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Le Grand Prix et moi... ou les souvenirs (bons et moins bons) de Philippe Laguë

Le Grand Prix et moi... ou les souvenirs (bons et moins bons) de Philippe Laguë
Red Bull driver Daniel Ricciardo, from Australia, drives through the course during the Canadian Grand Prix Sunday, June 8, 2014, in Montreal. Ricciardo won the race. (AP Photo/David J. Phillip)
ASSOCIATED PRESS
Red Bull driver Daniel Ricciardo, from Australia, drives through the course during the Canadian Grand Prix Sunday, June 8, 2014, in Montreal. Ricciardo won the race. (AP Photo/David J. Phillip)

Le chroniqueur automobile Philippe Laguë présente une série de textes où il fouille dans ses souvenirs du Grand Prix de Montréal.

La F1 aujourd’hui

Voici deux des questions qu’un chroniqueur automobile se fait poser le plus souvent :

  • Pis, vas-tu au Grand Prix c’t’année ? (Ou une variante : « as-tu hâte au Grand Prix ? »)
  • Es-tu capable de m’avoir des billets ?

La réponse à ces deux questions est la même : non. Je n’ai aucun contact pour avoir des billets et quand un manufacturier m’invite, je refuse 9 fois sur 10, ne serait-ce que parce qu’il faut que je me lève de bonne heure, ce qui est contre ma religion. Les qualifs, la course, ça se passe l’après-midi ; pourquoi me lèverais-je à l’heure des poules alors que je verrai tout ça à la télé, bien installé dans mon salon ?

N’oubliez pas une chose : regarder une course de F1 fait partie de mon travail. Or, passer la journée dans le Paddock Club avec les jetsetters n’apporte rien de plus à mon travail. Rien, nothing, nada. Et lorsque je suis dûment accrédité, je regarde les qualifs et la course à la télé de toutes façons, sur les écrans moniteurs de la salle de presse.

« Si c’est ton travail, pourquoi n’es-tu pas accrédité, dans ce cas ? » Parce que les accréditations sont plus que jamais distribuées au compte-gouttes. Avec la venue d’Internet, la demande a explosé et les médias qui envoyaient des équipes de trois ou quatre journalistes doivent restreindre leurs effectifs. Les pigistes écopent souvent et encore une fois, je ne m’en plains pas : ce sont les règles du jeu et elles sont les mêmes pour tout le monde. La Presse n’engage plus de pigistes pour le Grand Prix et mon employeur, Cogeco, envoie deux journalistes réguliers de 98,5 Sports. J’interviens cependant aux « Amateurs de sport » pendant la semaine et le week-end. Voilà, vous savez tout !

Il faut dire que mon rapport avec la Formule 1 a changé au fil des ans. En devenant journaliste, je suis passé de l’autre côté de la clôture. Il reste encore un fond de passion mais une distance s’est installée ; d’abord dans les années 90, surtout lors de la période Villeneuve, où j’ai vu la F1 devenir vraiment big – trop big pour l’indécrottable nostalgique que je suis. Je me revois encore en 1992, sur la grille de départ, en train de photographier Mansell et Alesi assis dans leur voiture quelques minutes avant le départ… Ça, c’est la F1 que j’aimais. Avec passion.

Mais j’ai vraiment décroché au début des années 2000, alors que Ferrari et Schumacher dominaient la F1 en trichant. Parfaitement, en trichant ! Quand ton coéquipier est obligé, par contrat, de te laisser passer, c’est déjà limite ; mais quand il le fait de façon aussi flagrante que l’a fait Rubens Barrichello, au dernier virage du dernier tour du GP d’Autriche, en 2002, là, il y a un problème. Un très gros problème. Je ne suis visiblement pas le seul à le penser, d’ailleurs, puisque la Scuderia Ferrari a été pénalisée par la FIA pour ce simulacre de course. Ce jour-là, quelque chose s’est brisé et je n’ai plus jamais porté un des chandails Ferrari qui comptaient pour la moitié de ma garde-robe personnelle… Même ceux que j’avais acheté lors de mon « pèlerinage » à Maranello, en 1998 !

Et puis, entre vous et moi… J’ai regardé le dernier Grand Prix (Monaco) bien confortablement, chez moi, à la campagne. Si vous me donnez le choix entre ça et passer le week-end à m’agenouiller devant des relationnistes pour obtenir une audience avec un pilote qui va faire le perroquet en me récitant les phrases toutes faites qu’on lui a fait apprendre, je n’hésite pas une seconde !

C’est meilleur dans les gradins

Par contre, je retournerais au Grand Prix en spectateur. Ou mieux encore, en touriste dans ma propre ville, comme j’avais pu le faire en 2000, alors qu’un constructeur automobile avait décidé d’organiser un gros événement autour du Grand Prix. Non seulement étions-nous invités à passer le week-end au circuit mais la chambre d’hôtel à Montréal était incluse ! (Je n’ose pas imaginer combien cela avait coûté à Volkswagen pour la fin de semaine…)

C’était la première fois que je prenais place dans les gradins du circuit Gilles-Villeneuve depuis 1981. J’avais adoré l’expérience : le bruit, l’ambiance, les gens assis autour, je n’avais pas connu ça depuis la fin de mon adolescence… Nous étions à l’épingle et j’avais trouvé l’expérience, ma foi, exotique, habitué que j’étais à passer le week-end dans la salle de presse. J’ai trouvé tout aussi exotique de jouer au touriste : demeurant sur la Rive-Sud et ayant grandi à Montréal, je n’avais jamais, sauf erreur, passé une nuit dans un hôtel du centre-ville. J’ai même habité au centre-ville, rue MacKay ; mais pas à l’hôtel… Encore une fois, j’ai adoré l’expérience : croyez-moi, c’est VRAIMENT le party la fin de semaine du Grand Prix !

Ça, je le referais n’importe quand.

Ceci conclut le volet « Souvenirs de l’oncle Phil au Grand Prix du Canada ». Et la conclusion, c’est que c’est bien plus agréable d’être spectateur que d’y travailler. Si vous êtes là ce week-end, profitez-en ; d’autant que, si le passé est garant de l’avenir, les conditions météorologiques des prochains jours promettent une course excitante. Dois-je vous rappeler que j’ai vécu mes meilleurs moments au circuit Gilles-Villeneuve lorsque le temps était gris, frais et pluvieux ? C’est la grâce que je vous souhaite.

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