Nous avions été les premiers à vous en glisser un mot, l’automne dernier. C’est lundi soir à 21h que TVA met en ondes Virages, la série de grandes entrevues menées par Marie-Claude Barrette, dans laquelle des artistes s’ouvrent à propos d’un événement, d’un tournant qui a modifié leur vie à jamais.
Dans sept rencontres d’une heure, la pilote de Deux filles le matin emmène une personnalité dans des lieux significatifs, des endroits qui symbolisent pour cette personne le virage le plus important de son existence, et discute, tout simplement. Dans l’ordre, Lise Dion, René Simard, Sophie Lorain, Michel Jasmin, Marie-Ève Janvier, Michel Bergeron et Fabienne Larouche jaseront tous avec Marie-Claude Barrette sous vos yeux, entre le 8 juin et le 20 juillet.
On la savait généreuse et à l’écoute, mais on découvre encore davantage la grande intervieweuse qu’est Marie-Claude Barrette dans Virages. Réconfortante sans être complaisante, la dame sait créer pour ses invités un cocon dans lequel ceux-ci ont d’emblée envie de se confier et n’ont pas peur de rire aux éclats ou de pleurer à chaudes larmes. Car leurs révélations, toujours, amènent de grandes émotions. Jamais l’ombre d’un doute ou d’un jugement ne traverse le regard de l’animatrice, qui est entièrement disponible et pleine d’empathie.
Tant la sensibilité de Marie-Claude Barrette que l’authenticité de ses interlocuteurs – car ceux-ci se livrent sans pudeur, ce qui est tout à leur honneur également - font de Virages un produit très intéressant à regarder, qui devrait en inspirer plusieurs. Car, justement, ces virages dont il est question nous ramènent évidemment à notre propre vie, nos propres choix, notre propre route et les avenues qui l’ont fait bifurquer.
Le début d’un succès
Avec Lise Dion (diffusion aujourd’hui), Marie-Claude Barrette aborde le chemin qui a mené au succès. On pensait connaître Lise par cœur, mais c’était avant que l’équipe de Virages n’entraîne l’humoriste dans l’appartement de la rue St-Alexandre où elle s’est installée avec ses deux enfants, en 1993, après avoir quitté le père de ceux-ci. Sitôt le pied posé dans le logis, ce «logement plein de belles histoires», comme elle dit, les souvenirs rejaillissent chez Lise et s’expriment au fil des questions de Marie-Claude: les chèques postdatés qu’elle signait au propriétaire pour payer son loyer parce qu’incertaine de pouvoir payer à tous les mois, ses premiers spectacles dans des conditions difficiles, son audition pour les Lundis des Ha ! Ha !, au Club Soda, devant Louise Richer, le numéro du Dunkin’Donuts à Juste pour rire qui l’a faite connaître et a propulsé sa carrière, son rapport avec l’argent qui a nécessairement changé avec le temps. On l’aimait déjà, mais l’entrevue de Virages nous rend Lise encore plus attachante, plus humaine.
Dans l’épisode consacré à Michel Jasmin, on revit évidemment l’accident de voiture qui a affecté physiquement l’animateur, en 1973, lorsque sa Thunderbird a basculé en bas du viaduc à la jointure des autoroutes 30 et 116, sur la rive-sud de Montréal. Le maître-intervieweur, qui a mené plus de 16 000 entretiens – et à qui Marie-Claude Barrette a d’ailleurs demandé conseil lorsqu’elle a été elle-même appelée à poser des questions dans Simplement vedette, à Canal Vie – revient pour la première fois sur les lieux du drame. Avec une grande lucidité, il raconte comment, dès lors, la douleur est devenue partie prenante de lui.
Il évoque les questionnements qui frappent inévitablement toute personne qui doit composer avec un handicap, relate comment il a défié les pronostics des médecins, expose sa réalité au centre de réadaptation, détaille pourquoi il a refusé pendant 33 ans de se faire amputer une jambe, avant de rendre les armes et de se soumettre à l’opération en 2005, et dévoile pour la première fois que Lucien Bouchard l’avait contacté après l’intervention pour lui annoncer «avec une merveilleuse franchise» ce qui l’attendait à sa sortie de l’hôpital.
Si, aujourd’hui, Michel Jasmin admet qu’il ne lui manque qu’une «couple de petites couleurs sur son Cube Rubik» pour avoir une vie parfaite, il mord quand même dans la vie et se réjouit d’avoir pu se tailler une place à la télévision, lui qui, avant son accident, n’avait fait que de la radio.
Tout part de soi
Parmi les autres échanges de Virages qui s’annoncent intéressants, René Simard parlera à Marie-Claude Barrette de la tempête qu’a traversé sa famille en 2004-2005, au moment de l’arrestation de Guy Cloutier; Fabienne Larouche dépeindra l’élan professionnel que lui a amené sa séparation d’avec Réjean Tremblay, et Sophie Lorain se remémorera son exil à Londres, lorsqu’elle était étudiante, pour se distancier de la notoriété de ses parents et chercher sa propre identité.
«Des fois, il faut sauter dans le vide, et advienne que pourra, avance Marie-Claude Barrette, pour illustrer ce qu’elle a appris pendant le tournage de Virages. Il faut se faire confiance. Chez toutes les personnes qui ont témoigné, se faire confiance, ça ressort tout le temps. Et assumer ses choix. Dans le cas de Michel Jasmin, ce qui est particulier, c’est qu’il ne l’a pas voulu; ce genre de tournant est plus difficile, ceux qui viennent nous happer. Lui, c’aurait pu être plus grave, mais il a commencé à faire de la télévision après son accident de 1973, alors qu’il avait des douleurs incroyables, et c’est la télé qui a fait en sorte qu’il se sentait mieux. On apprend que tout part de soi.»
Virages est une production de la Société Générale de Production (Ça finit bien la semaine) À voir le lundi à 21h à TVA, dès ce soir, 8 juin.
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