Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Quand le débat politique dérape sur les réseaux sociaux

Quand le débat politique dérape sur les réseaux sociaux
Radio-Canada.ca

Entrer dans l'arène politique sur les réseaux sociaux pour défendre ses idées peut donner lieu à des échanges rudes, parfois choquants. Un jeune militant caquiste l'a appris à ses dépens.

Un texte de Véronica Lê-Huu

Marc-Antoine Bélanger, âgé de 16 ans, jeune membre de la Coalition avenir Québec (CAQ) qui se dit militant très engagé soutient avoir reçu plusieurs insultes après avoir répondu à un billet sur Twitter la semaine dernière.

Dans les jours qui ont suivi une première intervention dans laquelle il affirmait que « Voter CAQ est voter pour le changement et l'innovation », Marc-Antoine Bélanger dit avoir dénombré 300 messages d'insultes.

« Il y en a qui me disaient que j'étais idiot. Il y en a qui me disaient de me suicider parce que j'étais caquiste. Un monsieur m'a dit d'aller en Syrie et de ne pas revenir, j'ai trouvé ça très insultant », affirme-t-il.

Les échanges se sont envenimés le 30 mai dernier après plusieurs messages de part et d'autre entre différents internautes.

Dans le ton des échanges

Contacté par Radio-Canada, un internaute ciblé par le jeune dit pour sa part assumer totalement ses propos. Michel Rousseau affirme que l'adolescent a lui-même lancé les hostilités en livrant un commentaire déplacé au sujet d'une autre internaute.

Michel Rousseau dit avoir riposté sur le même ton.

« J'assume mes écrits. Tant qu'à lui, il peut écrire une imbécilité, je suis capable d'en écrire moi aussi, ça a été ma réponse », dit-il.

L'adolescent admet avoir lui-même écrit des messages au ton provocateur. Marc-Antoine Bélanger estime toutefois que certains messages reçus sont allés trop loin. Le jeune homme n'a pas porté plainte auprès des autorités, mais parle de cyberintimidation au sens large.

De son côté, son père, Mario Bélanger, dénonce les propos tenus par certains internautes qu'il juge inacceptables et au-delà des paramètres de la liberté d'expression.

« Je comprends que la politique, c'est très émotif pour certaines personnes, mais je pense que dans n'importe quel sujet, la peine de mort, le suicide assisté, tous ces sujets émotifs, les gens doivent apprendre à se contrôler », soulève Mario Bélanger.

Perdre la notion du réel

Pour Carl Charest, associé fondateur de l'entreprise letube.tv qui se spécialise dans les stratégies numériques, de tels échanges acerbes sur les réseaux ne sont pas surprenants dans la joute politique. Au cours de la dernière campagne électorale durant laquelle il a analysé 25 000 conversations, Carl Charest dit avoir décelé ce genre de propos à maintes reprises.

« J'ai vu ce type d'échange à peu près tous les jours. Les gens, on dirait qu'ils perdent un peu la notion du bien commun parce que pour défendre leurs points de vue politiques, un peu comme des parents défendent leurs enfants, c'est des chefs de meute qui veulent à tout prix défendre leur projet ou leur meute et en viennent littéralement à oublier ce qu'est le bien commun. »

Selon M. Charest, il ne s'agit pas de cyberintimidation. Toutefois, les militants, tous partis politiques confondus, sont susceptibles de perdre la notion du réel et la compréhension du point de vue de l'autre lors de telles discussions.

« Je pense qu'il n'y a pas de victime là-dedans. Je pense que les propos qui ont été proférés sont malheureux. On ne dit pas ça à une jeune de 16 ans, je suis parfaitement d'accord, mais lorsqu'on fait du militantisme ou du fanatisme politique, il faut s'attendre à avoir des répercussions. Toutefois, il faudrait que l'adulte soit capable de se contrôler », estime-t-il.

Le jeune homme et son père envisagent pour leur part de déposer une mise en demeure contre un des internautes qui a participé à la discussion en ligne.

Utilisation d'Internet: le choc des générations en chiffres

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.