La mort de son père aux mains du cancer, la fin d’une histoire d’amour avec la «femme de sa vie», la collision frontale avec le mur de ses illusions, l’impression que son travail de journaliste musical n’apporte pas grand-chose à l’univers, le sentiment que sa vie imprégnée de la «fear of missing out» est dénuée de valeur, d’authenticité et de profondeur. Tels étaient certains des affronts et des constats du journaliste Nicolas Langelier, qui a fait vibrer le monde littéraire en 2010 avec Réussir son hypermodernité et sauver le reste de sa vie en 25 étapes faciles, un livre dont l’adaptation théâtrale sera présentée au FRINGE Montréal.
Étude approfondie, tout en étant accessible, du concept de la modernité, de l’adolescence prolongée et de l’âge adulte. Questionnement nécessaire sur l’héritage culturel, politique et social d’une génération. Dissection de la peur de ne pas vivre assez fort. Prise de recul sur la réalisation ou non de ses rêves. Occasion rêvée de stopper le train de sa vie pour débarquer ou changer de locomotive. Au cours des cinq dernières années, le livre de Nicolas Langelier a touché une corde sensible chez une vaste quantité de lecteurs.
Parmi eux, Antoine Trépanier-Deschênes et Joël Ménard, qui ont signé son adaptation théâtrale, avant d’en confier la mise en scène et le rôle principal à Patrick Tardif, un diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Québec. « Dès la première page, j’ai été absorbé par le ton satirique de l’auteur, relate Antoine Trépanier-Deschênes. Je me suis rapidement demandé comment je pourrais adapter le texte en pièce de théâtre. C’était tout un défi! »
Avec Ménard, il a élaboré une pièce-conférence où les pensées du personnage en crise existentielle s’animent et tentent d’expliquer ses décisions passées et présentes. «Il se réveille un jour et réalise qu’il ne peut plus continuer sa vie comme ça», dit Trépanier-Deschênes. «Le spectacle débute dans son appart, quand il arrête de prendre sa médication et qu’il part en voiture sur un nowhere, ajoute Tardif. Il revoit peu à peu certaines franges de son passé avec son ex et quand il a appris que son père allait mourir. Puis, il décide d’aller au chalet que son père a construit, comme dans le livre.»
Interprété par Tardif, cet homme prénommé «Nous» pour les besoins de la pièce est à la fois le trentenaire aux prises avec des réflexions qui lui sont propres et le reflet d’une génération inévitablement interpellée par son introspection. «Les répliques plus personnelles, où il exprime ses besoins profonds, sont les miennes, souligne Patrick Tardif. Deux autres acteurs servent de narrateurs et de guides au personnage principal. L’un s’approprie son côté cynique, alors que l’autre est davantage joyeux.»
Sur scène, une plus grande place sera également accordée à l’ex-fille de sa vie, qui livrera le fond de sa pensée sur leur relation et l’incapacité du «Nous» à s’y engager jusqu’au bout. «On la montre dans sa propre recherche d’hypermodernité, qui est très centrée sur la rupture. Pour simplifier les choses d’un point de vue dramaturgique, on lui a aussi donné certains constats que faisait la sœur sur son frère, quand ils étaient à l’hôpital avec leur père.»
D’abord présentée à l’Espace La Risée de Montréal, l’automne dernier, la pièce de 65 minutes se frottera au public du Fringe Montréal, du 12 au 20 juin 2015. Cliquez ici pour plus de détails.
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