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Fusillade à Ottawa : «Je pensais que c'était un show», témoigne la dame au carrosse (VIDÉOS)

Fusillade à Ottawa : la dame au carrosse témoigne (VIDÉOS)

Exclusif - Quand la GRC a rendu publiques les images de Michael Zehaf-Bibeau qui arrivait, armé, sur la colline du Parlement, le 22 octobre dernier, on voit aussi sur les images une femme poussant un carrosse et courant dans toutes les directions.

Un texte d'Yves Malo

Cette femme, c'est Kristel Peters, originaire de la région de Montréal, en vacances cette journée-là à Ottawa avec son conjoint et sa fille de 9 mois, qui a raconté l'histoire de son point de vue, en entrevue avec Radio-Canada et CBC.

Le matin du 22 octobre, son conjoint avait un rendez-vous pour son travail. Elle a donc décidé d'aller marcher avec sa fille aux abords du parlement.

Tout près du Monument commémoratif de guerre du Canada, elle a entendu les coups de feu et a vu le caporal Nathan Cirillo s'écrouler.

« Au début, je pensais que c'était irréel, que c'était un show quelconque, mais quand j'ai réalisé que cela se passait pour vrai. C'est là que je me suis mise à courir vers le parlement. »

— Kristel Peters

On voit Mme Peters s'enfuir en bas et à droite de cette animation tirée d'une vidéo des événements du 22 octobre 2014 diffusée par la GRC :

En proie à la panique, elle s'est dit qu'elle avait deux possibilités : courir droit devant elle ou rebrousser chemin. Elle a choisi de revenir sur ses pas et de se diriger vers le parlement, là où, se disait-elle, elle serait en sécurité.

Erreur, bien sûr, puisque le tireur, Michael Zehaf-Bibeau, se dirigeait aussi vers l'édifice.

Sur le terrain de la colline du Parlement, Mme Peters courait dans tous les sens, cherchant des policiers en vain, dit-elle.

« Je trouvais qu'il y avait une lacune au point de vue de la sécurité, c'est certain. C'était décevant de me rendre là et de voir qu'il n'y avait personne. Et j'ai dû me rendre jusqu'à la bâtisse principale avant de voir une voiture de police. »

— Kristel Peters

Tout près de l'édifice du Centre, elle a vu un véhicule de police et s'y est précipitée.

Une policière était au volant. Mme Peters l'a prévenue qu'un tireur était dans les environs et a demandé si elle pouvait, avec son bébé, trouver refuge dans l'auto-patrouille.

La policière a accepté, mais au moment où Kristel Peters s'apprêtait à prendre place dans le véhicule, la policière a reçu l'appel signalant la présence du tireur sur la colline du Parlement.

La policière est donc partie en trombe, laissant Mme Peters sur le trottoir. « Je lui ai demandé où je devais aller et elle m'a dit d'aller me cacher derrière la bâtisse », raconte Mme Peters.

Pendant la conférence de presse du 3 juin, le commissaire adjoint de la GRC, Gilles Michaud, a parlé de la policière qui était « aux prises » avec une dame qui tentait de se réfugier dans son véhicule.

C'est faux, dit Kristel Peters. Au contraire, elle ne voulait surtout pas être, avec son enfant, dans un véhicule qui allait pourchasser le tireur.

C'est finalement un employé de la construction - il y a des travaux importants à la cité parlementaire - qui s'est occupé de Mme Peters et de sa fille. Il les a emmenées à l'abri derrière le parlement.

Kristel Peters a donc été un témoin direct des événements du 22 octobre dernier à Ottawa. Pourtant, la GRC n'a jamais tenté de la rencontrer et n'a jamais lancé d'appel pour la retrouver.

C'est Mme Peters elle-même qui a contacté la GRC... hier, jeudi le 4 juin, parce qu'elle tenait à donner sa version des faits et à corriger les propos du commissaire adjoint.

Sept mois et demi après les faits, Kristel Peters s'est remise de ses émotions. Elle admet toutefois que si elle avait pu bénéficier d'une aide psychologique dans les jours suivants, elle l'aurait acceptée.

Dans toute cette histoire, Kristel Peters aura été le témoin oublié. Elle a choisi de se faire entendre tout de même.

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