'être annoncée, propose notamment la création d'une zone piétonne de 4,5 hectares en fermant complètement un tronçon de la voie George-Pompidou, qui longe la Seine, dans les arrondissements du centre (1er et 4e), entre le port de l'Arsenal et le tunnel des Tuileries. Quelque 8000 mètres carrés de nouveaux espaces verts seront aménagés.

Les Parisiens pourront s'exprimer sur les deux scénarios proposés pendant tout l'été dans le cadre d'une consultation publique. Avec ce projet, Anne Hidalgo souhaite construire une « liaison douce » entre la place de la Bastille et la tour Eiffel.

Déjà, l'aménagement sur la rive gauche connaît un succès monstre : plus de 4 millions de visiteurs en 18 mois. À cette réussite s'ajoute un bilan environnemental favorable, selon la Ville de Paris : réduction des émissions de dioxyde d'azote (NO2) de 15 % dans la zone aménagée et une réduction significative du bruit dans le secteur.

La situation à Montréal. L'opération serait beaucoup plus complexe. Les voies de transport parisiennes qui longent la Seine sont sous l'autorité de la Ville de Paris. La décision de fermer ou non une voie - et de l'aménager - ne dépend donc que d'une instance principale. À Montréal, la gestion des berges du fleuve Saint-Laurent implique de multiples acteurs comme le CN, le CP, les gouvernements fédéral et provincial.

Un métro autour de la ville

Quatre nouvelles lignes de métro et deux extensions. C'est le mégaprojet du Grand Paris Express, un nouveau réseau de métro automatique qui devrait compter au terme de sa construction, en 2035, près de 200 km de nouveaux tronçons. Les travaux de la ligne 15, la première qui entrera en service dans cinq ans, ont commencé l'année dernière.

À l'horizon 2020, elle encerclera Paris pour desservir les proches banlieues. Les 300 000 personnes qui l'utiliseront quotidiennement dans le sud de Paris pourront ainsi aller de banlieue à banlieue, sans passer par la capitale. D'ici 2026, Paris estime que ces changements permettront de déplacer 2 millions de personnes supplémentaires par jour. Le coût du projet est estimé à 37 milliards de dollars.

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