NEW YORK- Elle en rêvait depuis l'âge de 20 ans, c'est maintenant chose faite. Florence K a fait ses débuts sur scène à New York jeudi soir au mythique club de jazz Birdland. Elle a reçu un accueil des plus chaleureux.
Le Birdland, un cabaret situé en plein coeur de Manhattan, a accueilli les plus grands noms du jazz depuis son ouverture en 1949, d'Oscar Peterson en passant par Miles Davis et Frank Sinatra.
"C'est un rêve et un cadeau. J'espère que c'est le début de quelque chose. J'adorerais avoir une résidence ici", a confié l'auteure, compositeure et musicienne avant le spectacle.
Florence K n'arrivait pas en terrain totalement inconnu à New York. "Mon père m'a amenée au Birdland quand j'avais à peine 20 ans. C'était pour voir un show d'Arturo O'Farrill. Ça m'a marquée, je me suis dit qu'un jour j'aimerais jouer dans une salle comme celle-ci", confie Florence K.
À l'époque, elle jouait du piano dans un bar du Vieux-Montréal, le Stash Café. "C'est à ce moment que j'ai commencé à m'intéresser au jazz", dit celle qui a une formation de pianiste classique. Elle a donc troqué Chopin pour Gershwin.
Elle vient à New York depuis son enfance puisqu'une grande partie de sa famille d'origine libanaise habite dans l'arrondissement Queens. Ils étaient d'ailleurs tous présents pour l'encourager. Sa marraine, qui porte aussi le nom de Florence K, est montée sur scène pour enlacer sa filleule après son interprétation de la chanson Si de Toi.
Florence compte aussi quelques fans new-yorkais. Un couple attendait déjà en file à 16h30 pour la voir sur scène. Ils ont découvert Florence K au Festival de Jazz de Montréal il y a quelques années et suivent sa carrière depuis. "On attendait le moment où elle franchirait la frontière avec impatience", a dit le New-Yorkais Steven Hurowitz.
Assise derrière son piano à queue, elle a offert une prestation d'une heure alternant le répertoire de son nouvel album anglophone I'm Leaving You et les grands classiques du répertoire jazz comme Love me or leave me.
Accompagné d'un batteur (Richard Irwin) et d'une contrebassiste (Domenic Romanelli), Florence K a montré sa polyvalence en chantant en français, en anglais et en espagnol. Elle a particulièrement impressionné le public en interprétant La Foule d'Édith Piaf dans sa version originale espagnole.
L'album I'm Leaving You vient tout juste d'être lancé sur le marché américain cette semaine. Il a valu à Florence K une nomination à titre de révélation de l'année au gala des prix Juno, l'an dernier.
L'album a été produit à Los Angeles par Larry Klein, qui a travaillé avec Joni Mitchell et Herbie Hancock, entre autres. "En allant travailler avec lui, on avait en tête de pouvoir le sortir ailleurs qu'au Canada", explique Florence K.
Elle a déjà quelques dates confirmées dans des clubs de jazz sur la côte Est américaine et en Floride en mars et en avril prochain. "On essaie de développer les autres grands centres comme San Francisco et Philadelphie", dit-elle.
"Je ne fais pas d'illusions, je ne suis pas la prochaine Beyonce. Ce n'est pas ce à quoi j'aspire. Ce n'est pas comme si j'étais une vedette pop qui essayait de percer aux États-Unis, je ne peux même pas m'imaginer à quel point c'est difficile".
Ce qu'elle aime du monde du jazz, du blues et de la musique du monde, c'est qu'on peut vieillir et continuer à bien en vivre. "Cesaria Evora a chanté jusqu'à sa mort. Ce n'est pas le cas dans le monde de la musique pop. C'est un bon terrain pour moi à long terme et je continue vraiment à travailler fort, surtout mon piano", poursuit-elle.
À 32 ans, Florence K dit avoir atteint la maturité nécessaire pour tenter une telle percée. "Le moment était opportun pour ce saut aux États-Unis. Je suis contente de la façon dont ça se construit. Je ne pense pas que j'aurais été prête à assumer ça à 23 ans. Là, j'ai plus de métier, de bagage, de shows dans le corps. J'ai plus de choses à dire".
Florence K sera présente au Festival international de Jazz de Montréal le 3 juillet, en concert extérieur gratuit.
Florence K
