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Des emojis pour lutter contre la violence domestique, une fausse bonne idée? (VIDÉO)

Des emojis pour lutter contre la violence domestique, une fausse bonne idée? (VIDÉO)

Les emojis sont incontournables. Présents dans la grande majorité des messages échangés, ces émoticônes transmettent des émotions, des idées, décorent simplement un bloc de texte, et promeuvent même la diversité depuis peu. Mais sont-ils en mesure de défendre un nouvelle cause?

L'organisation non-lucrative suédoise BRIS a mis au point des "emojis maltraités" téléchargeables via une application gratuite et disponible sur iPhone et iPad depuis quelques jours. Destiné en priorité aux enfants et aux jeunes, cet outil pourrait permettre de dénoncer des situations de violence domestique difficiles à exprimer à voix haute. Et si BRIS propose déjà ses services de protection de l'enfance grâce à une ligne directe, l'organisation a décidé de s'attaquer au problème directement dans les téléphones portables. Une idée ingénieuse alors que les cellulaires sont présents de plus en plus tôt dans le sac des bambins.

"Cette campagne vise à encourager les enfants à ne pas garder leurs problèmes pour eux, mais d'en parler aux autres", explique Silvia Ernhagen, directrice de la communication de BRIS, à l'édition américaine du Huffington Post. "Nous pensons qu'il n'y a pas de mauvaise façon de communiquer, et nous souhaitons que les enfants s'expriment plus. Grâce aux 'emojis maltraités', nous voulons leur offrir un plus grand choix d'émotions et de sentiments pour décrire ce qu'ils ressentent", raconte-t-elle.

L'application propose ainsi des images de personnes avec un œil au beurre noir, d'enfants se faisant gifler, de parents alcooliques ou de tentatives de suicide. Mais que les choses soient claires, les "emojis maltraités" sont destinés à toutes les générations qui font face à ce genre de problèmes. D'autant plus que le nombre de personnes dépendantes des messages et des réseaux sociaux pour s'exprimer est en hausse ces dernières années. Pour le côté pratique, les emojis peuvent être reçus et vus sur n'importe quel portable et ce, même si l'application n'y est pas installée.

Une application qui soulève des questions

Pour Brian Pinero, directeur de la programmation de la National Domestic Violence Hotline (une ligne directe réservée aux appels d'urgence concernant la violence domestique), l'utilisation de cette application soulève des questions. "Comment peut-on faire un rapport aux services de protection de l'enfance basé sur ça? ", questionne-t-il lors d'une interview au Huffington Post. "Est-ce qu'on peut se fier à [ces emojis] pour savoir s'il s'est passé quelque chose?". Une preuve non suffisante, selon lui.

L'autre problème de l'application réside en partie dans son nom. Si un enfant télécharge les "emojis maltraités", cela pourrait alerter ses parents et les amener à lui poser des questions. Ce à quoi Silvia Ernhagen répond que "même avec un autre nom, les parents comprendront sans doute de quoi il en ressort".

Brian Pinero estime toutefois que l'application pourrait permettre aux enfants de dénoncer eux-mêmes la violence domestique dont ils pourraient être victimes. "Si quelque chose va mal, un emoji pourrait éclairer la situation, voire initier une conversation avec l'enfant. Et ça, c'est déjà beaucoup".

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