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Gentilly-2: De l'équipement neuf de 79M$ envoyé à la ferraille (VIDÉO)

Gentilly-2: De l'équipement neuf de 79M$ envoyé à la ferraille

QUÉBEC - La fermeture de Gentilly-2 par le gouvernement Marois a forcé Hydro-Québec à se débarrasser de pièces neuves de la turbine à vapeur, d'une valeur de 79 millions$. La société d'État en a obtenu un maigre 75 000$ au terme d'un processus d'appel d'offres déficient.

C'est une des conclusions du rapport de la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, déposé mercredi matin à l'Assemblée nationale.

Ces équipements destinés à la centrale nucléaire située en Mauricie avaient été commandés dans le cadre d'une réfection d'une valeur de 1,9 milliard$ décrétée par Hydro-Québec en 2008. Avec la fermeture de la centrale en 2012 par le gouvernement Marois, le projet de réfection a été abandonné.

Les équipements de la turbine avaient été conçus sur mesure pour la centrale et pouvaient difficilement être revendus. Hydro-Québec a donc trouvé un acheteur pour en recycler les matériaux.

La vérificatrice générale déplore que des «décisions importantes n'ont pas été documentées» au cours de la vente des équipements. Hydro-Québec a également eu recours à des «pratiques inadéquates» afin d'éviter les «risques de soumissions concertées». La société d'État n'a pas procédé à un appel d'offres ouvert, se contentant de contacter directement des acquéreurs potentiels.

«Ils ne sont pas allés en appel d'offres public, a souligné Guylaine Leclerc en conférence de presse. Le temps pressait pour différents éléments (...) et ils se sont tournés vers des fournisseurs ou des intervenants avec qui ils faisaient affaire habituellement, soit des recycleurs de métaux. Ils ont proposé sur invitation à des recycleurs de métaux, à des organismes de démolition, de faire des propositions.»

«Nous n'avons pas évidence qu'ils ont fait tous les efforts pour valoriser l'équipement et le vendre sur un marché qui aurait été plus approprié», a-t-elle ajouté.

En outre, Hydro-Québec a sous-évalué le poids des équipements et n'a pas tenu compte de la valeur des matériaux mis en vente. «Selon notre estimation, Hydro-Québec a minimalement sous-estimé la valeur des lots d'environ 44 000$», écrit la vérificatrice générale.

Cet écart aurait été suffisant pour influer sur la décision d'aller en appel d'offres ou non, ajoute-t-elle dans son rapport.

Le ministre se dit satisfait

De son côté, Hydro-Québec affirme avoir dû se départir de l'équipement après avoir échoué à trouver un acquéreur. «Hydro-Québec accueille globalement les grandes lignes du rapport, mais tient à souligner qu'il est essentiel de tenir compte du contexte dans lequel la transaction a été réalisée, explique la société d'État. En effet, ce n'est qu'après avoir déployé sans succès d'importants efforts pour se départir des équipements que l'entreprise a dû, en dernier recours, vendre les équipements au prix du métal.»

Le ministre responsable d'Hydro-Québec, Pierre Arcand, a souligné qu'il était pratiquement impossible de revendre ces pièces de la turbine. «Ces équipements-là, qui sont faits sur mesure, n'avaient pas de valeur sur le marché, ou très peu de valeur sur le marché», a-t-il mentionné.

«Je dois dire que les explications [NDLR: d'Hydro-Québec], en ce qui me concernent, me satisfont», a-t-il ajouté.

Le critique du PQ en matière d’énergie et de ressources naturelles, Bernard Drainville, a établi un lien entre cette nouvelle et les taux d'intérêt d'Hydro-Québec de 14,4% qu'il a dénoncé en chambre un peu plus tôt mercredi. « Manifestement, Hydro-Québec a des devoirs à faire; d’une main, elle liquide les actifs des Québécois et, de l’autre, elle leur impose un taux d’intérêt scandaleux», a-t-il commenté par voie de communiqué.

Pour le chef de la CAQ, la gestion d'Hydro-Québec doit être révisée. «Les problèmes, les erreurs de gestion s'accumulent chez Hydro-Québec», a-t-il lancé, citant les trop-perçus, les contrats d'éoliennes et les bonis.

De son côté, le député de Québec solidaire, Amir Khadir, estime que ce «petit scandale» en cache un plus grand, soit la réfection de Gentilly-2 par le gouvernement Charest alors que la province comptait déjà des surplus hydroélectriques. «Mais ils ont procédé à donner des contrats à des firmes qui, aujourd'hui, sont devant la commission Charbonneau, dit-il. Parce que c'est ça, le gros scandale.»

Avec La Presse Canadienne

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