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Avec «Sense8», Netflix mise sur les créateurs de «The Matrix» pour se lancer dans la science-fiction

Avec «Sense8», Netflix mise sur les créateurs de «The Matrix» pour se lancer dans la science-fiction
MurrayClose/Netflix

Après les thrillers, l'horreur et les super-héros, Netflix se lance vendredi 5 juin dans l'univers de la science-fiction avec Sense8, sa dernière série originale en date.

Créée et produite par le duo Wachowski (à qui l'on doit la célèbre trilogie Matrix) et J. Michael Straczynski (l'homme derrière les cinq saisons de Babylon 5) cette série qui suit les aventures de huit personnages soudainement reliés par la pensée a en théorie de quoi faire rêver les fans du genre.

Le résultat est-il au rendez-vous? Le HuffPost a pu visionner trois des douze épisodes de la nouvelle fiction disponible sur la plateforme de vidéo à la demande et vous livre ses premières impressions.

ATTENTION SPOILERS

La suite de cet article n'entre pas dans les détails mais aborde quelques éléments généraux de l'intrigue.


Huit personnages, un seul esprit

Will, Nomi, Lito, Riley, Wolfgang, Capheus, Sun et Kala vivent aux quatre coins de la planète et ne se sont jamais rencontrés. Un beau jour, ces huit personnages se retrouvent cependant reliés par la pensée après avoir été victimes au même instant de violents maux de tête et de visions d'une femme se suicidant d'une balle dans la bouche.

Dès lors, chacun va se mettre à savoir, ressentir, entendre ou voir exactement la même chose que l'un des sept autres protagonistes, comme vous pouvez le découvrir dans la bande-annonce ci-dessous.

Un don puissant, censé leur permettre de mettre leur forces et leurs connaissances en commun, mais qui va s'avérer difficile à maîtriser et sur lequel une organisation mal intentionnée va tenter coûte que coûte de mettre la main.

Une promesse trop ambitieuse ?

Sur le papier, comme dans les trailers mis en ligne, tous les ingrédients sont là pour faire de Sense8 un succès. Le show créé par Lana et Andy Wachowski avec J. Michael Straczynski promet du rythme, du suspense, des retournements de situations et un ambitieux tour du monde.

Sur ce dernier point, la promesse est largement tenue car Netflix a mis les petits plats dans les grands. Oubliez les fonds verts avec décor incrusté en post-production: la série a été tournée entre San Francisco et Séoul, en passant par Chicago, Mexico, Reykjavik, Londres, Berlin, Nairobi et Bombay.

Visuellement, l'immersion est complète. Mais ce procédé luxueux visant à ancrer au maximum la série dans le réel se trouve quelque peu gâché par le fait que les acteurs n'utilisent qu'une seule et même langue. Tous parlent anglais, avec un fort accent pour les personnages vivant dans des régions non anglophones, même lorsqu’ils dialoguent avec leur famille ou leurs amis.

Il aurait été bien plus crédible de laisser les héros s'exprimer dans leur langue natale et sous-titrer pour le téléspectateur en attendant qu'ils se rencontrent et adoptent alors la langue de Shakespeare pour communiquer aisément entre membres des "Sense8".

Si cet aspect peut sembler anecdotique, l'absence de rythme, de suspens et de retournements de situation, elle, ne relève pas du détail. Sur les trois épisodes mis à disposition par Netflix, difficile de retrouver l'ambiance haletante exposée dans la bande-annonce. Ces trois premières heures ne servent finalement qu'à planter le décor autour de chacun des protagonistes et laissent peu de place à l'action.

Un film de 12 heures, un vrai

Après les critiques jugeant trop indigeste leur adaptation au cinéma en 2012 du très dense Cloud Atlas, on peut aisément comprendre que Lana et Andy Wachowski aient eu envie d'exploiter le long format offert par les séries télévisées et de prendre tout leur temps dans la présentation des nombreux héros avant de développer l'intrigue principale.

Résultat, le téléspectateur — à qui on avait promis science-fiction et suspense — passe les premiers épisodes baladé sans transition d'un moment dramatique pour l'un des protagonistes à une scène comique dans la vie d'un autre pour ensuite se retrouver confronté au quotidien banal d'un troisième personnage. L'impression de désordre est récurrente et le fil conducteur qu'est le lien mental partagé par tous est parfois longtemps absent.

Heureusement, le panel de personnages présentés retient l'attention grâce à de belles surprises, à l'instar de Nomi qui a délaissé son passé de hackeuse pour devenir blogueuse à San Francisco ou de Capheus qui tente de gagner sa vie en conduisant un bus à l'effigie de Jean-Claude Van Damme dans Nairobi. Sense8 a aussi le mérite d'offrir une diversité rarement vue au sein d'une même série: les héros sont ici des hommes, des femmes; asiatiques, africains, européens, américains; homo, hétéro, trans; croyants, athées.

Sur la base de ces seules histoires individuelles, chaque chapitre trouve sournoisement le moyen d'en dévoiler juste assez pour conserver l'intérêt du téléspectateur tout au long de ce qui serait en fait une introduction qui s'étale sur quatre épisodes, à en croire une interview de J. Michael Straczynski dans Collider.

"Si vous avez le temps, regardez les 12 heures d'affilées, c'est l'idéal. Ceci étant dit, nous nous sommes rendus compte que nous avions une structure en trois actes, donc vous pourriez découper la série en trois fois quatre épisodes, cela s'y prêterait bien. Mais nous avons vraiment écrit ça comme un film de 12 heures".

Si Netflix répète ce même discours à chaque nouvelle série – alors qu'au final House of Cards, Daredevil, Unbelievebable Kimmy Schmidt et compagnie peuvent très bien se regarder à raison d'un épisode par semaine –, espérons que cela soit bien vrai pour Sense8. Sinon la fiction ne sera pas la grande épopée fantastique promise mais seulement un imbroglio de 12 longues heures.

Les 12 épisodes de la première saison de "Sense8" seront disponibles sur Netflix à partir du vendredi 5 juin.

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