Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Négociations dans le secteur public : un pas de plus vers la grève (VIDÉOS)

Négos dans le secteur public : un pas de plus vers la grève (VIDÉOS)

Le Front commun des syndicats du secteur public a fait un pas de plus vers la grève ce matin en demandant au ministre du Travail, Sam Hamad, d'instaurer le processus de médiation. Le gouvernement a réagi sobrement à cette demande.

« On fait face à un blocage important », a déploré la vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Francine Lévesque, vendredi matin.

« On n'a aucune réponse sur les propositions que l'on a soumises », a renchéri le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Daniel Boyer, en soutenant qu'elles ont été soumises dans les délais, soit avant le temps des Fêtes. Les négociations stagnent depuis six mois, selon lui.

La demande de médiation est une étape incontournable si les syndicats veulent obtenir le droit de déclencher une grève à l'automne.

Le Front commun soutient toutefois qu'il souhaite une réelle négociation malgré ce passage obligé. « Nous visons vraiment une médiation en bonne et due forme et [nous souhaitons] trouver un terrain d'entente », a déclaré la présidente du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), Lucie Martineau.

« La grève, ce n'est pas l'objectif en soi. C'est un moyen d'avoir un rapport de force afin de convenir d'une entente, compte tenu des blocages et de la lenteur des négociations », a-t-elle expliqué, en réitérant que le Front commun souhaite une entente négociée.

Même si des processus de médiation étaient enclenchés, les négociations se poursuivraient en parallèle.

Le médiateur ou la médiatrice lancera un processus de 60 jours, une fois la nomination faite. Au terme de cette période, il doit déposer un rapport qui est rendu public, et ce n'est qu'à ce moment que le ou les syndicats concernés peuvent légalement déclencher une grève avec un préavis d'une semaine.

Pas d'ententes depuis six mois

Un des obstacles dans ces négociations porte sur la question des rémunérations. Le gouvernement veut que la question des plaintes sur l'équité salariale soit réglée avant de s'engager sur la question des rémunérations, selon le Front commun. Or, le regroupement syndical affirme que ce volet relève de la Loi sur l'équité salariale au Québec.

« C'est un peu comme un dialogue de sourds. On n'a pas engagé des discussions sur les enjeux. »

— Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN

Mme Lévesque donne aussi l'exemple de la signature du protocole de libération syndicale des membres du comité de négociation des professeurs des cégeps. « On s'entend sur le contenu, mais la partie patronale nous dit encore actuellement qu'elle n'a pas le mandat pour apposer sa signature sur le protocole sur lequel on s'entend », a-t-elle affirmé.

Des sources syndicales disent depuis des semaines que les négociateurs du gouvernement ne semblent pas avoir de mandat clair. Les comités patronaux auraient déposé des demandes plutôt vagues. Des dépôts patronaux ont été déposés la semaine dernière à chacune des tables sectorielles du Front commun.

« Il ne se passe pas grand-chose », résumait une source syndicale en début de semaine. Le négociateur en chef du gouvernement aurait même été interpellé pour que ses représentants déposent des offres plus précises.

Au moins deux syndicats du secteur de la santé ont reçu des offres « sectorielles » jugées inacceptables depuis deux semaines.

« Les négociations sont au ralenti depuis environ six mois pour la bonne et simple raison que l'on n'a pas eu de propositions officielles de la part des parties patronales à chacune des tables sectorielles. »

— Daniel Boyer, président de la FTQ

Le gouffre demeure entre Québec et les syndicats sur la question monétaire. Le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, propose un gel pour les deux prochaines années et 1 % d'augmentation les trois années suivantes. Le Front commun demande une augmentation de 13,5 % sur trois ans.

En matinée jeudi, le président du Conseil du Trésor semblait optimiste quant à l'allure des négociations. Il annonçait alors que le nombre de fonctionnaires avait baissé de 622 personnes au premier trimestre de cette année. Réitérant que le Québec devait vivre selon ses moyens, Martin Coiteux n'envisageait pas de recourir à une loi spéciale pour décréter des conventions collectives d'ici le mois de septembre. « Je n'y pense même pas », avait-il dit.

Les syndicats consultent actuellement leurs membres pour se préparer à un débrayage à l'automne. Aucun syndicat n'a indiqué être contre la grève à ce jour.

Le Front commun regroupe la CSQ, le SFPQ, l'APTS, la CSN et la FTQ.

Réaction sobre du gouvernement Couillard

Sam Hamad et Martin Coiteux ont tous deux réagi sobrement à la demande de médiation des syndicats. Ils reconnaissent qu'il s'agit là d'un pas de plus vers le déclenchement d'une grève générale illimitée, mais soutiennent que cela est normal dans le cadre d'un processus de négociations.

« La loi va donner un médiateur par table de négociations » a précisé le ministre Hamad. « Il y a actuellement 59 tables. Le ministère a reçu cinq demandes, cinq tables. On va en avoir probablement d'autres. Et le ministère va procéder après à nommer des médiateurs par table de négociation. »

« On est vraiment dans un processus simple et normal. Là, il y a une demande de médiation. Après ça, il y a un droit de grève. C'est normal », a-t-il ajouté. « Un médiateur, ça va aider la négociation, c'est tout. »

Interrogé sur la perspective d'une grève cet automne, le ministre Hamad n'a pas voulu jeter de l'huile sur le feu. « La grève, c'est un droit. [...] Ils peuvent exercer ce droit-là, s'est-il borné à dire dans un premier temps. On n'ira pas contre les droits. »

« C'est sûr qu'un syndicat va utiliser ça dans une négociation, de faire valoir le droit de grève des syndicats. [...] Ça fait partie des négociations, ce n'est pas une surprise. »

— Sam Hamad, ministre du Travail

« On n'est pas rendus là. J'en ai vu des négociations dans ma vie », a-t-il ajouté par la suite, en précisant qu'il faut rester « calme » et « avoir l'espoir » pour la suite des choses. « Une journée en négociations, c'est plus long qu'une journée en politique », a-t-il philosophé.

Martin Coiteux n'a pas été plus loquace. S'adressant aux journalistes après son collègue Hamad, il a surtout répété ad nauseam que le Front commun a accepté une proposition du gouvernement pour accélérer les négociations cet été.

« C'est des propositions qui ont été acceptées par le Front commun. On souhaite que ça soit la même chose dans le secteur de la santé. On souhaite que ce soit la même chose dans le secteur de l'éducation », a-t-il dit.

« Il n'y aura pas de vacances pour la négociation cet été. On est actif, et on va travailler tout l'été. »

— Martin Coiteux, président du Conseil du Trésor

Pour le reste, il a lui aussi refusé de s'avancer sur des scénarios hypothétiques. « C'est normal que les syndicats franchissent les étapes, incluant la demande de médiation par les tables sectorielles, pour acquérir ce droit de grève. Vont-ils devoir ou vouloir l'exercer, c'est pas à moi que ça appartient ».

M. Coiteux maintient cependant que la marge de manœuvre du gouvernement est inexistante. « Le cadre financier du gouvernement ne changera pas parce que les gens font une conférence de presse ou disent aujourd'hui qu'ils souhaiteraient davantage. Le gouvernement n'aura pas plus d'argent que le cadre financier qui a été développé, qui a été déposé », a-t-il dit.

Matrin Coiteux affirme lui aussi que le gouvernement négocie de bonne foi, afin de parvenir à une entente négociée.

Avec des informations de Davide Gentile

INOLTRE SU HUFFPOST

Équilibré

Le budget provincial 2015 pour les nuls

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.