Est-ce parce que les gens sont de plus en plus préoccupés par la protection de leur vie privée ou parce que la traque des renseignements personnels s'accentue? Quoi qu'il en soit, le nombre de plaintes acceptées par le Commissariat à la protection de la vie privée concernant des entreprises a bondi en 2014... à 402, contre une moyenne annuelle de 250.
Un texte de Marie-Ève Maheu
Le commissaire Daniel Therrien souligne dans son rapport publié mardi que la protection de la vie privée des Canadiens est maintenant un enjeu qui dépasse les frontières, puisque « de plus en plus de renseignements personnels voyagent entre les pays ».
Pour lui, il devient primordial de travailler en partenariat avec des organismes à l'étranger. Et c'est ce qu'il fait de plus en plus, dit-il.
Attaques mondiales
Son bureau a notamment reçu 27 plaintes au sujet d'un site web basé en Roumanie, Globe24h.com. Le site publiait des jugements rendus au Canada, en permettant qu'ils soient indexés par Google ou d'autres moteurs de recherche. Il exigeait de l'argent aux plaignants s'ils voulaient que l'information soit retirée.
Un père a par exemple déposé une plainte au nom de sa fille, qui était décrite comme une « travailleuse du sexe » dans une cause où elle a témoigné. C'est le premier document qui apparaissait lorsqu'on cherchait son nom en ligne.
Le commissaire affirme avoir réussi à faire retirer la majorité des documents offensants sans frais. Il continue de collaborer avec l'autorité de la protection des données de la Roumanie pour éviter que le problème se répète.
Le commissaire rapporte aussi s'être allié à ses homologues irlandais et australien pour faire enquête sur la multinationale Adobe, après que les renseignements personnels de plus d'un million de Canadiens (près de 38 millions de clients dans le monde) eurent été visés par des pirates informatiques.
L'entreprise a ensuite renforcé ses mesures de sécurité, note le commissaire dans son rapport.
« Qu'il s'agisse de se pencher sur une atteinte à la vie privée de grande ampleur impliquant une société multinationale ou de forcer la fermeture d'un site web aux pratiques de protection des renseignements personnels douteuses ayant des conséquences pour les citoyens du monde entier, il est clair que les autorités de protection de la vie privée ne peuvent pas fonctionner en vase clos. Des mesures coordonnées peuvent offrir des approches plus uniformes et permettre une application de la loi plus efficace », plaide Daniel Therrien.
Plus de plaintes, moins d'attente
Par ailleurs, le commissariat note que même si le nombre de plaintes a augmenté, le délai de traitement n'en a pas souffert. Il a même légèrement diminué de 5,3 mois en 2013 à 4,8 en 2014.
Rappelons que le commissariat à la protection de la vie privée est responsable de l'application de deux lois fédérales : la Loi sur la protection des renseignements personnels, qui s'applique au secteur public fédéral, et la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, qui touche les organisations du secteur privé actives au Canada. Le rapport de mardi, adressé au Parlement, se consacre au deuxième aspect.