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Le groupe Bilderberg, une machine à fantasme pas si mystérieuse que ça

Le groupe Bilderberg, une machine à fantasme (pas si mystérieuse que ça)
AFP

POLITIQUE - Appelez-le comme vous voulez. C'est un cercle, un cénacle, un forum... Dans tous les cas, le groupe Bilderberg, qui se réunit jusqu'à dimanche, mérite d'être compté parmi les sommets. Quelque part entre le G7 et Davos, il rassemble chaque année la crème de la crème, une toute petite élite mondiale de dirigeants issus de la politique, de la haute finance, du monde des idées et souvent d'un mélange de tout ça.

Mais contrairement au G7 et à Davos, Bilderberg a toujours refusé de s'ouvrir aux médias, ne serait-ce que pour publier le contenu de ses débats. Cette opacité assumée alimente encore aujourd'hui toutes sortes de soupçons sur les motivations véritables des 133 participants de l'édition 2015, qui se tiendra en Autriche. Tenu à distance, le grand public l'est aussi par l'imposant dispositif de sécurité que réclame ces invités de haut rang. Ce qui ne manque pas de provoquer des manifestations chaque année.

Au mieux, Bilderberg est donc dépeint comme un club de puissants antidémocratique, au pire, une secte d'illuminés qui prépare "la dévastation nucléaire et économique". Rien que ça.

Comme le reste de la toile, Twitter s'est fait à son tour l'écho de ce scepticisme:

"90% des médias grand public aux Etats-Unis est possédé par six entreprises. Elles participent chaque année aux réunions secrètes de Bilderberg et contrôlent l'information"

"Les plans du club Bilderberg pour l'Espagne"

"En 2013, 19% des Britanniques connaissait l'existence du groupe Bilderberg, et la plupart en avait une opinion négative"

Mais la réalité est sans doute bien moins excitante. Difficile de se prononcer sur le contenu réel des trois jours de conférences, mais leurs thèmes sont connus. Cette année, nos brillants esprits vont plancher sur l'intelligence artificielle, la cyber sécurité, l'actualité économique, la Grèce, l'Iran, la Russie, le terrorisme, l'Otan, etc. Un véritable best of des soirées Thema d'Arte.

Quant à la liste des participants, le nom des 133 invités a également été communiquée, et décortiquée par les médias. Les Etats-Unis fourniront le plus gros contingent, avec 33 personnes, devant le Royaume-Uni et la France (9 personnes, voir le diaporama ci-dessous).

On y apprend aussi que ce club est franchement macho. Avec seulement 18% de femme, il fait moins bien que l'Assemblée nationale, qui n'est pas une référence en la matière (26%). On découvre aussi que l'ambiance doit tenir de la réunion de banquier, puisque la finance y est mieux représentée (51 invités) que la politique (31), et que l'animation des conférences sur les nouvelles technologie reposeront sur 6 intervenants.

En clair, Alain Juppé pourrait très bien publier sur Twitter des selfies avec Mary Erdoes, une huile de JP Morgan, et Michael O'Leary, le PDG de Ryanair, tard le soir au bar de l'hôtel, il ne trahirait aucun secret d'état.

En revanche, il soulignerait tout ce que Bilderberg a de contestable. Est-il normal que des figures politiques de premier plan prennent la parole sans pouvoir être entendues par ceux qui les ont élus? Tant que cette ambiguïté ne sera pas levée, la machine à fantasme ne risque pas de s'arrêter.

Henri de Castries, PDG du groupe AXA

Bilderberg 2015: les participants français

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