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«Ma belle-mère chérie» : Varda Étienne s'éclate dans la «chick lit»

«Ma belle-mère chérie» : Varda Étienne s'éclate dans la «chick lit»
Courtoisie Éditions La Semaine

On connaît Varda Étienne, l’animatrice extravertie qui n’a pas la langue dans sa poche. On connaît moins Varda Étienne la maman, celle qui a les deux pieds bien ancrés dans le sol de la banlieue sud de Montréal, «entre le Costco et le Pharmaprix», comme elle l’illustre avec autodérision, et qui ne rate jamais les parties de soccer de son préadolescent.

Pour prendre la pleine mesure de l’instinct maternel de l’ancienne tête d’affiche de MusiquePlus, parlez-lui des fois où une certaine Laurence a brisé le cœur de son fils aîné de 22 ans, Alexis. Vous verrez alors poindre en elle la tigresse au regard durci, la louve qui protège sauvagement sa petite meute.

«Tant et aussi longtemps que mes enfants sont bien traités, il n’y a pas de problème, martèle Varda. Mais quand ça ne va pas, je deviens une lionne féroce. Alexis a eu des peines d’amour avec sa copine, et il y a des moments où je me disais : «C’est grave». Mon fils avait tellement de peine! J’ai passé des années sans lui parler, à la petite. Je ne voulais plus la voir chez moi, jusqu’à ce que mon fils me dise que ça le rendait malheureux, que ça lui faisait de la peine que je n’accepte pas Laurence. Je me suis donc dit que j’aimais assez mon enfant pour accepter ses choix. Et, depuis, j’ai fait la paix avec Laurence, elle vient à la maison, je lui parle, je lui fais à manger. Elle est charmante, et ça se passe bien.»

Pour la petite histoire, Alexis et Laurence forment toujours un couple aujourd’hui, après huit ans de hauts et de bas. Or, sachant qu’un auteur part souvent de sa propre vie pour créer ses univers, on ne s’étonne pas que Varda aie choisi de mettre en lumière des belles-mamans, ou plutôt, trois brus flanquées de belles-mamans complètement différentes l’une de l’autre, dans Ma belle-mère chérie, son troisième bouquin, après Maudite folle (2009), témoignage de sa bipolarité, et Femmes de gangsters (2011), son premier roman.

Pourtant consommatrice de biographies et d’ouvrages portant sur la Seconde Guerre mondiale et les dictateurs, jurant ne jamais lire de romans et n’avoir jamais regardé Sex and the city, Varda Étienne nous offre ici un échantillon de chick lit de 260 pages complètement assumée, aux personnages typés et attachants, qui se lira d’un trait sur la chaise longue cet été, accompagnée d’un verre de rosé.

«J’écris des trucs qui s’inspirent de ma vie, souligne Varda. Ma belle-mère chérie, c’est à 70% mon histoire. Je me suis mariée deux fois. Il y a ma première belle-mère, puis celle qui est ma belle-mère présentement, ainsi que ma mère, qui est une belle-mère, et moi, qui en suis une aussi.»

«Ce n’est pas vrai que toutes les belles-mères sont des monster-in-law. Certaines sont extraordinaires, géniales et s’entendent bien avec leurs belles-filles. Je voulais que Ma belle-mère chérie soit une comédie, drôle, mais que ça soit aussi touchant. Que tu sois une belle-mère ou une belle-fille, je pense que tu peux te reconnaître, dans le roman», estime Varda.

Tournant de vie

Varda assure que chaque personnage de Ma belle-mère chérie existe vraiment. On la reconnaît d’ailleurs elle-même rapidement, dès les premières pages, dans Gaëlle, une femme de carrière un brin égocentrique, qui déplace de l’air, et qui ne veut rien savoir de la maternité, mais capable de se saigner à blanc pour aider ceux qu’elle aime.

Gaëlle est au centre d’un trio complété par Sophie, une mère au foyer de quatre rejetons qui penche vers la religion, étouffée par les convenances imposées par une belle-famille riche et mondaine, un mari au complexe d’oedipe non réglé qui la considère comme une bonne à tout faire et une belle-mère harcelante et castrante, et Nathalie, une femme à la beauté splendide, mais renfermée sur elle-même, que son ex-mari violent a abandonnée en lui laissant leurs jumeaux sur les bras.

Toutes trois à l’aube de la quarantaine, les amies de très longue date sont à un tournant de leur vie. On suivra leurs tribulations familiales respectives à travers leurs relations avec leur belle-mère. Celle de Gaëlle voudrait à tout prix la voir procréer, celle de Sophie est une véritable peste et celle de Nathalie est un ange, une perle, avec qui Nathalie entretient un rapport privilégié. À tous les vendredis, Gaëlle, Sophie et Nathalie se rejoignent au restaurant Asada – dont le nom combine les trois premières syllabes des prénoms de la progéniture de Varda, Alexis 22 ans, Sacha, 12 ans et Dahlia, 9 ans -, qu’on imagine campé dans un quartier comme le Dix30, pour faire le point. Nos trois héroïnes évoluent beaucoup entre la première et la dernière phrase de Ma belle-mère chérie et trouvent toutes la paix, chacune à sa façon.

«Gaëlle, dans sa façon de s’exprimer, c’est moi, note Varda. Par contre, on ne partage pas les mêmes valeurs quant à la maternité. Contrairement à Gaëlle, moi, j’ai trippé à être enceinte, j’ai vraiment aimé ça, je me trouvais belle, j’aurais pu en avoir 12…»

«Comme bipolaire, il y a des moments où ma vie n’est pas jojo, continue Varda avec sérieux. C’est triste, je m’en veux, je suis dépressive à l’os. Et, ce qui me tient, ce sont mes enfants. La plupart du temps, quand j’ai eu des idées suicidaires, ce qui m’a tenue, ce sont eux, et surtout ma fille. Pas parce que je n’ai pas le même amour pour mes garçons. Mais Alexis est un adulte et, si le pire arrivait, il pourrait passer à travers. Sacha a une figure paternelle extraordinaire ; mon ex-mari est un papa sans failles. Mais ma fille, c’est important qu’elle ait mes conseils, mon amour, mon support, que je sois là pour sa première peine d’amour, ses menstruations, son mariage, son premier bébé. Si je pars… Je serais beaucoup trop jalouse pour partager mes enfants avec une autre femme qui les élèverait à ma place (rires).»

Épanouie comme auteure

Après trois livres publiés en six ans, Varda Étienne se considère-t-elle désormais comme une auteure à temps plein? À certains moments, oui.

«J’ai beaucoup plus de plaisir à écrire qu’à faire de la télé, déclare-t-elle. La télé est un milieu d’image, très compétitif. Personnellement, je ne suis pas une girl next door dans mon look, ma personnalité, mon ouverture d’esprit. Je n’ai jamais accepté de me faire dénaturer. Je me complais beaucoup dans la personne que je suis et, plus j’avance en âge – j’ai 42 ans -, plus je développe de l’amour-propre, ce que je n’ai pas eu pendant longtemps.»

«Parce que j’ai une condition mentale, il y a des moments dans ma vie où je suis moins productive, où j’ai moins envie d’être à la télé. Je n’ai pas constamment besoin d’avoir un kodak branché sur moi. Je pense que, si tu as la fibre artistique, tu peux toucher à différentes sphères de ce milieu. L’écriture me procure un plaisir fou, parce que je me considère comme une fille qui a beaucoup d’imagination, drôle et pince-sans-rire.»

«L’écriture me donne aussi une crédibilité, poursuit Varda. J’ai souvent passé pour une fille un peu écervelée, très axée sur son image sexuelle. Pourtant, j’ai été à l’université, j’ai un bac en communications, et je pense que je m’exprime bien et que j’ai une belle plume, dans mon style.»

Varda a-t-elle déjà déchanté à force de fréquenter les plateaux de télévision? Pas exactement, mais elle s’affirme déçue de ce qui défile présentement sur nos ondes.

«Je trouve qu’il y a beaucoup trop de téléréalités, déplore-t-elle. Ça m’emmerde profondément. Je trouve que c’est vide, que ça manque de contenu, c’est de l’intrusion de vie privée. Moi, une émission comme Les Kardashian, ça me pue au nez. Je trouve ça insipide. J’écoute un peu de télé québécoise. Je ris ma vie en regardant Un souper presque parfait et Ces gars-là ; j’adore l’humour de Sugar Sammy…»

Varda Étienne a déjà commencé à cogiter son prochain roman, qui s’attardera aux familles reconstituées, une autre réalité proche de la sienne. Elle pourrait aussi accoucher d’une suite à Ma belle-mère chérie et à Femmes de gangsters, sa précédente œuvre, mais rien n’est officiel en ce sens. Elle a aussi en tête une idée de documentaire sur les enfants dont les parents souffrent d’une maladie mentale, qu’elle réaliserait avec son amie Maria Guzzo, la femme de Vincent Guzzo, qui vient de lancer un livre sur le sujet. Varda est également chroniqueuse à Sucré Salé, à TVA, depuis 13 ans.

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